Dans la rubrique « comment prendre son destin en main« , j’ai récemment interviewé Aude Girard, qui a réussi – en partant de zéro – à monter le projet auquel elle croyait. Et ce, en très peu de temps. Voilà ce que ça donne.
Aude, peux-tu nous raconter rapidement ton parcours ?
Après mon école de commerce, j’avais soif de voyages, et j’ai eu l’opportunité de démarrer ma carrière dans le marketing en Afrique. Plutôt dans des grands groupes, en Côte d’Ivoire et en Afrique du Sud. Je suis ensuite rentrée en France pour rejoindre le groupe rejoindre Sagem Mobiles, qui faisait partie du groupe Safran, et j’ai travaillé dans les produits sous licence (téléphones Roland Garros, Porsche Design…).
En 2010, je suis finalement retournée dans ma ville d’origine, à Reims, avec l’envie de faire quelque chose de différent. J’avais consacré beaucoup d’énergie à ma carrière, et je souhaitais retrouver un peu d’équilibre entre ma vie personnelle et ma vie professionnelle. J’étais à la recherche de nouveaux challenges, et on m’a donné l’opportunité de donner des cours de communication et marketing à Neoma, l’école de commerce de Reims. Ça tombait très bien parce que j’ai toujours eu cette envie de transmettre et d’enseigner. Je continue toujours d’ailleurs. C’est une passion !
Et comment tu en es venue à créer ton entreprise ?
Hasard de la vie, j’ai retrouvé en 2015 un ancien copain d’école, Vincent Rostaing, qui participait à l’organisation du Web2Day. Il a publié sur Facebook une image de gros Legos, « Everblocks », en disant « Dommage que ça n’existe pas en France !« . J’ai immédiatement eu un coup de foudre pour le produit, qui était dans un premier temps uniquement présenté comme de la déco d’intérieur.
Mon mari, Éric, avait déjà une société qui s’appelait Heol, qui avait l’exclusivité – en France – sur les ventes de la marque Stern (meubles d’extérieur plutôt premium), ainsi que Jobek (hamac). C’était donc très complémentaire avec les Legos sur lesquels j’avais flashé. On voulait tout les deux développer des produits de bien-être, de repos, d’épanouissement…Éric a fait un aller-retour aux US pour rencontrer les inventeurs des gros Legos, et est revenu quelques jours plus tard avec l’exclusivité sur la France.
C’était donc parti, et on a décidé que ce serait moi qui m’occuperais du développement du produit.
Donc concrètement, à quoi servent ces gros Legos ? Comment tes clients les utilisent-ils ?
En fait, c’est un produit très modulable, donc on peut en faire plein de choses, c’est très flexible : des espaces conviviaux où les gens se reposent, déstressent par exemple, des stand sur des salons, des murs dans des espaces de co-working… Une entreprise au Luxembourg a utilisé ces blocs pour créer un espace enfantin où ses employés vont se reposer.
Ils permettent vraiment de créer des configurations qui ne sont pas classiques ! Ils font appel à la créativité de chacun pour imaginer des espaces qui leur ressemble et qui soient adaptés à ce qu’ils sont en train de faire.
Parfois, les entreprises ont des idées très arrêtées sur ce qu’elles souhaitent mettre en place. Elles demandent juste les blocs, les couleurs et s’organisent toutes seules. Parfois, elles craquent pour le concept mais ne savent pas quoi faire, il faut les inspirer. Parfois, on part de l’espace et du budget, et on bâtit ensuite, comme on l’avait fait au Web2Day par exemple.
Tu as dit que tu avais flashé sur le produit, pourquoi exactement ?
Parce qu’il ramène à l’enfance, tout simplement ! Mon travail est devenu ludique, c’est un jeu que je partage avec d’autres personnes. On a par exemple postulé pour un prix de l’innovation sur le pitch : « Retourner dans des choses agréables grâce au produit, que ce soit chez soi ou dans le monde du travail ». En fait, l’intérêt vient de la contradiction entre le monde de l’entreprise, qui peut être très dur, et le côté enfantin du produit.
Et quel lien avec les Ressources Humaines fais-tu ?
La particularité du produit, c’est d’avoir une cible très large. Ça peut être un comité d’entreprise pour un événement particulier, un service communication interne, ou un service RH par exemple. C’est très varié ! Finalement, c’est de la gamification. On donne la possibilité aux employés de jouer et de créer leur propre univers et des espaces où ils se sentent bien pour travailler.
Quels obstacles rencontres-tu ?
Le principal, c’est le fait que le produit ne soit pas connu, et qu’il n’y ait pas de communication de masse autour. Pour palier à notre manque de moyens, on utilise beaucoup le digital, Facebook, Instagram et Twitter en tête.
En janvier 2017, il nous est arrivé une chose incroyable : Insider a trouvé la vidéo Everblock sur les réseaux sociaux, a partagé, et a fait plus de 65 millions de vues en quelques jours… une sacrée surprise ! On bénéficie encore des retombées puisque d’autres pages Facebook qui font du « partage de contenu » continuent à mettre la vidéo en ligne régulièrement (démotivateur par exemple ou Neozone). On essaye aussi de se faire connaitre dans différents événements « à la cool », exactement comme au Web2Day.
Et comment tu vois le futur ?
Assez rapidement, nous nous sommes aperçus qu’il nous manquait la possibilité de pouvoir proposer de la location de blocks. Faire de la location, de l’événementiel, c’est un autre métier. C’est la raison pour laquelle nous nous sommes associés récemment avec ABSOLEM pour de la location pour des événements, des salons ; et avec STANDING TRAVAUX pour de la location et de l’aménagement d’espaces bureaux, de vitrines de magasins. Nous croyons beaucoup à cette nouvelle opportunité de service.
On essaye de créer des partenariats avec les entreprises, et notamment intervenir sur leurs team-building. L’idée, c’est de construire des relations sur le long terme. Une école d’art à Lyon commence à s’approprier le produit, les étudiants taguent les blocs, et ils les utilisent pour construire le « canapé de la promo » ! On trouve l’idée sympa de refaire une nouvelle création chaque année pour aménager le hall de l’école.
Au niveau du produit en lui-même, on peut le faire évoluer aussi. Les blocs de couleur noire sont déjà faits en plastique recyclé. L’idée c’est de faire en sorte que tous les blocs soient non seulement recyclables, mais aussi faits de produits recyclés. On peut aussi imaginer développer des blocs d’une autre matière, dans un recouvrement proche du bois par exemple.
Et enfin, je réfléchis pour proposer de nouveaux accessoires comme des stickers ou autres…. Un peu de patience et vous en saurez plus en fin d’année..
Pour retrouver Aude et ses gros legos, rendez-vous ici : http://www.everblocksystems.fr/