J’ai récemment pris part à un hangout organisé par Bjoern Negelmann. Le thème abordé était celui des valeurs associées à l’entreprise 2.0. Rawn Shah a lancé le sujet avant que tout le monde ne donne son point de vue sur le sujet. Le courage est clairement apparu comme étant une valeur clé nécessaire à la mise en œuvre d’initiatives 2.0 en entreprise, du fait qu’elles s’opposent la plupart du temps à l’organisation et la culture en place.
En particulier, les initiatives de ce type se heurtent à la notion de pouvoir. En mettant fin au célèbre command & control et en valorisant la mise en réseau et le partage, les démarches collaboratives font bouger les lignes, et déstabilisent de fait un grand nombre de personnes. Parmi elles, les managers, qui se sont habitués à une assise autoritaire confortable, remise en cause par la nécessité de donner du sens à l’action collective afin de motiver les collaborateurs.
Cela revient à inverser la pyramide, en donnant toujours plus de responsabilités et d’autonomie aux collaborateurs, et en demandant aux managers d’être à leur service afin de les aider à réussir leurs différentes missions. De la découle selon moi une autre valeur fondamentale de l’entreprise 2.0 : l’humilité. Les managers et dirigeants ne sont plus ceux qui ont réponse à tout, ce sont ceux qui connaissent les personnes qui peuvent apporter les réponses les plus pertinentes ! Cela renvoie directement à la notion de manager coordinateur évoquée dans un précédent post.
Combien de managers influent sur le cours d’une situation ou d’un événement uniquement pour masquer une lacune, une faiblesse ou une méconnaissance d’un sujet ? Tout comme l’enseignant ne doit pas être celui qui sait tout mais celui qui apprend à raisonner et trouver les réponses par soi-même, le dirigeant est celui qui guide, qui fait aller dans un certain sens. Le 2.0 renvoie ainsi à l’étymologie même du mot dirigeant.
L’entreprise 2.0 est associée à une autre valeur : l’altruisme. Elle favorise la collaboration, le partage, la circulation de l’information, la conversation. Très souvent, quand je parle avec des personnes qui doutent fortement de l’incarnation de ces notions en entreprise, elles me posent la question suivante : pourquoi quelqu’un partagerait-il ce qu’il sait avec un autre ? Qu’a-t-il à y gagner ?
Bien sur, ce type de questionnement trouve son origine dans des décennies durant lesquelles le pouvoir appartenait à celui qui détenait une information, une connaissance, une expertise que les autres n’avaient pas. J’aime beaucoup répondre la chose suivante aux personnes sceptiques : pourquoi quelqu’un ne partagerait-il pas ce qu’il sait s’il a l’opportunité de le faire ? L’information est à présent disponible sur le Web et accessible depuis n’importe quel smartphone. L’enjeu n’est donc plus de détenir une information, mais bien de la mettre à disposition de la bonne personne au bon endroit au bon moment. Et cette capacité confère à celui qui la détient non pas du pouvoir, mais de l’influence.
Le pouvoir s’apparente ainsi aujourd’hui à cette capacité à rayonner et à influencer. Mais un point clé est que cela ne doit pas se faire dans une dynamique narcissique et égoïste, mais bien dans une dynamique altruiste ! Twitter est la parfaite illustration de ce qu’il convient de faire ou pas.
Certains twittos cherchent à accumuler les followers comme on collectionnerait des trophées. Cela peut parfois passer par le fait de retweeter à tout va, avec les bons hashtags, mais sans aucune pertinence, simplement pour être visible. Une bonne utilisation de Twitter consiste à publier un tweet quand on a quelque chose d’intéressant à partager avec sa communauté de followers. Par respect pour eux, il vaut mieux éviter la dispersion et tenter d’apporter une valeur ajoutée dans les domaines qui nous intéressent et sur lesquels ont peut contribuer. L’envie de partager et d’apporter son tribu à la communauté doit prévaloir sur toute forme de bruit.
Lorsqu’elles ne sont pas trop entachées de velléités ou d’ambitions personnelles, les interactions sociales labellisées 2.0 s’appuient donc sur des valeurs fortes et profondément humanistes. Il ne reste plus qu’à tenter, ensemble, de les incarner au quotidien ;).
J’approuve totalement. J’ai publié début 2012 en ce sens l’ouvrage « Être un Manager responsable » aux Editions BREAL qui évoque ce sujet. Être au service de ces collaborateurs. Changement complet de paradigme, intelligence collective, co responsabilité …l’enjeu est la pérennité de nos entreprises et de nos emplois dans les prochaines années. Nos dirigeants en sont ils conscients? Alain MANOUKIAN