Quand le talent demande du temps

Toujours sur mon lieu de vacances, nous nous sommes promenés dans une belle forêt. Nous avons eu la chance de voir des « coco-fesses« , variété de cocotier de mer qui donne des noix de coco en forme de fesses. Il s’agit d’une espèce extrêmement rare qui ne se trouve nulle part ailleurs dans le monde. Si vous m’autorisez cette métaphore, il s’agit clairement d’un « talent rare » 🙂Cette variété bien particulière demande entre 20 et 40 ans pour arriver à maturité, et environ 25 ans pour qu’il fructifie. Notons que le cocotier de mer en question peut vivre jusqu’à 800 ans. Le fait qu’il n’en pousse qu’ici est lié à des conditions climatiques et environnementales bien spécifiques.

Si l’on poursuit notre métaphore, il en est de même du développement du talent ! Si le talent est une forme de « don » détenu par un individu, le développement de ce don et sa révélation en situation requiert parfois (voire souvent ?) beaucoup de temps.

Si Roger Federer a sans doute ce petit « quelque chose en plus » que les autres joueurs de tennis de sa génération n’ont pas, il n’aurait sans doute pas bâti une telle carrière sans années d’effort et de travail. Mozart avait sans aucun doute un don unique, mais il lui a quand même fallu séjourner à l’école de Vienne pour apprendre le solfège et écrire les compositions que l’on connaît. En bref, si le talent dans un domaine donné est une « graine » que l’on a en soi, cette graine nécessite du temps et des conditions adaptées pour pousser et donner des fruits.

C’est pourquoi la question du management des talents est si délicate…. Comment détecter les talents qui ne se sont pas encore révélés ? Comment leur offrir les conditions les plus adaptées à leur développement ? De combien de temps ont-ils besoin pour se développer et pouvoir se révéler ? Et combien de temps l’entreprise est-elle prête à leur accorder ?

Sur un marché de l’emploi en perpétuelle accélération et globalisé, difficile d’offrir du temps et un environnement adapté à chaque « talent graine ». Cela renvoie donc une nouvelle fois à la question des managers de proximité. Ne sont-ils pas les coachs ou tuteurs indispensables à la bonne pousse de chaque talent ? Mais comment peuvent-ils prendre du temps pour chaque collaborateur quand eux-mêmes doivent atteindre des objectifs ambitieux ?

Et une question – piège – supplémentaire se pose : existe-t-il des individus qui n’aient pas de talent ou de don particulier, et si oui, comment doit-on les manager ?

Le prochain post traitera de cette dernière question, largement sujette à débats !

En attendant, le premier à deviner mon lieu de vacances gagne un bouquin 🙂