Bonjour à tous, ce matin je partage un article vu sur le Figaro et écrit par Isabelle de Foucaud sur le thème du recrutement, et qui tempère les prises d’initiatives des candidats visant à se démarquer du lot, encensées par certains recruteurs. Bonne lecture!
Certains candidats rivalisent d’imagination pour attirer l’attention des recruteurs. Pour les spécialistes, les réseaux sociaux leur offrent un outil sans doute plus prometteur que la fantaisie.
[…] Tandis que 9,1% de la population active est au chômage en France métropolitaine, selon les derniers chiffres de l’Insee, la tentation est grande pour les candidats de chercher à se démarquer à tout prix afin de décrocher un emploi. CV en couleurs, mode d’envoi de la candidature inattendu, ou tenue décalée en entretien…
«L’originalité peut s’exercer a priori à tous les niveaux d’approche avec le recruteur, de l’envoi du CV à l’entretien, mais elle doit être adaptée à la situation», estime Cyril Capel, dirigeant et co-fondateur de CCLD Recrutement, un cabinet spécialisé dans les fonctions commerciales et la distribution.
Selon lui, «chaque secteur d’activité a des codes à respecter». Certains se prêtent parfaitement à l’originalité, en particulier la communication, le marketing ou la publicité.
«Ce sont des métiers pour lesquels les recruteurs recherchent des profils créatifs. Les CV vidéos, sous forme de page Facebook ou Google, ont toutes les chances de retenir l’attention.»
Cyril Capel se souvient notamment d’un CV destiné à une société agricole, qui avait été envoyé dans un pot de yaourt. D’autres secteurs, en revanche, se passent très bien de fantaisie. Inutile d’espérer émouvoir un recruteur avec un CV non conventionnel ou des titres accrocheurs si vous cherchez un emploi dans la comptabilité, la banque ou la finance.
Le risque de la « faute de goût »
«Au-delà du secteur d’activité, un chercheur d’emploi doit prendre en compte, lorsqu’il la connaît, l’entreprise à laquelle est destinée sa candidature», ajoute le dirigeant de CCLD Recrutement.
Une société familiale, par exemple, n’a pas les mêmes «valeurs profondes» qu’un grand groupe côté en Bourse, ajoute l’expert. «Mais attention aux fautes de goût ! » Ainsi, la reprise des codes identitaires d’une entreprise (couleurs, logo, etc.) ou l’utilisation de la parodie dans un CV peuvent avoir des effets dévastateurs «si le recruteur estime que ces usages lui portent préjudice». L’audace à des limites évidentes, la première étant le respect du recruteur.
Autre règle incontournable : une candidature, surtout si elle se veut atypique, ne doit pas tromper sur la personnalité du chercheur d’emploi.
«En retenant un CV décalé ou insolite, un recruteur s’attend, en général, à recevoir en entretien un candidat extraverti et volubile. Si cette attente est déçue, l’originalité de la candidature peut perdre tout son effet», explique Cyril Capel.
Pour Jacques Froissant, directeur du cabinet de recrutement Altaïde, «un CV original fonctionne s’il démontre les compétences d’un candidat».
Dans le secteur de l’Internet, par exemple, une candidature multimédia, avec son et image, peut sortir du lot. «Si le candidat ne maîtrise pas son sujet, mieux vaut qu’il s’abstienne de toute fantaisie», avertit le spécialiste.
Réseaux sociaux et « marketing personnel »
D’une manière générale, Jacques Froissant estime qu‘il est très difficile de trouver une idée réellement originale, car celles-ci sont «vite épuisées». Cela a notamment été le cas pour le CV en format flash. Faute d’idées vraiment innovantes pour se démarquer, mieux vaut privilégier un «retour aux basiques». Un sentiment que partagent les recruteurs en Norvège.
Selon une étude menée par BI Norwegian Business School, «les candidats devraient garder à l’esprit le fait qu’il n’est pas dans leur intérêt d’essayer d’attirer l’attention des recruteurs avec des CV non conventionnels».
Cette étude estime que le même candidat a deux fois moins de chances d’être reçu en entretien en envoyant un CV fantaisiste plutôt qu’un CV classique !
L’originalité est-elle dépassée ? Pour les experts du recrutement, la tendance est au «marketing personnel». Soit l’art de se démarquer en postant son CV sur les réseaux sociaux. Avec les bons mots-clés, un candidat multiplie les chances qu’il soit consulté.
Ces sites servent à se créer des contacts professionnels et sont devenus un vrai terrain de chasse pour les recruteurs.
«Certains candidats n’hésitent pas à nous envoyer un lien vers leurs profils Facebook, Twitter, Linkedin ou Viadeo», confirme le directeur d’Altaïde.
Encore balbutiante, cette méthode de recrutement pourrait à terme éclipser toutes les autres. Selon une étude publiée en février par Office Team, une société canadienne de ressources humaines, 43% des DRH s’attendent à ce que les profils des candidats sur les réseaux sociaux remplacent un jour le CV traditionnel.