Vous n’êtes probablement pas sans le savoir, déménager et vouloir prendre le temps de décorer correctement son appartement prend un temps fou. Il est une pièce maitresse parmi toutes les autres : le canapé ! Le choisir est assurément une aventure dont on sort forcément changé :). Voici les quelques éléments saillants de ma quête.
La recherche de « l’âme sœur »
Il y a 2 semaines maintenant, j’ai rendez-vous avec un copain architecte, qui me donne aussi des conseils de déco, chez Bo Concept. A peine rentré dans la boutique, je vois tout de suite un canapé qui me plait, et mon pote me dit simplement : « Ouaips, ça donne une idée, mais on peut trouver mieux ».
Quelques heures plus tard, nous avons fait une dizaine de boutiques, des grands classiques (Ligne Roset, Steiner, Cinna, Roche Bobois, …) aux designers moins illustres, et essayé une cinquantaine de canapés. Notre choix se porte sur un canapé italien dont nous avons vraiment peiné à nous extraire tant il est ultra confortable. Seule question : n’est-il pas un peu volumineux ?
48h plus tard, mesures prises, on sait bien quel est le canapé idéal, mais il n’est pas du tout idéal pour mon salon, à moins que je ne veuille mettre la table basse dans me chambre….
Leçon numéro 1 : « mieux » ce n’est pas toujours « bien ». Nous avons passé l’après-midi à chercher le canapé parfait, confortable, esthétique, abordable, un « mieux » que celui que l’on venait de voir, mais avons juste oublié de contextualiser l’objet tant convoité à la modeste réalité de mon salon. Du coup on a un peu perdu notre temps.
Le retour à la réalité
Un peu dépité d’avoir passé l’après-midi à chercher la Rolls en oubliant de prendre les mesures du garage, je me remets en quête sur le Web en me ramenant simplement à l’esprit initial : un canapé de type scandinave, si possible pas trop large et pas trop profond. Assez logiquement, j’atterris sur un site de déco scandinave et vois un canapé Muuto qui me plaît vraiment.
Seul petit problème : Muuto n’a pas de boutique et il me faut trouver un distributeur qui expose le modèle que je recherche. Je suis reparti pour une trentaine de coups de fil. Je pense pouvoir dire que je suis maintenant un intime des vendeurs de Sentou et Silvera. Assez logiquement, l’un d’eux me dirige vers un entrepôt gigantesque qui a toutes les marques… mais pas mon canapé Muuto.
Je finis miraculeusement pas apprendre qu’il est exposé au Printemps. J’y fonce, et après quelques instants seulement, je l’achète (après avoir soigneusement choisi la couleur, etc.). Je suis satisfait. Mais pas transcendé non plus…. Peu importe, j’arrive à me convaincre qu’il est parfait et que c’est exactement ce que je recherchais.
Leçon numéro 2 : quand on est un peu fatigué et qu’on pense ne pas trouver mieux, on peut réellement réussir à se convaincre que « bien » c’est « assez ». Mais au fond de nous, on sait que ce n’est pas vrai, non ?
Le coup de foudre
Je repars en direction des escalators situés à l’opposé de ceux que j’ai emprunté pour monter, et là, je tombe nez à nez avec le premier canapé que j’avais vu chez Bo Concept. Je m’arrête, prends quelques secondes pour l’observer, et ose à peine aller le ré-essayer, venant d’acheter mon canapé Muuto.
Pas de chance, il est bien super confortable, j’adore la couleur, et ce qui ne gâche rien, il est vraiment moins cher. Mal de tête assuré. Je le prends en photo afin de le montrer à mon pote architecte.
Je retrouve ce dernier 2 heures plus tard sur le chantier de mon futur appartement, lui montre celui que j’ai acheté, celui que j’ai essayé en partant, et là c’est le drame….. Je comprends immédiatement à son expression que le Bo Concept est vraiment mieux. Ou en tout cas, plus adapté au salon. Voire… parfaitement adapté au salon.
Quelques coups de fil et kilomètres plus tard, me voilà remboursé du Muuto et heureux propriétaire d’un Bo Concept couleur moutarde.
Leçon numéro 3 : on peut tomber sur « le mieux et bien » tout de suite, mais on ne peut savoir que c’est le mieux qu’après de longues circonvolutions… à moins de se contenter d’écouter son coeur sans chercher à rationaliser ou comparer.
Conclusion : n’en est-il pas du choix d’un canapé comme de n’importe quel choix de notre vie ? Ne passe-t-on pas notre vie à rechercher le « mieux » au risque de passer à côté du « bien » ? Quand je vois les questions existentielles que je peux me poser quand il s’agit de choisir un canapé, je comprends plus facilement mon hésitation quand il s’agit de choisir un nouveau logement, un nouvel emploi ou un candidat….
La pression inhérente à ce choix vient principalement de deux idées qui se combinent : le choix d’un canapé est déterminant pour donner l’atmosphère de la pièce ; on choisit un canapé pour 10 ans, et pas pour 10 jours. Et assez logiquement, on ne peut que tergiverser : comment savoir ce que donnera un canapé une fois placé dans son environnement, sachant qu’on le voit dans un magasin qui n’a rien à voir avec son domicile ? Comment être sur que ce qui nous plaît aujourd’hui nous plaira toujours dans 5 ans ?
Quand on comprend, quand on accepte, que ce choix – comme tout choix – est forcément une prise de risque, un pari, que l’on fait à un instant et dans un contexte donnés, mais que l’on ne peut jamais être certain à 100% de faire le bon choix, on se sent déjà plus serein. Et quand on comprend que finalement, peu de choses sont réellement irréversibles, et bien on commence à se détendre encore un peu plus. De cette détente peut alors résulter de bons choix !
Et si l’on est assez détendu pour s’écouter, écouter cette petite voix qui rapidement et naturellement nous chuchote ce qu’elle préfère et qui nous convient, alors prendre une décision peut même s’avérer relativement simple. Mais savoir s’écouter n’est-il pas ce qu’il y a de plus dur à faire ?
Repensez à cette histoire de canapé la prochaine fois que vous serez face à un candidat qui vous plaît vraiment, même s’il ne répond pas pleinement au profil que vous recherchiez initialement (cf. l’article précédent). On peut toujours repousser l’embauche à demain en espérant qu’un meilleur candidat se présentera, mais parfois, on peut attendre longtemps. Et il faut savoir mesurer le coût du poste qu’on laisse vacant faute de savoir prendre une décision.
Cela me rappelle cette histoire indienne racontant qu’un petit garçon se trouve devant un arbre dont chaque branche représente un destin. En cueillant le fruit d’une branche, le garçon choisira le destin associé. Il y a tellement de destins possibles, tellement de voies à emprunter, que le garçon ne sait que choisir. Mais à force d’attendre, les fruits pourrissent et il finit par ne rien vivre.
Alors mieux vaut vivre en mode Silicon Valley et accepter d’essayer, au risque de se planter. Tant que l’on est capable de se planter assez rapidement pour pouvoir ré-essayer d’autres choses. Ecoutez votre coeur et installez-vous confortablement dans votre canapé, c’est forcément le bon puisque vous l’avez choisi 😉