Quels axes d’évolution pour les profils de développeur informatique ?

« Où vous voyez-vous dans quelques années ? »

A cette question maintes fois entendue en entretien de recrutement, je répondais que le poste continuerait d’avoir une très forte composante technique.

La réponse fréquente était alors : « Mais vous ne souhaitez pas évoluer ? » Quelques années plus tard il est intéressant de prendre un peu de recul sur cette question : de quelle manière peut-on évoluer lorsqu’on demeure sur un poste orienté vers la technique ?

Choisir son évolution, et non la subir

Le premier axe d’évolution est évidemment technique. Le monde du développement est par essence un secteur en perpétuel renouvellement. Il est nécessaire de faire évoluer ses connaissances constamment, ne serait-ce que pour maintenir son niveau d’employabilité.

Au fil du temps, j’ai croisé de nombreux développeurs anxieux à la perspective de manquer un virage technologique qui les laisserait sur le bord du chemin. Mais j’ai finalement croisé beaucoup plus de développeurs qui avaient pris avec succès le virage en question lorsque leur plateforme de prédilection fût officiellement déclarée obsolète. Rien n’est jamais acquis, mais rien n’est jamais perdu non plus. Il est nécessaire de s’intéresser à un maximum de sujets, sans a priori. Il est ainsi possible de sentir les tendances, voire de les anticiper.

Participer à des communautés techniques, des blogs est un moyen très efficace de se confronter à une grande diversité de points de vues et élargir ses horizons. Pour un développeur souhaitant repousser les limites de ses connaissances et prendre conscience des sujets émergents, Stackoverflow, par exemple est d’un abord aisé pour un investissement en temps qui peut-être modeste.

S’intéresser au quoi autant qu’au comment

C’est certainement une des premières évolutions auxquelles est confronté tout développeur. La curiosité et la recherche de sens font que les développeurs se sentent concernés par le volet fonctionnel. D’ailleurs, certains prennent alors une direction nettement plus fonctionnelle. Au-delà du fonctionnel, les nouveaux usages telle la mobilité posent sans cesse de nouveaux défis en termes d’interface, d’ergonomie et de créativité.

Dans certaines structures qui accordent peu de considération aux développeurs en dehors du domaine technique, ceux-ci peuvent ressentir une certaine frustration.

Chez Talensoft, nous mettons actuellement en œuvre une démarche de Free-Time. Les développeurs peuvent consacrer 20% de leur temps quotidien à développer une idée personnelle d’amélioration fonctionnelle ou technique des produits. Les bénéfices sont nombreux : les développeurs profitent d’un espace de créativité et de rupture technologique. Ils diversifient également leurs compétences, aussi bien fonctionnelles que techniques ; ce qui est un gage d’évolution.

Apprendre à mieux jauger les projets

La réalisation de projets est, directement ou indirectement, la finalité de tout développement. Avec le temps, il devient plus facile de jauger le contexte des projets et leur potentiel de réussite ou d’échec. Il devient vite évident que la réussite d’un projet ne se juge pas seulement sur la tenue des délais ou la qualité technique. Le critère majeur reste l’adhésion et la satisfaction des utilisateurs. Une bonne estimation des charges, des délais de réalisation ou des risques liés à l’estimation d’une nouvelle technologie est un préalable à la réussite d’un projet, mais ne garantit pas ce critère d’adhésion des utilisateurs. De mon point de vue un des meilleurs indicateurs du potentiel de réussite d’un projet est lié au porteur de projet lui-même : A-t-il une approche orientée vers les utilisateurs ? Se projette-t-il uniquement dans les bénéfices personnels qu’il pourra tirer de la réussite du projet ? Sera-t-il solidaire de l’équipe de développement en cas de difficulté ? Est-il en mesure de partager une vision ? Pour moi, la capacité à estimer le potentiel d’un projet relève largement de compétences non techniques qui ne cessent de se développer au fil du temps.

Au final, la réponse à la question de l’évolution vient d’elle-même : si je suis encore sur un poste à forte composante technique au bout de quelques années, c’est que j’aurais forcément évolué. Parce que l’évolution rapide est inhérente à mon environnement. Elle ne concerne pas seulement la technique, mais aussi les usages et l’anticipation des attentes des utilisateurs.