La vague du 2.0 crée définitivement plein d’emplois. Un emploi tout à fait original s’est même récemment créé : nettoyeur ! Je ne parle pas du « Victor nettoyeur » de Nikita ou de Léon, du même Luc Besson, mais du job consistant à effacer le « bruit » sur le web qui pourrait nuire à l’e-réputation d’un individu ou d’une entreprise.
Dans le cadre d’une table ronde du groupe Global Talent de RH&M portant sur la marque employeur, la question de « canaliser » la façon dont les employés parlent de leur entreprise sur les réseaux sociaux a inévitablement été posée.
S’il existe bien des community managers dans certaines entreprises chargés de construire et faire connaître la « marque employeur », au travers notamment du bon usage des réseaux sociaux, l’entreprise ne peut plus empêcher chaque collaborateur de communiquer sur celle-ci, en bien ou en mal…
Le récent cas Alten à évidemment montré que critiquer son entreprise et ses managers sur le web pouvait ne pas être sans conséquence.
À l’inverse, le blog de Sephora met les collaborateurs à contribution pour attirer les talents dans l’entreprise.
Dans tous les cas, que l’on bloque l’accès à facebook sur les postes de travail ou que l’on crée une charte sur le bon usage des réseaux sociaux, on ne peut plus empêcher les collaborateurs de devenir les community managers de leur propre réseau, de façon plus ou moins heureuse…
Quel est finalement le problème ? Il y a 30 ans, chacun pouvait déjà déblatérer à souhait sur son manager, l’inutilité de son activité ou la mauvaise ambiance régnant dans les couloirs de l’entreprise. Personne ne se demandait à l’époque comment empêcher cela. Le problème vient aujourd’hui du fait que la technologie, au travers notamment des réseaux sociaux, a offert une magnifique caisse de résonance aux propos de chacun.
C’est un peu comme si on pouvait organiser un dîner avec 500 personnes, faire part de son mécontentement devant tout le monde concernant son entreprise, et que ces propos soient gravés à tout jamais. Evidemment, la moindre anecdote peut tout d’un coup prendre une toute autre dimension…
L’enjeu pour chaque entreprise n’est pas comme certaines tentent de le faire de « bloquer », « modérer » ou « accompagner » chaque communication venant des collaborateurs, puisque c’est tout simplement impossible. Il s’agit au contraire de tirer parti du fait que chacun puisse communiquer sur son entreprise pour véhiculer la meilleure image possible de l’entreprise et donner envie à tous les candidats potentiels de la rejoindre ! Encore faut-il déjà donner envie aux collaborateurs de communiquer positivement en mettant en place une politique RH et des conditions de travail dignes de ce nom.
La force de ce type de communication est que, du fait qu’elle vienne du vécu des collaborateurs eux-mêmes, elle sera probablement plus fidèle à la réalité qu’une campagne de communication menée par le service marketing.
Bien sûr, cela n’empêche pas l’entreprise de responsabiliser chaque community manager en herbe en expliquant que les propos tenus sur le web sont de la responsabilité de l’individu et peuvent ne pas être sans conséquence…. Mais l’alternative précédente, bien que beaucoup plus difficile à réaliser, me semble plus intéressante à long terme.
Et que les entreprises se rassurent, quand il n’y a plus aucune option envisageable et que les collaborateurs se lâchent sans retenue sur le web, elles pourront alors en dernier recours faire appel à un effaceur ! Celui-ci pourra tour à tour :
- Ajouter tellement d’infos au flux d’infos du réseau social concerné que celle du « perturbateur » se verra vite relayée en bas de l’écran au bout de quelques secondes
- Ajouter des commentaires à l’info perturbatrice nuisant à la crédibilité de cette info
- Retirer l’info du réseau quand cela est possible
- Déplacer l’info dans une catégorie « placard »
- Etc.
Cela peut concerner un simple litige avec un opérateur téléphonique – voir le cas de Bouygues Telecom – ou des cas bien plus sérieux dont je ne préfère pas parler, de peur que l’on efface mon post :).
Je ne pense pas que l’on puisse demander à devenir « effaceur » à l’ANPE mais malheureusement ce job existe bel et bien !
Malheureusement car bien évidemment le concept « d’effacement » de l’info est tout à fait contraire à l’essence même du web permettant à chaque utilisateur de devenir librement contributeur.
L’un des problèmes souvent relevés par les journalistes est que ce n’est pas parce que l’on a le moyen technologique permettant de s’exprimer sur un sujet que cela devient pertinent pour autant. Les blogueurs sont d’ailleurs souvent ciblés par les journalistes en question.
De la à faire appel à un effaceur…