Durant les vacances, j’ai lu l’interview d’un tennisman (pour être honnête je ne sais plus s’il s’agit de Lendl ou McEnroe) expliquant que malgré toutes ses années passées à peu ou pas jouer, la qualité de son jeu était restée la même. Il précisait en revanche que c’est sa condition physique qui avait – très naturellement – diminué.
Cette remarque, qui semble évidente a posteriori, tend à prouver que le talent ne se périme pas ! Quelqu’un possédant un don ne peut le perdre, ou voir ce don s’éroder ou se détruire. En revanche, il se peut bien que cette même personne sache tirer le meilleur profit de ce don à un instant donné pour ne plus savoir comment le mobiliser à l’instant suivant…. D’où l’expression maintes fois entendues dans de nombreux domaines de « talent gâché ». On ne parle en revanche jamais de « talent cassé » ou de « talent perdu ».
Il semblerait même parfois que le possesseur de ce don ne sache même pas vraiment comment la magie opère, s’étonnant de voir son environnement vanter une faculté dont il a parfois à peine conscience. Alors qu’est-ce qui explique que certaines personnes « brillent de tout leur feu » pendant un moment et connaissent ensuite une longue traversée du désert ?
Pour les sportifs, la réponse est bien sûr évidente : l’usure physique. Pour les tennismen professionnels, passés 30 ans, gagner un grand Chelem est considéré comme un exploit (même si Federer va probablement démontrer qu’on peut en gagner plusieurs… :)). Si leur talent reste inchangé, ils n’ont plus la condition physique nécessaire pour mobiliser leurs extraordinaires capacités.
Au sein d’une entreprise, l’usure physique peut également jouer sur la capacité d’un individu à mobiliser ses capacités, aussi extraordinaires soient-elles…. Au risque d’enfoncer une porte ouverte, deux personnes ayant le même cursus, occupant la même fonction et détenant toutes les compétences requises par celle-ci ne pourront exercer leur talent de la même façon si l’une habite à 5 minutes à pied de son lieu de travail et l’autre à 1h30.
L’énervement provoqué par les embouteillages, le fait d’avoir raté sa correspondance ou les grèves surprises est une perte sèche d’énergie qui se répercutera assurément dans leur travail. Ce fait est d’ailleurs appuyé par une récente étude expliquant que le fait d’habiter proche de leur lieu de travail constituait pour les candidats le deuxième critère le plus important (après la rémunération).
Au-delà du transport, l’usure physique provoqué par le stress, les conflits et autres « réjouissances » de ce type réduisent fortement les chances qu’un individu puisse donner le meilleur de lui-même.
L’usure psychologique reste également l’un des raisons majeures expliquant qu’un individu pourra démontrer tout son talent un jour et ne plus arriver à l’exprimer le lendemain. Cette usure psychologique peut venir d’un échec mal digéré, provoquant de nombreux doutes et une perte d’estime de soi (phénomène évoqué dans cet article). Elle peut également venir d’une lassitude liée à la répétition de certaines activités ou de certaines situations, d’opportunités semblant inaccessibles, sans parler des mille éléments de la sphère privée qui ont une forte incidence sur la sphère professionnelle.
Un management mal adapté peut bien évidemment jouer énormément sur la « fraîcheur » des collaborateurs et leur motivation. Cette notion d’adaptation porte sur l’environnement de travail, sur le mode de communication utilisé, sur la capacité du manager à développer ses collaborateurs ou non, etc. Cela met une fois de plus en évidence l’importance du management de proximité dans la capacité des collaborateurs à exprimer leur talent.
La culture de l’entreprise et son organisation constituent également des facteurs clés dans la capacité des collaborateurs à libérer leur talent, tant ils jouent sur l’état d’esprit dans lequel vont se trouver les collaborateurs.
Par ailleurs, si les – très nombreux – articles sur la Génération Y expliquent bien une chose, c’est que ces jeunes collaborateurs ont besoin de comprendre l’enjeu de leur fonction au sein de l’entreprise, le sens de leurs activités et le parcours qu’ils vont pouvoir suivre au sein de l’entreprise pour être motivés et « se défoncer » ! Autant ils peuvent travailler sans compter, autant il peut être impossible d’obtenir d’eux une action qu’ils n’ont pas envie de faire…. L’expression du talent est donc directement liée ici à la compréhension qu’à l’individu de son action au sein du collectif.
En conclusion, le talent ne se périme pas mais peut être voilé pendant un moment pour des raisons inhérentes à l’individu ou à son environnement. On en revient donc une nouvelle fois à l’idée qu’il faut bien un peu de chance pour se trouver au bon endroit, au bon moment au sein du bon environnement, qui permettront à une personne de démontrer pleinement toute l’étendue de son talent !
Un prochain post parlera des différents dispositifs permettant à une entreprise ne pas voiler ses talents 😉