Ca y’est, on repart à l’étranger. Enfin peut-être… Peut-être parce qu’il faut quand même disposer d’un test PCR négatif de moins de 72h (sachant que les résultats sont obtenus sous 24 à 48h), écrit en anglais, avec le numéro de passeport dessus
Jusque-là tout va bien !
19 mai, 11h30. Nous nous rendons avec ma compagne dans un centre de dépistage (ce qui constituera donc mon premier cadeau d’anniversaire ✌️) après qu’elle ait pris rdv pour nous deux. Une fois arrivés dans le centre, nous effectuons côte à côte les formalités adéquates auprès de deux jeunes femmes très sympas. Quelques minutes après, elle reçoit un sms du centre. Moi pas. Peu importe, nous avons tous les deux un petit papier avec les instructions pour récupérer les résultats.
19 mai, 22h30. Le soir même, alors que je festoie joyeusement à la maison avec mes proches, nous recevons le résultat. Elle par sms. Moi pas. Je me rends donc sur le site, et après quelques démarches, j’obtiens également le résultat. Négatif pour nous. Ouf ! A nous le soleil et la mer.
Et là, tout bascule.
21 mai. 23h00. Et puis, la veille du départ (le vol étant à 8h35 le lendemain), ma compagne décide d’imprimer les résultats des tests, et vient me dire sereinement : « Tiens c’est rigolo, on n’a pas les mêmes documents« . Effectivement, le sien a deux codes barre, celui de gauche permettant d’ajouter le résultat sur l’application TousAntiCovid. Moi pas. Le QR code que nous avons sur nos deux formulaires l’amène sur une page web avec un résultat « Negative », et moi « Négatif ». Rigolo ?
23h02. Panique à bord. Le résultat doit être en anglais. Comment va-t-on faire ? Trop tard pour appeler le centre. Trop tard pour faire quoi que ce soit en fait. Mais non, pas trop tard pour se rendre sur autant de sites que possible dans l’espoir d’accéder à un document avec un résultat en anglais sur le document qui m’attend sûrement quelque part.
– Vas-y, va sur ce site, et essaye de récupérer le même document que moi, me dit-elle.
– Ok j’y suis, je fais quoi ?
– Ah oui, il faut avoir reçu le sms pour se loguer. Zut. Attends, essaye sur TousAntiCovid.
– Ok j’essaye. Mon code-barre ne marche pas.
– Mais si, moi ça marche, ré-essaye.
– Ben non, ça ne marche vraiment pas.
– Ah oui, c’est le code-barre que tu n’as pas qui fonctionne. Mais bon, ne t’inquiète pas, on a tout bien fait, y’a pas de raison qu’on ait un problème, me dit-elle d’un ton pseudo-rassurant.
– Ben c’est-à-dire qu’il y a 10 minutes je ne m’inquiétais pas, mais maintenant que je vais d’échec en échec.
23h15. Repensant aux plus belles heures du stoïcisme, nous décidons d’un commun accord que de toute façon, nous avons tout bien fait, il est donc impossible que nous rencontrions le moindre problème à l’aéroport. Elle s’endort donc tranquillement. Moi pas.
Décollage imminent ?
22 mai, 8h20. Nous arrivons devant le comptoir d’embarquement, et là une jeune femme se dirige vers nous en nous lançant un grand « vous êtes les premiers » accueillant. Contrôle des passeports. Tout va bien. Contrôle des tests PCR. Tout va pas bien.
– Monsieur, le résultat doit être écrit en anglais, me lance l’hôtesse avec un grand sourire.
– Oui mais je n’ai que ça. Regardez, je l’ai fait au même endroit que ma compagne, le même jour, on a juste reçu des documents différents.
– Je comprends, mais ça ne passera pas avec la compagnie, relance-t-elle avec un sourire, un peu moins grand.
– Non mais regardez, c’est écrit « Négatif », c’est quand même compréhensible.
