J’ai récemment eu l’occasion de m’entretenir avec le célèbre Chef Thierry Marx dans le cadre d’une soirée qu’organisait Talentsoft au Mandarin Oriental. Même si le terme est souvent galvaudé, j’oserai sans hésitation parler ici d’une belle rencontre, avec un homme qui place l’excellence au cœur de toutes ses activités ! Et qui clairement est une école de management à lui tout seul ! 🙂
Son histoire et son parcours personnel l’ont poussé à s’engager dans la bataille de l’emploi auprès de ceux pour qui l’insertion professionnelle reste un enjeu majeur. Il intervient notamment en milieu carcéral pour y transmettre son savoir-faire. Lorsqu’il s’agit de travailler avec les détenus, il parle d’un « management du bout des doigts », tant il faut faire preuve d’écoute et de tact pour travailler avec des personnes souvent à fleur de peau. Il évoque notamment les valeurs qu’il essaie de transmettre telles que l’honneur, la politesse, le respect et la courtoisie.
En 2012 il crée un centre de formation aux métiers de la restauration intitulé Cuisine, mode d’emploi(s). Il permet ainsi aux jeunes sans diplôme et aux personnes en situation de reconversion ou réinsertion professionnelle d’apprendre un métier en 12 semaines, et ce gratuitement bien sûr. La seule chose qu’il demande aux personnes formées, c’est de respecter trois mots d’ordre : rigueur, engagement et régularité. Durant ces 12 semaines, il leur faut en effet se former à 80 gestes de base, et apprendre à maîtriser ce qui caractérise un bon cuisinier : le geste, le feu et le temps. A l’issue de cette formation, 80% trouvent un emploi.
En poursuivant la discussion, on se rend compte que tout ce qu’il entreprend tourne autour de valeurs, valeurs notamment inspirées des arts martiaux qu’il a longuement pratiqué. Selon le code d’honneur du judo, il faut construire un homme avant de construire un judoka. Ramené à l’entreprise, cela reviendrait à se concentrer davantage sur les compétences comportementales plutôt que sur les compétences techniques, qui peuvent toujours finir par s’acquérir….
Au sein du Mandarin Oriental, il pratique bien sûr un management par les valeurs, l’exemplarité étant l’une des plus importantes. Selon lui, l’exemple est la seule preuve d’autorité, d’autant qu’il considère que tout est symbolique. Il souhaite faire de son entreprise une véritable communauté, ce qui passe par le fait que chaque collaborateur ait l’occasion d’en former un autre. Il a littéralement banni l’erreur de son champ lexical, préférant parler d’opportunité (de développement). Il insiste également sur l’importance de veiller continuellement à ne pas travailler dans un climat trop tendu, sans quoi perte de plaisir et fort turn-over en découlent. Turn-over qui d’ailleurs ne le préoccupe pas plus que ça puisqu’il est largement plus inquiet du fait que chacun puisse suivre le chemin qui lui est propre et se développer.
Ce qui impressionne finalement, ce n’est pas tant d’ériger les valeurs en mode de management, c’est de voir à quel point cela s’applique de façon exigeante, cohérente et profonde dans tous les secteurs de sa vie ! Et on comprend alors que le charisme ne vient pas d’une maîtrise du geste ou de la parole, mais bien de l’assurance d’être soi et parfaitement en accord avec ses principes. CQFD 😉