En route pour HR Tech Europe ! Je prends le taxi et commence à parler avec le chauffeur. Je me rends vite compte qu’il s’agit d’un entrepreneur motivé qui ne compte pas ses heures, ce qui résonne de façon particulière quand on a vu le très bon « Samba » la veille ;).
Il m’explique bien sûr les trésors d’effort qu’il faut déployer pour vaincre la paperasse administrative et pour arriver à faire autant d’argent que son prédécesseur qui – il y a quelques années de cela – travaillait probablement deux fois moins. Il me raconte également comment l’un de ses amis d’enfance a fait fortune aux Etats-Unis.
Son ami en question est parti pour NY à 18 ans avec, comme le veut l’éternelle légende, quelques dollars en poche. Il a cumulé jusqu’à trois boulots en même temps afin d’arriver à mettre de côté quelques 20000 dollars. Son projet : monter une entreprise de limousines. Le problème est que l’agrément permettant de conduire une limousine et de prendre des passagers dans la région de NY coûte environ 360000 dollars. Autant dire que trois boulots en même temps n’y suffiraient pas….
La personne en question va donc voir un banquier avec qui il passe plus de deux heures. Le banquier en question cherche à mieux le connaître, à comprendre son projet, bref, à se faire une idée. Il lui dit qu’il a besoin de réfléchir mais qu’il lui répondra dans la journée. Quelques heures plus tard, il lui demande de revenir à la banque immédiatement s’il le peut.
Le banquier le reçoit en compagnie de son N+1. A peine assis, il lui dit : « J’ai envie de parier sur vous, on va vous accorder le prêt de 340000 dollars ! ». De là, le copain de mon taxi a pu acheter sa première limousine et démarrer son activité. Il a aujourd’hui 7 limousines, employant ainsi autant de personnes, et a une belle maison dans la banlieue de NY.
Tout ça pour dire quoi ? Faire l’apologie du rêve américain ? Pas forcément… Mais cette histoire m’a touché pour plusieurs raisons :
- Que l’on veuille se l’avouer ou non, il est difficile de penser que la même chose pourrait se produire en France en 2014, et encore moins sur un mode à la « tope-la » façon Lino Ventura…
- On ne peut s’empêcher de faire le parallèle avec la relation recruteur-candidat. On se dit que l’on passe certainement à côté d’un grand nombre de talents, simplement parce que l’on manque de feeling ou que l’on se focalise davantage sur le fait de ne pas commettre d’impairs plutôt que d’oser prendre des risques
- Cette histoire met en évidence la puissance de la confiance, de la prise de risque, de la croyance en l’autre. Je sais, cela résonne un peu comme de la variété dégoulinante…. Mais les plus cyniques d’entre nous oseraient-il prétendre que l’atmosphère environnante – sociale et économique – ne serait pas meilleure si ces valeurs étaient mobilisées un peu plus souvent ? Et le business s’en porterait-il vraiment moins bien ?
- La façon dont ce prêt a été accordé renvoie nécessairement à tous les débats actuels sur le rôle que la machine devra jouer dans les années à venir au côté de l’Homme. Si le banquier en question avait suivi les recommandations d’un algorithme multi-critères exploitant les données recueillies concernant le demandeur, le prêt de ce dernier aurait-il été accordé ?
- Et finalement, si les débats sur le tandem Homme-machine sont actuellement si vifs, n’est-ce pas lié au fait que l’Homme préférera finalement toujours se tromper ou avoir raison sur la base de son seul jugement (combinant réflexions, impressions, incohérences, …) plutôt que de s’en remettre à la décision d’une machine ?
Une nouvelle fois, j’espère avoir de nouveaux éléments de réflexion sur toutes ces questions en sortant de HR Tech. En attendant, merci à Mounir (dont vous trouverez les coordonnées ci-dessous) pour cette belle histoire vraie !
En effet, aussi sophistiqués soient les outils d’évaluation, d’analyse, de ‘prédiction’ dont le business est entouré, l’essence même d’un bon partenariat reste la confiance et le courage de prendre le risque. C’est également tout l’enjeu du management d’aujourd’hui : suivre son instinct, croire au potentiel des talents qui nous entourent ! Comme le dit si bien S. JOBS : You have to trust in something — your gut, destiny, life, karma, whatever. This approach has never let me down, and it has made all the difference in my life
Bonjour
Pour completer cette analyse, j’ajouterai que le collaborateur a qui vous dites » vas-y, je te fais confiance » va se sentir pousser des ailes et donner le meilleur de lui-meme pour ne pas decevoir. Je suis assez mal a l’aise avec l’approche manageriale qui veut que toute erreur soit sanctionnee. S’il est important de donner des feedbacks aussi bien positifs que negatifs, il est aussi important de croire REELLEMENT que le collaborateur peut faire mieux et de lui faire confiance pour progresser. J’ai pu le verifier a de nombreuses reprises tant en tant que manager qu’en tant que managee.
Je sais, je suis une incurable optimiste qui crois qu’il y a un potentiel dans tous les collaborateurs et qu’il appartient au manager de le faire s’exprimer pour le bien de l’entreprise et de la personne… mais non seulement ca marche tres bien mais en plus ca rend le role du manager beaucoup plus riche.
Axelle
+100 😉
Merci pour votre commentaire
Bel article que je trouve inspirant. C’est vrai qu’il faut savoir miser sa confiance sur un talent…encore faut-il le faire sur le bon candidat 🙂