Lors de la non-conférence #TruParis qui a eu lieu jeudi dernier, Julien Cotte, Alexandre Bonin et moi-même étions en charge de (non-)animer la session intitulée : « Le management de communauté, un outil de recrutement ? ».
Marie-Pierre Fleury, Jacques Froissant, Thomas Chardin, Pierre Marzin, Valérie Champault, Christelle Arquié et de nombreuses autres personnes sont également intervenues.
De nombreuses idées ont émergé de cette heure d’échange et de partage. Voici les trois thèmes qui m’ont interpellé et les réflexions qui en découlent :
Le management de communauté est-il forcément 2.0 ?
Lorsque l’on pense management de communauté, on pense immédiatement community manager et web 2.0.
Pour autant, si le management de communauté mobilise des valeurs telles que la collaboration, le partage, l’échange, qui sont au coeur de la posture 2.0, il ne passe pas que par le biais des technologies. Lorsque l’on organise une conférence, un petit-déjeuner, une réunion de travail autour d’un thème donné, on manage la communauté regroupée autour de ce thème.
Il y a 10 ans déjà, le Knowledge Management avait ses communautés de pratique. Quelques années plus tôt encore, la gestion de la qualité avait ses cercles de qualité.
Manager une communauté c’est réunir des personnes sur un thème qui les intéressent, provoquer la discussion et les échanges, et faire émerger des projets de collaboration permettant de produire de nouveaux éléments nourrissant le thème en question.
L’approche est moins élitiste que cela a parfois pu être le cas avec les communautés de pratique qui donnaient parfois l’impression – à tort – d’être réservées à des experts, à ceux qui « savent ». Aujourd’hui, tout acteur peut devenir contributeur à partir du moment où il peut livrer une expérience sur le sujet concerné. C’est en cela que les médias et réseaux sociaux fournissent un moyen puissant pour mettre chacun en position de contributeur.
Est-ce la techno qui fait évoluer le schème cognitif ou a-t-elle émergé parce que les schèmes cognitifs ont évolué…. Les deux sont sans doute un peu vrai.
Le managment de communauté, plutôt « push » ou plutôt « pull » ?
Si l’on se ramène cette fois au management de communauté qui s’appuie sur les médias sociaux, on se pose rapidement la question de savoir comment utiliser la page facebook de l’entreprise pour recruter. C’était d’ailleurs l’un des thèmes de la matinée.
La question posée est alors la suivante :
- Faut-il poster des offres d’emploi sur sa page facebook, au sein d’une rubrique dédiée ? On est alors plutôt dans une approche de type ‘push’ puisque l’on pousse une annonce à la communauté, et donc aux candidats potentiels ?
- Faut-il faire savoir, dans le cadre des différents échanges que le community manager peut avoir avec sa communauté que l’entreprise recherche quelqu’un sur un job donné, dans l’espoir que des personnes intéressées se manifestent ? Cela ressemble plutôt à un mode « pull » puisqu’il s’agit d’attirer les personnes intéressées en transmettant une info « l’air de rien ».
Certaines personnes dans la salle trouvaient curieux l’idée que l’entreprise ne publie pas d’offre sur sa page, ou renvoi vers un autre site sur lequel il est possible de candidater.
Je pense personnellement que l’enjeu clé, quelle que soit l’approche, est de provoquer l’acte de candidature en donnant envie, et pas simplement en faisant savoir ! Charge ensuite au community manager et à l’entreprise de savoir comment susciter cette envie. Cela renvoie directement à la question de la marque employeur.
À quelle direction est rattaché le community manager ?
La question de savoir à quelle direction doit être rattaché le community manager s’est inévitablement posée. Julien Cotte a expliqué qu’il était personnellement rattaché à la RH, mais parce que le DRH avait fait un important travail en amont pour que ce soit le cas.
Le poste de management de communauté ayant souvent émergé au sein de l’entreprise pour créer et gérer la marque employeur, il est souvent rattaché au service communication ou marketing, considéré comme responsable de la marque employeur.
Plus rarement, l’informatique peut porter le management de la communauté du fait qu’il s’appuie souvent sur des technologies informatiques que le service marketing ou le service RH ne maîtrisent pas toujours tout seul.
Il n’y a pas de bonne réponse dans l’absolu. La question est plutôt de savoir comment émerge le sujet et à quelle problématique il répond ?
Si le faite de travailler la marque employeur et de manager une communauté répond à la problématique RH visant à attirer les talents dans l’entreprise, cela me semble normal que le sujet soit porté par la RH.
S’il s’agit avant tout de faire connaître les valeurs de la boîte, ses produits, voir ses innovations, afin d’assoir son avantage concurrentiel, on est peut-être plus dans une problématique de communication.
Dans tous les cas, je pense que RH, marketing et informatique doivent travailler de concert car le management de communauté mobilise des compétences émanant de ces trois domaines. Ensuite, comme dans le cas de Julien et d’Alcatel, c’est l’acteur qui bataille pour le sujet du management de communauté qui doit logiquement hériter de sa « paternité ».
Beaucoup de personnes ont réagi à l’évocation de ce dernier point parce qu’évidemment, des éléments politiques peuvent venir contrecarrer ce raisonnement théorico-pratique.
Comment amorcer une démarche ?
Enfin, l’un des points posant problème sur le thème du management de communauté réside dans la difficulté d’obtenir un budget pour ce sujet encore jugé par beaucoup comme un centre de coût plutôt qu’un centre de profit.
Pour convaincre sa direction, rien de mieux que de s’appuyer sur les quelques success-stories du marché qui permettent de démontrer l’intérêt de la démarche, voir son ROI.
On peut également user de l’argument imparable : « Vous avez vu, la concurrence anime une communauté importante sur son blog, on a l’air un peu con avec notre boite mail sur notre site web non ? ».
Enfin, on peut aussi démontrer l’intérêt de la démarche pour un ou plusieurs processus métier et tenter d’évaluer le gain financier qu’elle générerait. Ce n’est jamais évident à faire mais on peut bien sûr partir de quelques éléments classiques tels que :
- Combien dépensons-nous en cabinets de recrutement et chasseurs de tête ?
- Combien cela coûterait de créer une page facebok et de financer un mi-temps de community manager ?
- Au bout de combien de recrutements la démarche sera-t-elle rentable ?
En conclusion, Truparis c’était vachement sympa ! 🙂
Bonjour Alexandre, merci pour ton billet 🙂 D’accord avec toi sur la considération essentielle de l’offline et de la posture « social » avant d’aller plus loin.
Dans la même lignée, dans l’atelier sur l’usage de techniques guérilla, Rob van Elburg avait mis en avant une de ses productions (vidéo sur le chasseur de têtes) mais aussi les évènements R.I.D.E qui réunissent des recruteurs pour résoter ou pour danser; soit ici, la musique pris comme frontière et le recrutement comme noyau, une combinaison de centres d’intérêt. L’exploration des frontières amène-t-elle à une humanisation plus importante, à un état d’esprit vraiment « social » ?
L’exploration des frontières favorisera à coup sur la diminution des silos ! Merci Lilan pour ton commentaire et bonne journée 😉
Avec plaisir. Excellente journée 🙂