Je vous fais suivre aujourd’hui un article vu sur Challenges.fr, rédigé par Delphine Dechaux, traitant de la génération Z – succédant à la génération Y – et de ses attentes par rapport à l’entreprise. La publication de cet article suscite un certain nombre de remarques.
Tout d’abord, le fait de publier un article comportant deux buzz words tels que Génération Z et Entreprise a donné lieu à quelques commentaires sur Facebook, notamment de Franck La Pinta. La question est la suivante : est-il bien raisonnable de commencer à s’épancher sur la successeur de la Génération Y alors que celle-ci a déjà fait coulé tant d’encre, engendré tellement de débats (pour la plupart abscons) et dont beaucoup contestent les grands marqueurs ?
Ensuite, et c’était le sens du commentaire de Franck, l’article montre finalement que cette fameuse génération (de par son âge justement) ne connaît pas encore l’entreprise. En revanche, elle s’en est faite une idée très précise basée sur des a priori ou sur quelques stages qui ont pu être effectués.
Mais le plus intéressant selon moi, n’est pas tant – à l’instar des échanges concernant l’arrivée de la génération Y dans l’entreprise – de s’aventurer à une description anthropologique de cette génération Z que de mieux comprendre l’environnement de travail qui est le nôtre aujourd’hui. Car c’est bien l’évolution technologique, sociologique, économique, de notre société qui nécessite une (r)évolution du travail et de l’entreprise. Toute génération, qu’elle soit X, Y ou Z, ne porte finalement que les stigmates de ces grands changements sociétaux.
Alors oui, il y a bien un avant et un après Internet, qui a littéralement bouleversé notre rapport à l’information, à la communication, à la collaboration, à la transparence, à la façon d’établir des relations. Sans parler des myriades de services engendrés, allant d’Amazon à Meetic en passant par Wikipédia. Les personnes nées après l’avènement d’Internet adopteront naturellement les comportements adaptés à leur environnement, ce qui aura une incidence dans l’entreprise. Mais j’ai beau – pour prendre mon seul exemple que je connais un peu… – ne pas appartenir à la génération Y ou Z, mon rapport à toutes ces notions phares, et au travail en général, a évolué au fil du temps pour me conduire à me reconnaître dans le comportement de beaucoup de mes jeunes collaborateurs.
Le véritable intérêt, et nous allons une nouvelle fois reparler du rôle fondamental de la RH, est d’arriver à cerner au mieux le mille-feuille générationnel de sa propre entreprise et de tenter de construire un environnement cohérent. L’enjeu est de trouver le bon équilibre entre les attentes, aspirations, réflexes, pratiques et comportements de chacun, ceux-ci pouvant être très différents d’une personne à l’autre, et une organisation basée sur les enjeux, objectifs, pratiques, valeurs, vision et culture de l’entreprise. Et c’est l’étude de ce fameux mille-feuille et la quête de cohabitation associée qui devrait selon moi générer une multitude d’articles, plus que la focalisation sur une génération en particulier.
En attendant la suite, bonne lecture 😉
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Les entreprises perdaient déjà leur latin avec la génération Y- zappeuse, frondeuse, insoucieuse des hiérarchies. La vague suivante, la génération Z, s’annonce comme une déferlante plus redoutable encore. Car les moins de vingt ans, nés après 1995, portent un regard très dur sur l’entreprise tout en ayant des attentes extrêmement fortes à son égard. C’est ce que révèlent les résultats d’une première étude consacrée à cette génération, réalisée auprès de 3.200 jeunes par The Boson Project et BNP Paribas, et divulgués cette semaine.
Alors que leur seul contact avec l’entreprise s’est limité, pour la grande majorité, à un stage en classe de troisième, les moins de vingt ans emploient des mots très durs pour la qualifier. Ils y voient un univers « dur » (adjectif employé par 170 répondants) et « impitoyable » (63), « compliqué » (147), « difficile » (142 ) et même « ennuyeux » (44), « triste » (7) et « hostile ». N’en jetez plus…
Merci Alex pour ce billet. Je regrette effectivement que les conclusions de cette étude, et l’article que tu cites, passent à côté de deux enseignements à tirer : le premier est que ces jeunes connaissent très mal l’entreprise, et qu’ils en ont des à-priori. Car avec un seul stage de découverte d’une semaine au collège, qui est fait par moins de 1 jeune sur 2 (ce sont les stats) et aucun stage au lycée, il ne peut pas en être autrement. La responsabilité est à la fois du côté de l’éducation nationale (qui regarde encore souvent l’entreprise comme si c’était le diable, et des entreprises pour lesquelles ces populations ne présentent aucun intéret car elles ne représentent pas une cible de recrutement. Le second enseignement, c’est que cette méconnaissance ne va pas aider ces jeunes à choisir leurs études, d’où une absence de perspective, donc de motivation. Ces jeunes sondés mettent l’argent en premier dans leurs motivations (bonjour l’engagement à l’entreprise demain) mais continuent à s’orienter dans des filières d’études sans aucun débouché et emplies de chomeurs. Certes cele ne doit pas être la seule motivation pour choisir des études, mais un jeune informé en vaut deux !
Merci Franck pour ta (légendaire) réactivité et ton commentaire ;).
L’entreprise, cette nébuleuse… A nous de se battre pour donner une image différente de l’entreprise et montrer qu’elle peut être le siège d’un épanouissement personnel, et pas seulement un gagne-pain…
Comme dirait la Grande Sophie, du courage 😉
Une question angoissante me vient à la lecture de cet article et de vos commentaires : comment va t-on appeler la génération d’après la Z ??? No future…. 😉
🙂
La prise de conscience passerait-elle par la connexion virtuelle, internet…pour montrer le chemin moins visible, plus sensible de l’esprit humain?
Les hyper-connectés que sont les ados d’aujourd’hui (génération Z) ont trouvé à leur manière une façon de se « couper » du monde, de se centrer sur eux…Alors oui, l’entreprise devra certainement faire avec…et mettre en place des solutions « subtiles » pour répondre aux RPS…que cela pourra engendrer. Mais la technologie et le monde moderne ne leur apprend-il pas justement, à aller à l’essentiel (sans trop d’effort chemin tracé par la génération Y) en comparaison avec les anciennes générations?
Sur un plan plus personnel, si l’activité connectée est bien maitrisée…n’est-ce pas là le chemin vers un monde en fait plus humain…s’octroyant plus de distractions…de plaisir…et sachant avec simplicité se connecter à ses propres valeurs pour y puiser l’ambition, l’optimisme que ces ados portent en eux? L’entreprise saura évoluer elle aussi…
Merci Sandrine pour ce commentaire éclairé ! 🙂