Au-delà de la polémique autour de la participation d’Arthur à la 17ème émission de « Rendez-vous en terre inconnue » (RDVTEI), celle-ci était très belle, tant par les images que par la puissance des relations humaines. Cette émission a mis en évidence deux valeurs fondamentales que l’on a bien du mal à voir dans notre vie de tous les jours : la solidarité et la réciprocité.
Ces deux valeurs sont clairement mises en exergue lors d’une séquence montrant les Indiens quechuas aider un ancien à récolter des pommes de terre dans une parcelle de terre qui lui a été donnée. Pourquoi ? Simplement parce qu’il ne peut le faire seul… La parcelle de terre lui a été donnée parce que ce vieil homme travaille pour la collectivité, il est donc logique que la collectivité lui rende en lui faisait don de cette terre.
Il en est de même pour les Indiens que l’on a suivis pendant toute l’émission. L’un d’eux explique que chacun s’est vu donner une parcelle de terre, mais si d’aventure l’un d’eux cessait de travailler pour la collectivité, celle-ci lui reprendrait la terre. En résumé, la collectivité contribue au bien-être de l’individu tant que l’individu contribue au bien-être de la collectivité.
Ces Indiens vivent ensemble du matin au soir, travaillent ensemble, mangent ensemble, rient ensemble… Il n’en va pas moins de leur survie d’être solidaires les uns des autres. Sans cette solidarité, ils ne pourraient faire face à leur environnement, certes magnifique, mais souvent hostile.
En regardant l’émission, je ne pouvais m’empêcher de me demander : qu’est-ce qui empêche de mobiliser ces deux valeurs en entreprise ? Cela ne rendrait-il pas notre quotidien plus agréable ? Ne serait-on pas plus efficace ? Et ne serait-ce pas finalement plus « normal » ?
La solidarité vient d’un système de valeurs et d’objectifs
Les Indiens suivis par l’émission ont les mêmes priorités, la même compréhension de ce qui est important (protéger les animaux, récolter des pommes de terre, …) et de ce qui ne l’est pas. Du fait de poursuivre – sans avoir à le dire explicitement – des objectifs aussi intimement partagés, ces personnes sont naturellement solidaires. A l’inverse, l’absence de solidarité vient probablement du fait que les objectifs des uns ne sont pas ceux des autres.
Par exemple, si une personne a pour objectif de rentrer tôt car son ou sa fiancée lui a préparé un bon dîner, il est probable qu’il soit peu solidaire de son collègue pour qui la chose la plus importante est de finir son powerpoint en vue de son meeting du lendemain. Si la préservation de l’emploi de ces deux personnes dépendait de ce powerpoint, il est probable que le fameux dîner aurait beaucoup moins d’importance…
La solidarité vient du « non-choix »
Si à l’instar des quechuas, les collaborateurs de l’entreprise réalisaient pleinement qu’il est de plus en plus difficile de réussir seul, de par la non linéarité des situations rencontrées et de la multitude de compétences nécessaires à la résolution de problèmes, il est probable que la solidarité apparaîtrait comme un inévitable refuge. Mais nos sociétés favorisant davantage la compétition, et ce depuis notre plus jeune âge (même si cela est régulièrement mis en cause comme le montre l’article du Monde d’aujourd’hui), la solidarité est loin d’être vue comme un non choix… Il s’agit plutôt d’une lointaine alternative.
De la même manière, si les dirigeants d’entreprise réalisaient que la solidarité est le ciment qui permet aux membres d’une équipe de faire face à la multitude de situations imprévues qui constituent leur quotidien, il est probable qu’ils tenteraient d’en faire une valeur phare.
La réciprocité vient de la solidarité
Je suis toujours touché quand je vois un membre de mon équipe se porter spontanément au secours d’un autre collègue lorsque celui-ci est en difficulté, du fait d’un imprévu ou d’une surcharge de travail. Ce type de situation me laisse à penser que c’est de la solidarité que naît la réciprocité, car il est probable que l’aidé d’aujourd’hui aura envie d’être l’aidant de demain, comme pour rendre ce qui lui a été donné.
A l’inverse, il suffit qu’une personne ait l’impression que les efforts aillent toujours dans le même sens pour que la réciprocité ne soit plus qu’un lointain souvenir. Plus encore que la solidarité, la réciprocité est une valeur fragile qui nécessite un effort biparti constant. Une fois encore, charge aux dirigeants d’entreprise d’être exemplaires en la matière pour montrer que la réciprocité n’est pas une option mais vaut au contraire la peine de dépasser déceptions ou frustrations.
Alors si vous n’avez pas vu l’émission, n’hésitez pas à guetter le replay 😉