Ce troisième jour à l’Université de la Singularité nous a fait découvrir de nombreux domaines que je connaissais mal : cybersécurité, énergies exponentielles, économies exponentielles, neurosciences, ainsi que quelques disruptions dans le domaine médical. Il m’est évidemment impossible de retranscrire en quelques lignes l’essence de ces quelques dix heures de conférence extrêmement inspirantes. Voici néanmoins deux leçons importantes qui ont retenu mon attention.
Sécuriser, ce n’est pas empêcher mais ralentir
Nathaniel Gleicher, genre de gendre idéal qui se fait pourtant régulièrement cambrioler ses chambres d’hôtel tant il travaille sur des éléments visiblement très stratégiques, a utilisé la métaphore des services secrets américains pour expliquer les enjeux de la cybersécurité. Grosso modo : il n’est pas question en matière de sécurité de soi-disant empêcher avec des murs soi-disant infranchissables, mais simplement de ralentir !
Pénétrer au sein de la Maison-Blanche est extrêmement simple car aussi haut soit-il, il n’y a qu’un mur délimitant l’intérieur de l’extérieur. Toute personne qui s’aventure à franchir ce mur se fera bien entendu rapidement arrêté, mais il aura néanmoins réussi à pénétrer l’enceinte sacrée. En revanche, si vous installez une série de murs, même s’ils sont moins hauts, vous ralentissez considérablement l’impétrant. Et les frontières entre l’intérieur et l’extérieur sont beaucoup plus floues.
La cybersécurité est avant tout une question de : timing, friction, complexité ! Concernant le timing, il vaut mieux tenter d’être proactif que réactif car il est toujours plus long et moins efficace d’agir une fois que le mal est fait.
Le deuxième enjeu consiste non pas à entrer dans une politique du tout au rien, avec par exemple un seul point d’accès à l’intérieur de votre entreprise méga-surveillé, car aller à la cantine devient aussi difficile qu’aller dans le bureau du PDG. L’enjeu est de créer une multitude de points d’accès afin de pourrir la vie des personnes mal intentionnées et pas des collaborateurs.
Le troisième enjeu consiste à rendre le complexe appréhendable, en transformant la réalité en un environnement plus facile à maîtriser. Et tenter de concentrer son action sur un minimum de points à risque, aussi importants soient-ils, plutôt que de devoir naviguer dans un océan d’incertitude.
Valeur = connexion + timing + hyper-customisation
Amin Toufani a ensuite dressé les contours des économies exponentielles que nous connaissons aujourd’hui. Il commence par citer Trevor Gibbons et la possible faillite de Sears, entreprise existant depuis 41 ans et faisant travailler 12000 personnes. Et de citer Stewart Butterfield et le succès exponentiel de Slack en quelques années.
La valeur économique réside selon lui à présent dans la capacité à connecter les individus, à délivrer ses produits et services en quasi temps-réel et à les customiser à outrance aux consommateurs. Il met en avant la puissance des écosystèmes sur toutes les autres formes de structures, en citant évidemment WeChat (renvoyant ainsi de nouveau à mon premier billet sur The Circle et son extrapolation de l’hyper-connexion).
Le challenge selon lui ne réside plus dans la technologie mais dans notre capacité à oublier tout ce que l’on sait d’un domaine pour oser inventer le futur ! Il conseille ainsi pour réussir à sortir du cadre (ou « Think out of the box ») à s’attaquer à des domaines dans lesquels on ne connaît rien. L’exploration de ce que l’on ne sait pas devenant alors plus important que l’exploration de ce que l’on sait.
Il met également en avant l’importance de ne plus penser en termes de QI (quotient intellectuel) mais de QA (quotient d’adaptabilité). L’enjeu en effet est d’arriver à évoluer dans des environnements volatiles, incertains, non prédictibles. La capacité à s’adapter en temps réel aux différents signaux que nous renvoient l’environnement extérieur fait aujourd’hui la différence entre ceux qui réussiront dans un domaine et les autres.
Les autres intervenants, en particulier Divya Chander parlant de l’avancée des neurosciences, n’ont fait que renforcer ce sentiment que le monde tel qu’on se le représente actuellement est en train de complètement se transformer. Jusqu’à remettre en cause les convictions mêmes que nous avons concernant ce qui fait que nous sommes humains, ce qui nous différencie des machines, la conscience pouvant à présent quasiment être téléchargée dans le cloud, nous assurant ainsi l’immortalité.
La question étant alors de savoir ce à quoi « nous » fait référence et ce qui devient immortel ! A vos commentaires ? 😉