Top chef c’est reparti ! Et avec cette émission son lot de leçons, que ce soit en observant les candidats évoluer ou en écoutant les recommandations des chefs. En l’occurrence, la dernière émission (malgré un montage extrêmement critiqué sur la toile) a présenté deux séquences très intéressantes traitant de la notion de leadership.
Le véritable leadership de Pierre Gagnaire
Lors d’une séquence, les candidats devaient mettre en valeur les produits d’Asafumi Yamashita (qui fera l’objet d’un prochain post) sous ses yeux et ceux de Pierre Gagnaire. Quelques secondes suffisent pour voir en images ce que signifie la notion de leadership, tant ce grand chef l’incarne parfaitement !
Lorsqu’il vient assister à la préparation des différents plats par les candidats, on voit tout le respect que ces derniers lui portent. L’un des candidats dira même qu’écouter les recommandations de Pierre Gagnaire a constitué l’un des plus beaux moments de sa vie. Un autre dira qu’il est à la cuisine ce que Baudelaire est à la littérature. Un troisième, après que Pierre Gagnaire ait apporté une touche personnelle à son plat, n’osera plus y toucher, considérant qu’on ne repasse pas sur un plat après le maître.
Il n’est ici nullement question d’autorité, mais bien de respect. Quand une personne suscite une telle admiration, personne ne conteste ce qu’elle a à dire. La question est donc la suivante : faut-il qu’un manager en arrive à ce niveau d’excellence pour voir ses collaborateurs exécuter ses directives avec plaisir ?
La réponse est bien évidemment non, sans quoi certaines entreprises évolueraient dans une totale anarchie…. En revanche, la séquence met bien en évidence que le leadership se dégage de celui qui :
- Maîtrise suffisamment son art ou sa discipline pour dégager une grande confiance, amenant naturellement un certain charisme
- Ne cherche pas à prouver quoi que ce soit, mais s’attèle simplement à mettre son talent à contribution des activités auxquelles il participe
- Ne critique jamais gratuitement, c’est-à-dire s’en attacher à ses critiques les axes de progrès qui en découlent
- Reste suffisamment humble pour être à l’écoute des autres et se remettre en question (P.G. a fini par apprécier les kiwis de Jordan malgré ses a priori négatifs…)
Avis aux managers 😉
Le faux leadership des candidats
Une autre épreuve voyait Jean-François Piège et Thierry Marx désigner un chef dans chacune des deux équipes qui s’affrontaient, ce chef fraichement nommé devant diriger ses deux commis. Première chose amusante, certains voulaient à tout prix être chef et d’autres pas du tout. Ceci tend à montrer que manager n’est pas une finalité pour tout le monde ! Certaines personnes préfèrent être dirigées que diriger, s’évitant ainsi la lourde charge de prendre des responsabilités et le stress qui va avec. Cette séquence a également démontré comme il était difficile de manager des personnes qui ont d’abord été ses collègues…
Les deux chefs improvisés ont agi de façon très différente :
- D’un côté, Noémie. Elle est jeune, a un fort caractère, mais n’est pas à l’aise à l’idée de devoir manager d’un côté quelqu’un de son âge peu expérimenté, et de l’autre quelqu’un de dix ans son aîné plutôt doué. Pour masquer cet inconfort, elle parle – ou plutôt hurle – sans cesse, tente de les motiver très maladroitement en étant tantôt « saoulante » (dixit Thierry Marx), tantôt grossière (à base de « on se sort les doigts… » et autres réjouissances). Son malaise est perceptible !
Diriger ne veut pas dire brailler des ordres ou faussement motiver en hurlant des inepties… En l’occurrence, elle a d’abord eu du mal à motiver ses deux commis par manque de vision, improvisant son plat en live, ce que n’ont pas manqué de faire remarquer J.F. Piège et Thierry Marx. Le leadership passe par une vision claire du but à atteindre et du chemin à parcourir. Quand tel est le cas, nul besoin de brasser du vent… - De l’autre côté, Julien. Ce candidat a l’habitude de cuisiner seul puisqu’il est chef à domicile. Il fait partie de ceux qui ne voulaient absolument pas être chef, n’ayant pas l’habitude de diriger qui que ce soit. Il est l’inverse de Noémie, il parle de façon douce, voire doucereuse. On le sent gêné de donner ses ordres. Thierry Marx fait d’ailleurs remarquer qu’il est davantage copain que chef, et que la camaraderie est souvent la marque en management de ceux qui ne se sentent pas légitimes… Je crois qu’il est important de trouver le juste équilibre entre un manager par trop autoritaire, ce que peut probablement requérir certaines disciplines comme la cuisine, et trop soft. Une fois encore, tout est mu par la vision. Quand le manager a une vision claire de ce qu’il souhaite exécuter et sait ce qui doit être fait, il trouve le juste ton pour « savoir faire-faire… puis faire savoir » (selon Thierry Marx).
La conclusion de ce post s’appuiera sur celle de cet épisode 4, qui a vu Mohamed partir. 6 ans auparavant, ce candidat ni ne cuisinait ni ne parlait français. En termes de talent management, ce candidat a démontré que la passion peut rapidement compenser le manque d’expérience (son dernier plat ayant malgré tout été apprécié pour sa remarquable élégance), voir permettre de trouver sa place dans la société, ce qui n’était pas gagné d’avance selon ses propres dires.
À suivre… 😉