– Oui mais le résultat doit être en anglais. Attendez, j’appelle la compagnie.
8h22. Je commence à suer du front façon marathonien en bout de course. « C’est impossible » me lance ma compagne, « on a tout bien fait ! « Oui, mais tout bien fait ou non, on n’a pas le document attendu« , lui réponds-je, dans un état de sérénité à rendre jaloux Mathieu Ricard.
8h25. L’hôtesse revient, avec une tête n’augurant pas de nouvelles réjouissantes, et me lance un « désolé, ça ne passe pas auprès de la compagnie ». Et là, dans un éclair de lucidité, ma compagne – qui avait donc imprimé les documents hier soir – (re)lit le document dans son intégralité poussée par l’énergie du désespoir, et finit par lancer un « mais regardez sur ce paragraphe tout en bas, le résultat est écrit en anglais« . Soulagement général. Une hola commence à s’initier dans la foule (la foule des personnages qui s’agitaient subtilement dans nos esprits ). Tout va bien !
8h26 : Nous réalisons que nous avons bien fait de ne pas rebrousser chemin. Nous apercevoir à la maison que nous avions en fait les bons documents aurait pu être… contrariant. Nous pouvons néanmoins en tirer les trois leçons suivantes.
Les trois leçons du jour.
- Contrairement à ce que nous a appris notre éducation à la française, ce n’est pas nécessairement parce que cela fonctionne sur notre plan que cela fonctionne « en vrai ». Mon grand-père, un pur autodidacte, qui dirigeait la construction de ponts, se plaisait à se moquer de personnes nettement plus instruites que lui qui arrivaient à foutre un pont par terre quand leurs plans indiquaient que tout fonctionnerait à merveille. Alors que lui, fort de toute l’expérience acquise, arrivait à faire des ponts qui tenaient debout. Compte-tenu des temps hautement incertains dans lesquels nous évoluons actuellement, il serait pertinent de reformater notre logiciel et d’accepter que chaque situation comporte son lot d’inconnues. Il vaut donc mieux essayer d’anticiper – dans la mesure du possible – ces inconnues plutôt que de se satisfaire du bon respect des procédures.
- Nous programmons souvent les obstacles et autres difficultés que nous rencontrons dans la vie. En l’occurence, en nous focalisant sur ce code-barre renvoyant à un résultat en français, nous avons été incapables de voir que juste à côté sur ce même document se trouvait notre sésame, un résultat en anglais. Amusant de voir que tout ce stress généré la veille a également embrouillé l’hôtesse puisqu’elle même ne s’est concentrée que sur ce code-barre et non sur ce qui était écrit à quelques lignes de ce code-barre. Combien de fois dans notre vie nous focalisons sur ce que nous percevons comme problématique plutôt que de lever la tête et voir qu’une solution se trouvait juste à côté ?
- Nous craignons toutes et tous de nous faire remplacer un jour par des robots. Mais il faut bien avouer que si l’on en est rendu à suivre à la lettre des procédures, au point de distinguer un « négatif » d’un « negative » comme s’il s’agissait de termes totalement différents, sans aucune discussion possible, notre bon sens humain, que nous aimons tant revendiquer, n’a que peu d’intérêt… Une machine pourrait par conséquent très bien faire le job. D’ailleurs, l’aviation et le film Sully, de Clint Eastwood, offre une très belle illustration de cela. Le héros du film est un pilote qui arrive à sauver toutes les personnes à bord d’un avion subissant une avarie en écoutant son instinct plutôt que ce qu’indiquent ses différents instruments. Le seul problème est que l’humain n’étant par définition pas infaillible, comment savoir quand valoriser l’instinct ou la donnée ?
Bref, bien que la vie constitue définitivement une inépuisable source de sagesse, il est temps de fermer l’ordinateur et de profiter du vol. En espérant que tout se passera bien au retour 😬