Un article des pages scientifiques du Monde explique aujourd’hui pourquoi les gouttes de pluie n’écrasent pas le moustique. Pourtant, la masse d’une goutte de pluie peut être de 2 à 50 fois plus importante que celle de l’insecte. En fait, la goutte d’eau entraine le moustique dans sa chute mais celui-ci après avoir parcouru environ 13 fois sa longueur arrive à sen dégager. Alors bien sûr, il ne faut que pas que l’insecte vole trop près du sol…. L’une des conclusions de l’étude est que l’affreux moustique doit surtout sa survie à sa faible masse. Le moustique y est finalement présenté comme un maître de tai-chi chuan, prônant l’art de ne pas lutter contre les forces adverses mais plutôt de les accompagner.
En lisant cet article, je n’ai pu m’empêcher de me poser cette question : et nous, pourquoi n’arrive-t-on pas à se dégager des gouttes qui nous tombent dessus ? Toutes les directives européennes liées à la souffrance au travail et à la gestion du stress visent finalement à protéger chacun d’entre nous des foudres de l’entreprise. Mais nous le savons tous : la vie en entreprise n’est pas un long fleuve tranquille. Le surcroît de travail, les conflits interpersonnels, les contraintes organisationnelles, techniques ou économiques, l’exigence des clients, sont autant de gouttes dont beaucoup d’entre nous n’arrivent pas à se dégager…. Sans parler des gouttes liées au fait d’essayer d’entrer dans une entreprise ou de ne pas s’en faire sortir. Voici 2-3 techniques pouvant faire office de parapluie :
Ne pas lutter inutilement contre les gouttes
Si l’on se ramène à l’éternel principe de réalité, certains problèmes sont inévitables ! Le manager qui pique sa gueulante sans raison en réunion, le collègue de mauvaise foi, le client jamais content… on ne les changera pas ! On connaît tous ces « incontournables ». Pourtant, on se comporte souvent comme si on les redécouvrait à chaque fois, l’air étonné et attristé. Un homme averti n’en vaut-il pas deux ? Il est important d’arriver à se détacher des comportements que l’on sait répétitifs en comprenant qu’ils n’ont rien à voir avec nous. S’ils restent désagréables, il faut arriver à se dire qu’ils ne nous concernent pas et les observer avec un certain détachement. La bonne nouvelle : on peut même finir par s’en amuser ! Et les schémas répétitifs qui nous terrorisaient peuvent même finir par nous apparaître comme des leitmotivs. Un peu comme le « glisser sur le capot » de Starsky ou le « J’adore qu’un plan se déroule sans accroc » d’Hannibal (de bonnes références je sais ;).
Ne pas viser l’impossible
L’article est bien clair : le moustique ne cherche ni à éviter les gouttes ni à modifier leur trajectoire. Si l’on vous donne un objectif impossible à atteindre, vous avez certes un problème ! Surtout si votre manager le voit comme tout à fait réalisable. Mais tout le stress du monde ne le rendra pas plus atteignable… Pour en avoir fait l’expérience la semaine dernière, le simple fait de se rendre compte du caractère « impossible » d’une situation génère immédiatement une forme de soulagement…. On se dit alors simplement : que puis-je réellement faire face à cette situation ? Et on transforme ainsi une situation impossible en une situation quasi ordinaire, à ceci près que l’on accepte d’avoir à faire quelques « ajustements » sur ses ambitions ou objectifs. C’est ce que Paul Watzlawick (que je cite régulièrement) appelle le recadrage, pour qui le simple fait d’aborder une situation sous un angle différent fait émerger des solutions là où l’on n’en voyait pas.
Ne pas s’accrocher aux gouttes trop longtemps
Contrairement à nous, les moustiques se font emporter par les gouttes mais arrivent à s’en détacher au bout d’un moment. Les grands sentimentaux que nous sommes ramenons souvent nos gouttes à la maison…. Pour évoluer 40 ans en entreprise sans vieillir prématurément, il est essentiel de savoir décrocher ! C’est toute la difficulté dans un environnement technologique nous permettant de rester connecté 24/7 au travail. Pourtant, il est essentiel de savoir passer à autre chose, au travail d’abord : ne pas rester toute la journée sur une réflexion lâchée par un collègue lors de la première réunion de la journée, ne pas relire 52 fois un email qui nous a contrarié, etc. Et dans sa vie privée ensuite : non, on n’est pas obligé de lire ses emails au ciné, de préparer sa présentation sur son iPad le week-end, ou de relire pour la 53ème fois l’email qui nous a contrarié dans son bain.
Bien sûr, le réflexe du moustique ne concerne pas les « vrais » problèmes, c’est-à-dire ceux qui peuvent avoir une réelle incidence sur notre vie professionnelle. Mais sur un mois ou une semaine, quelle est la proportion de « faux » problèmes, c’est-à-dire de situations qui nous ont certes contrarié mais qui ne changent strictement rien à notre donne professionnelle ? CQFD…. Vive les moustiques ! 😉
J’aime cet article.
Si tes pas te conduisent au cinéma voir « Des saumons dans le désert », je pense que tu trouveras certaines similitudes.
A bientôt !
Ils ne m’y conduiront pas ce we mais je note ! Surprise in your mailbox monday morning 😉 ++
Très belle métaphore, effectivement, pas si éloignée de la réalité !
Merci.
Bon we
En parallèle on retrouve aussi les phases du deuil à surmonter 😉
C’est marrant, j’étais certains que tu ferais un article là-dessus. En plus j’y pensais. Bon peut-être à mettre à la poubelle pour moi ;-(
Ben mets-le en commentaires au moins 🙂 Désolé de t’avoir grillé la politesse, surtout que t’es quand même mon aîné ! 😉
Je ne suis pas très fan des moustiques, mais j’apprécie la métaphore, et l’article ! ^^