La résolution de problème est un art que, consciemment ou non, nous pratiquons quotidiennement. Comme tout art, il est pratiqué de façon très différente d’une personne à l’autre. Malgré cela, nous pouvons fréquemment observer deux grands types de comportement : celui dit « de l’autruche » et celui de notre cher « Wolf » (alias Harvey Keitel dans Pulp fiction).
La politique de l’autruche
Une légende voudrait que les autruches se cachent la tête dans le sable pour se croire à l’abri d’un potentiel danger (du fait qu’elle ne le voit alors plus…). Nous faisons quasiment quotidiennement allusion à cette métaphore dans notre vie personnelle et professionnelle. En fait, faire l’autruche est une réaction naturelle, il s’agit presque d’un réflexe.
Ce comportement survient en général non pas à l’approche de tous les « dangers » ou problèmes à résoudre, mais lorsque le dit problème semble insoluble. Quelques exemples ?
- Vous échouez systématiquement lors de vos entretiens de recrutement, mais vous préférez penser que personne ne comprend rien à votre talent
- Vous n’arrivez pas à garder un job plus de six mois mais vous pensez juste que vous n’avez pas de chance de tomber sur des managers tyranniques (cela marche aussi très bien dans le cadre des relations amoureuses… 😉
- Plus simple : vous savez que vous êtes en train de dépenser plus d’argent que vous en gagner, mais pour éviter de vous stresser… et bien vous éviter tout simplement de consulter vos comptes (pensez aussi à éteindre votre portable car le banquier pourrait avoir envie de vous appeler)
- Etc.
Bref, vous m’avez compris ;). Ces trois illustrations soulignent l’existence d’un problème évident que l’on préfère contourner plutôt que d’affronter. Si cela est certes plus simple à court terme, aucune chance que cela fonctionne sur le moyen ou long terme.
Un excellent ouvrage, Leadership and self-deception, explique parfaitement comment nous entretenons notre aveuglement et restons dans notre « boîte » plutôt que d’affronter la peur du vide et chercher des solutions. Car c’est bien de la peur du vide dont il est question. Peu d’individus sont capables de comprendre cette chose très simple : ce n’est pas parce que je n’ai pas l’ombre du début d’une solution que je dois faire semblant d’ignorer le problème !
Seulement voilà : être face à un problème que je pense insoluble est terrifiant, alors mieux vaut se mettre la tête dans le sable.
Dans le même ordre d’idée, j’ai constaté que mes collaborateurs avaient tendance à renvoyer dans ses 22 toute personne venant leur parler d’un nouveau problème quand ils ont déjà l’impression – souvent à raison – que la coupe est plus que pleine. Pourtant, le fait d’ajouter un problème de plus à une pile déjà bien fournie n’a strictement rien à voir avec sa capacité à dépiler les problèmes. D’où nous vient ce curieux impératif de résoudre tous les problèmes dans un temps et avec des ressources limitées, quand cela n’est humainement pas possible ?
Alors bien sûr, point de naiveté dans ces quelques lignes, je ne suis pas sans ignorer que – par exemple – beaucoup de managers demandent l’impossible à leurs collaborateurs qui se voient rémunérés sur la résolution de ces objectifs. D’où la volonté de bien maîtriser les problèmes auxquels on peut être confrontés. Mais on ne peut sortir de là en luttant, il faut au contraire engager le dialogue pour évaluer la situation et co-construire des solutions, quel que soit le temps et l’imagination que cela requiert.
La politique de Sir Winston Wolfe
Quand, comme dans Pulp fiction, vous vous retrouvez dans une situation délicate à résoudre, inutile de paniquer ou de mettre la tête dans le sable, cela ne changera rien. Au contraire, mieux vaut essayer de recueillir un maximum d’informations sur le dit problème à résoudre. Harvey Keitel incarnant Winston Wolfe fournit une très bonne illustration du comportement à adopter : froid, méthodique, méticuleux, il appréhende le problème sous tous les angles, évalue les moyens dont il dispose, les contraintes qui pèsent sur la situation, et commence à élaborer des solutions, aussi surprenantes soient-elles….
Ce qui est intéressant dans ce personnage purement fictiel, c’est la qualité fondamentale sur laquelle repose toutes les autres : sa grande confiance en lui ! Car comme je l’ai déjà évoqué dans différents articles sur ce blog, la confiance est le terreau indispensable au talent dont il faut faire preuve pour résoudre les problèmes délicats. Seule cette confiance en soi permet de contrer ce réflexe naturel consistant à se mettre la tête dans le sable.
Alors chers amis autruche ou Wolf, avant de commencer à élaborer des solutions diaboliques à des problèmes supposément insurmontables, commencez par renforcer votre confiance en vous, vous n’en serez que plus efficaces 😉