Bref, j’ai raté ma GPEC…

Bonjour à tous les lecteurs du blog, je suis Julien Moulin, Directeur Projets chez Talentsoft (@Julio_RH).

Je vous retrouve pour cette Semaine des Talents 2012 suite à mes 2 précédents post « Talent wins games, team wins championship » et « Le marketing RH au service d’une politique de gestion des talents« .

Aujourd’hui, je vous propose de traiter les points clés de la mise en œuvre d’une GPEC sous un angle moins traditionnel  … à lire sur le ton de la série « Bref ».

Je vous laisse donc découvrir la tentative de mise en œuvre d’une GPEC par un collaborateur RH anonyme d’une entreprise anonyme… « Toute ressemblance avec des personnages existants ou ayant existé serait fortuite et indépendante de la volonté de l’auteur »

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Un matin, je suis arrivé au boulot, j’avais reçu une carte de vœux d’un presta RH avec en cadeau un tapis de souris sur lequel était écrit : « La GPEC, c’est bien ».

J’ai donc aussitôt décidé de lancer la GPEC dans mon entreprise.

Pour commencer, j’ai foncé sur Internet et j’ai recopié tout ce que je trouvais.

Durant 3 mois, j’ai produit entièrement seul 753 fiches de postes, 217 graphiques, 16438 compétences, 42 systèmes de notations associés dont un original au choix unique « bien ou bien ? ». Après avoir intégré toutes ses données dans un fichier zippé de 37Mo, j’ai imprimé la totalité (17 arbres auront servi cette cause) et l’ai soigneusement disposé sur mon bureau.

Je me suis dit qu’il manquait quelque chose, j’ai donc pris la décision d’aller recueillir l’avis de collaborateurs pour enrichir ma démarche.

Ma société étant répartie sur 5 sites, j’ai retenu l’option de débuter par un échantillon représentatif de mon entreprise, enfin… de mon site, plus précisément… de mon étage, voir plus exactement… du bureau d’à coté dans lequel travaille Jean-Louis, copain de café et accessoirement manager d’une équipe de 5 personnes.

J’arrive enthousiaste et lui dit fièrement « Je lance la GPEC dans la boîte, j’ai besoin de toi pour rédiger des fiches de poste », il me dit « assis-toi », je lui dis « C’est quoi tes tâches ? », il répond « Attends, dans quel cadre stratégique s’inscrit la mise en œuvre de ce projet ? », je le regarde, il me regarde, je le re-regarde, il me re-regarde, je lui redis « C’est quoi tes tâches ? », il me répond : « c’est toi la tâche ».

Il est vrai qu’au-delà de ses qualités d’encadrement, Jean-Louis dispose également d’un sens de l’humour aiguisé qui anime régulièrement nos soirées d’entreprise.

Après ce témoignage déterminant, je suis retourné à mon bureau envahi par mes docs et me suis dit qu’il me fallait absolument un super système informatique pour gérer tout ça.

J’ai décidé de prendre rendez-vous avec mon DSI, un mec inaccessible, mais qui jouait avec moi dans l’équipe de foot de la boite depuis 2 lundis, c’était donc forcément mon ami.

J’ai appelé sa secrétaire, je lui dis « je voudrais un rendez-vous avec le DSI », elle me répond « ça va pas être possible ». Je lui dis « c’est pour parler GPEC », elle me dit « Non, je vous connais pas », je lui réponds  « je travaille à la Direction des Ressources Humaines », elle me dit « Cet après-midi  15h, ça vous va ? ».

A 15h, le DSI m’accueille, il me dit « On se connait ? », bon, j’avoue que mon costume 2 pièces Armani tranchait avec mon combo « sweat-survet-transpi » du lundi soir. Quand il m’a fait m’asseoir et qu’il m’a dit « Alors, il parait que vous voulez me parler de JPEG ?! » ça sentait déjà la défaite…  Je me lance « GPEC, RH, R.O.I., Carrières, ordinateurs, logiciels, productivité, strass, paillettes… », il me dit « ERP, ASP, SAAS ? », ce type était trop fort en acronymes, il avait sans doute déjà gagné de nombreuses compétitions de Scrabble, je lui réponds fébrilement « Web 2.0 », j’ajoute « pas cher », il répond « Excel » et termine par « mais vu que votre tête me revient bien, je demande à la bureautique de vous offrir un tapis de souris ».

J’ai dit « merci », il a répondu « de rien », je me suis dit que c’était vrai.

En synthèse, j’avais :

  • Pas cherché de sponsor
  • Pas lu le plan strat
  • Pas étudié la politique RH
  • Pas communiqué
  • Rédigé un référentiel de 16 438 compétences  sans queue ni tête
  • Créé une cartographie avec + de postes qu’il n’en existe dans la paye
  • Pas obtenu un SIRH de gestion des talents
  • Et Jean-Louis comme seul soutien dans une boîte de 5000 personnes

Je suis retourné dans mon bureau. Je me suis aperçu que j’avais laissé la fenêtre ouverte. Le vent avait renversé tous mes docs par terre. Quand j’ai vu la tonne de référentiels, de tableaux Excel, de fiches de postes et autres graphiques improbables empilés sur le sol, je me suis dit que si j’y ajoutais une cheminée, j’avais devant moi la plus belle usine à gaz des Hauts de Seine.

Bref, j’ai raté ma GPEC …