Le Personal Branding influence-t-il nos comportements ?

J’écoutais hier sur Widoobiz Fadhila Brahimi parlant de façon très pertinente de la 3ème génération du Personal branding. Pour ceux qui ne sont pas familiers avec le Personal branding, je vous invite à lire l’article se trouvant sur le blog de Fadhila qui travaille depuis de nombreuses années sur ce concept.

En deux mots, le Personal branding est un processus visant à gérer sa marque personnelle, autrement appelée e-réputation ou identité numérique depuis l’avènement des réseaux sociaux. Selon l’expression consacrée du Knowledge management, il s’agit de faire-savoir ses savoir-faire, faire connaître ses talents et tout ce qui permet de nous distinguer des autres.

Pourquoi ? Je dirais tout simplement pour sortir la tête de l’eau dans un monde de plus en plus compétitif, et se donner davantage de chances de bâtir le projet professionnel qui nous permettrait de nous épanouir pleinement.

Ca c’est le concept. En pratique, il s’agit de mettre à jour son profil sur LinkedIn, Viadeo, Twitter, Facebook, et tous les sites (doyoubuzz.com, etc.) et réseaux sociaux permettant de faire connaître notre CV. C’est la partie « phare » de Dominique Cardon.

Il s’agit également d’interagir au maximum au sein de ces mêmes réseaux sur les sujets sur lesquels nous avons quelque chose de pertinent à ajouter. On retweete, on commente, on plussoie, etc.

On peut évidemment animer un blog centré sur notre thème de prédilection. Cela peut aller de la gestion des talents comme dans le cas de votre serviteur au cinéma italien des années 60 ou aux recettes de cuisine familiale. Un blog est un média naturel pour parler de soi puisqu’il est en général animé par celui qui souhaite partager sa passion ou ses centres d’intérêts.

Depuis quelques mois, on peut également parler de soi au travers de réseaux sociaux de géolocalisation comme Foursquare, et devenir Mayor de son entreprise ou du Monoprix en bas de chez soi. Cela constitue une façon originale de parler de soi et de sa vie. On entre d’ailleurs ici dans une sphère plus personnelle de sa vie. On peut depuis encore plus récemment devenir Master d’une émission de TV avec une application comme TVCheck.

Avec un réseau social comme Spotify, on partage ses goûts musicaux. On peut même permettre à tous les membres de notre réseau d’amis Facebook de visualiser en temps réel les titres que l’on écoute.

C’est d’ailleurs une anecdote récente sur Spotify qui m’a poussé à écrire ce billet et à me poser la question suivante : le Personal branding influe-t-il, de façon consciente ou inconsciente, sur nos comportements ?

Une amie de mon réseau Facebook travaillant à TalentSoft a récemment écouté la reprise de Worlds Apart de « Je te donne », le célèbre titre de Jean-Jacques Goldman. Le lendemain, elle était bien sûr – désolé pour les fans de Worlds Apart – sujette à des plaisanteries en tous genres de la part de tous les membres de TalentSoft faisant partie du même réseau. Elle qui a des goûts musicaux assez pointus s’est soudainement vue trainer une « casserole » (précisons d’ailleurs qu’elle nie totalement avoir écouté ce titre et ne comprend pas…).

Cela n’a bien sûr aucune incidence professionnelle, mais on peut se poser la question suivante : osera-t-elle de nouveau avant plusieurs semaines écouter un titre qui pourrait être jugé un peu « limite » par les membres de son réseau ? Me concernant, sachant que mes titres sont affichés en temps réel sur Facebook, oserai-je de nouveau écouter les Démons de minuit d’Images qui me replonge avec nostalgie dans mes années collège ? Cela serait peu compatible avec l’identité numérique que je souhaite véhiculer auprès de mon réseau musical….

Fadhila précise bien dans son article qu’il s’agit d’être le plus fidèle à soi-même, de façon à ne pas trahir ou survendre sa marque personnelle…. Mais de la même façon que les candidats ont tendance à embellir leur CV, chacun n’aura-til pas tendance à faire un « check-in » dans un endroit cool plutôt que Chez Mimile ? N’aurons-nous pas tendance à commenter des tweets sans n’avoir rien de spécial à dire l’histoire de générer de nouvelles interactions et faire augmenter notre Klout ?

Et que valent les compétences que nous prenons grand soin de mettre à jour sur Talent.me, la nouvelle application de Facebook, si nous taisons nos échecs et nos aires d’incompétence ?

Il en va de sa marque personnelle comme de toute publicité : on affiche ce qui nous met le plus en valeur de façon à attirer ! Rien que de très normal à cela. Mais si tout acte numérique contribue à notre Personal branding, dans quelle mesure celui-ci ne va pas réellement influer sur nos comportements ?