Au moment où vont fleurir les bonnes résolutions et les tendances de l’année, permettez-moi d’opérer quelques pas de recul pour boucler 2021 comme il se doit. Puisque 2021 aura marqué pour moi la fin de ma plus longue et belle aventure professionnelle : Talentsoft ! Mon cadeau de départ a probablement été l’un des plus émouvant cadeaux de toute ma vie : un livre comprenant des dizaines de mots et photos de la part de ceux avec qui j’ai fait ce voyage exceptionnel pendant toutes ces années. Me rappelant, et parfois même m’aidant à prendre conscience, en quoi ce voyage était unique. Alors pour remercier tous ces beaux auteurs, je repartage ce que la lecture de leur prose m’a évoquée (au-delà d’une très grande émotion évidemment… :).
Développer la motivation la plus pure possible
Lorsque nous avons démarré l’aventure en 2007 avec mes deux co-fondateurs – aux personnalités et parcours très différents – et les quelques pionniers autour de nous, nous avions une chose en commun : la volonté de profondément bousculer l’univers du travail, ses codes, l’expérience proposée en entreprise. Parce qu’il est inenvisageable, inacceptable, de passer plus de 40 ans de sa vie à avoir une boule au ventre le dimanche soir et attendre le vendredi soir pour commencer à de nouveau être soi. Et pourtant, c’est encore le cas pour la majorité des gens.
Lorsque cette volonté de transformer l’expérience de travail est au coeur de tout, cela imprègne chaque geste, chaque parole, chaque acte. C’est ainsi que nous avons permis à des gens de changer plusieurs fois de postes au sein de Talentsoft afin de respecter leurs envies, leurs aspirations. Parfois à des moments qui ne nous arrangeaient pas trop. Parfois aussi en prenant des risques évidents. Mais à partir du moment où cela était important pour les gens, ça le devenait pour nous.
C’est aussi grâce à cette même motivation initiale que nous avons – par exemple – confié les rennes du déménagement de 2016 et le budget qui va avec à une quinzaine de jeunes ambassadeurs, afin qu’ils aménagent l’espace de travail dans lequel eux et leurs collègues se sentiraient bien. Et non celui que nous, membres du comité de direction, aurions imaginé pour eux. Faire confiance aux gens, voilà une manière simple de modifier l’expérience de travail traditionnelle. Alors quel bonheur le jour de l’arrivée dans ce nouvel immeuble d’entendre des « on se sent comme à la maison » raisonner.
Voir le meilleur chez les autres
Chaque rencontre est une opportunité qui nous est donnée de construire une relation, de faire un bout de chemin ensemble, ou non…. Un peu comme l’énonce la physique quantique et le fameux chat de Schrodinger (illustré plus récemment par le choix de la pilule bleue ou rouge de Matrix), chaque rencontre est une décision. Cette décision – dont les mécanismes à l’oeuvre sont bien souvent inconscients – peut s’appuyer sur nos craintes, appréhensions, doutes, ou au contraire sur l’espoir que de cette rencontre naitra quelque chose de grand. C’est par là qu’il faut chercher s’il l’on veut se donner une chance que la rencontre s’opère.
Je repense à toutes ces personnes lors de notre 1ère rencontre (que je ne citerai pas évidemment) : cette jeune femme travaillant comme hôtesse dans un salon pro qui allait devenir notre pilier du marketing ; cette ancienne assistante de production devenue une brillante responsable évènementielle ; cet étudiant m’appelant pour son mémoire de stage qui deviendra patron de l’avant-vente ; cet ancien directeur financier qui prendra les rennes de tout le commerce ; etc.
Bien sûr, cela peut sembler très démagogique, tout droit sorti d’une série bien pensante, mais cela est plus profond qu’il n’y paraît. Ayant écrit Unique(s), je reste persuadé que tout le monde à « quelque chose » à offrir au monde, à une organisation, à une équipe. En s’intéressant vraiment aux gens plutôt qu’aux CV, et en étant prêt à prendre le risque si on les sent prêt s’investir sérieusement, alors on peut écrire de belles histoires. Comme au cinéma 🙂
Créer les conditions de l’épanouissement
Bien entendu, pour qu’une plante pousse, il faut respecter ses propres conditions : niveau de luminosité, besoin d’arrosage, qualité de la terre…. Il en est de même pour les personnes. Créer les conditions de l’épanouissement est essentiel. Pour cela il faut activement écouter chacun, lui porter une grande attention, et comprendre de quoi il a envie, de quoi il a besoin.
