Cela fait longtemps que je voulais écrire ce billet. Depuis les événements de Charlie Hebdo pour être honnête.
En voyant défiler ces photos, brutes, sans d’autres explications que les images elles-mêmes, je me suis demandé quelle était la différence entre le rôle de journaliste et celui de simple « badaud » doté d’un appareil photo et d’un compte Twitter.
Ce « malaise » s’est renforcé lors de l’annonce de la mort de Martin Bouygues le 28 février, rapidement démentie par l’intéressé lui-même. Pourquoi avoir poussé une telle information sans le minimum de vérifications requises ?
Bien sur, je ne suis pas sans ignorer que le scoop fait vendre, le scoop attire, la primeur de l’information est un différent fort… Mais depuis que j’ai créé ce blog, il y a maintenant 5 ans, j’ai souvent fait l’objet de reproches émanant de journalistes m’expliquant que je n’avais pas de carte de presse accréditant mes propos, les rendant légitimes. Cette remarque doit-elle être prise en compte sans questionner la légitimité ou pertinence des propos ?
Et après avoir fini le – formidable – livre de Guy Birenbaum décrivant magnifiquement la spirale de l’immédiateté et de l’hyper-connexion, on est quand même en droit de se demander ce qui différencie un blogueur d’un journaliste, si celui-ci n’apporte pas un recul et une grille de lecture qui permet au récepteur de l’information de la décrypter ou d’enrichir son analyse.
La lutte opposant Marine Le Pen a son père a fini de me convaincre d’écrire cet article, quelque peu en marge de la gestion des talents, de la RH ou des médias sociaux. J’ai beau avoir parcourir pas mal d’articles au sujet de cette sombre saga familiale, je n’ai vu nulle part évoqué le fait qu’il puisse s’agir d’une magnifique mise en scène visant à définitivement parachever la dédiabolisation de celle qui se rêve président de la République en 2017. Même si l’on sait Jean-Marie Le Pen capable des pires déclarations, l’accumulation récente de déclarations toutes plus provocatrices les unes que les autres pourraient nous laisser croire qu’il s’agit d’une tactique savamment orchestrée.
Je ne suis pas habituellement fan des théories complotistes et ne souhaite pas spécifiquement développer de thèses sur le Front national, mais cela illustre simplement que les journalistes « achètent » trop facilement à mon goût l’histoire qui nous est contée sans véritablement l’analyser, questionner ses fondements et la critiquer.