C’est ainsi que des gens venus travailler chez nous, dans ce qui ressemblait de l’extérieur à une entreprise comme une autre, ont vu leur vie professionnelle, et parfois même personnelle, changer ! Changer parce que soudain, ils étaient encouragés à prendre des risques, suivre leur instinct, faire ce qu’ils pensaient être bon de faire, sans craindre de représailles s’ils se trompaient. Le tout en étant eux-mêmes, sans avoir à se travestir ou faire mine d’être quelqu’un d’autre. On leur faisait confiance. On les écoutait. On suivait leur recommandations, quel que soit leur âge ou leurs diplômes. Ce qui bien sûr favorisait le recrutement de profils dits atypiques.
Et si cela fonctionnait, c’est aussi parce que chacun avait en tête le souci du collectif. Quoi que l’on fasse, on ne le fait pas pour soi, on le fait pour ses collègues, ses clients, ses partenaires….. On est responsable, redevable. Loin d’être un poids, cela donne à chacun l’envie de se défoncer, d’aller plus loin, et lui permet de grandir, de se développer. Surtout quand ce souci du collectif est partagé de haut en bas, de bas en haut, sans question de grade ou de hiérarchie. Le tout en essayant de se marrer, beaucoup, sur les heures de travail et en dehors, lors de fêtes mémorables. Car au travail comme ailleurs, les liens se renforcent aussi dans des moments de partage, souvent fondateurs.
Finalement, en un mot, créer les conditions de l’épanouissement, cela revient à aimer les gens. Suffisamment pour leur prêter attention et comprendre de quoi ils ont besoin, et tout faire pour qu’ils l’obtiennent. Et je sais maintenant à quel point ils le rendent au centuple, permettant ainsi de soulever des montagnes.
Bien s’assurer que ses objectifs soient impossibles
L’un des marqueurs clés de notre Histoire est également cette phrase que nous aurons entendu tant de fois : « Vous n’y arriverez pas, c’est impossible ». Qui s’est bien souvent déclinée en interne par un « On n’y arrivera pas, c’est impossible ». Mais comme l’a écrit Mark Twain : « Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait ».
Nous ne nous sommes jamais vraiment posés la question de savoir si démarrer à quelques uns dans un petit local de Boulogne avec une maquette logicielle nous permettrait un jour de conquérir le marché du talent management ou non. En ce qui me concerne, j’avais simplement à coeur, en tant que patron produits, de concevoir l’outil dont j’aurais eu besoin quand j’aidais les RH en tant que consultant. Non pas seulement pour leur faire gagner en efficacité, mais pour permettre à chaque personne au travail de prendre la main sur sa carrière. Etant persuadé que chaque personne est la mieux placée pour savoir de quoi elle a besoin.
Et en me focalisant sur cet unique objectif, plutôt que de prêter attention aux milliers de raisons supposées nous y en empêcher, j’ai pu faire des choix qui n’étaient pas guidés par la peur, la norme ou ce qui était soi-disant possible (mais d’après qui ?), mais guidés par la seule nécessité de mon objectif. Et chaque lundi matin, en arrivant au bureau, j’étais profondément touché de voir ces centaines de personnes contribuer à ce rêve devenu commun, donner le meilleur d’eux-mêmes, de leur temps, de leur énergie, de leur capacité à innover. Ce qui me donnait encore plus envie de me défoncer. Ce qui tendait en retour à motiver encore plus les gens, créant une spirale vertueuse pour tout le monde.
C’est ainsi que nous avons pu réaliser, avec les moyens qui étaient les nôtres, des projets qui auraient parfois dû nécessiter dix ou cent fois plus de moyens (comme par exemple finir à Seattle pour l’évènement Build de Microsoft en 2019, cité par Satya Nadella).
Evidemment, ce ne sont là que quelques enseignements qui me viennent à l’esprit, sachant qu’il y en a des dizaines d’autres…. Mais je ne manquerai pas de les regrouper dans un livre à paraître en fin d’année 😉 En attendant, pour le gigantesque bonheur que cette aventure m’a procuré et la manière dont elle m’a permis de me développer, un immense MERCI à tous les Talentsoftees, tous les clients qui nous ont fait confiance, tous les partenaires qui nous ont accompagné, tous les actionnaires qui nous ont soutenu, tous les compétiteurs qui nous ont forcé à être meilleurs, tous les analystes qui ont parfois su nous ouvrir les yeux, et tous ceux qui n’ont pas voulu de nous et nous ont rendu plus humbles ! La suite au prochain épisode 😉