Comme je l’ai déjà indiqué précédemment, je suis en vacances ! Je suis parti avec mes potes me balader dans la jungle locale pour découvrir des sites archéologiques. La ballade était censée durer une heure, mais nous nous sommes copieusement perdus ! Nous avons marché pendant des heures dans une jungle pas particulièrement hostile mais particulièrement chaude, sans eau ni nourriture.
L’un de mes potes eut la bonne idée d’ouvrir une noix de coco pour nous désaltérer. Sauf qu’ouvrir une noix de coco à mains nues, c’est pas évident…
Après avoir essayé toutes sortes de procédés (taper dessus avec une pierre, lancer la coco contre une pierre, taper la coco contre un arbre, hurler sur la coco, la lancer en l’air…), il a finalement réussi à l’ouvrir. Il a après plusieurs heures compris qu’il valait mieux taper sur le haut de la coco qu’au milieu. Assurément, il est dorénavant doté d’une connaissance extrêmement utile lorsque l’on est perdu dans la jungle. Pas sur que cette connaissance lui soit très utile de retour à Paris en revanche.
Même si je l’écris et le dis depuis plusieurs années, j’ai compris plus que jamais à quel point le talent est contextuel ! Si le copain en question a été la star du jour, et qu’on lui a reconnu en plus d’une certaine obstination un véritable talent d’ouvreur de noix de coco, son talent restera méconnu et ignoré dès notre retour. Pourtant, sa capacité sera la même qu’ici, mais elle ne servira à rien.
Il en est de même pour chacun : avoir une capacité, aussi exceptionnelle soit-elle, est une chose. Disposer des conditions et de l’environnement qui permettent de l’exprimer en est une autre. Ainsi, durant toutes mes années de conseil en management, j’ai pu observer :
- Des directeurs marketing qui font des merveilles dans des entreprises anglo-saxonnes très orientées business et qui perdent toute leur créativité dans des entreprises françaises à culture familiale
- Des commerciaux faisant des merveilles lorsqu’il s’agit de vendre un produit et qui n’arrivent à rien lorsqu’il s’agit de vendre un service,
- Des développeurs très bons dans des SSII parce qu’on leur demande d’aller vite et de faire du spécifique, qui deviennent les rois des bugs chez des éditeurs dont la mission première est de proposer des produits qui durent,
- Des chefs de projet brillants lorsqu’ils conduisent un projet à la fois sur un temps très long, et totalement perdus lorsqu’ils conduisent plusieurs projets à la fois sur un temps très court,
- Etc.
Le talent, c’est pour les uns de la « matière première », pour les autres un don. Dans tous les cas, ce que l’on fait de cette matière première ou de ce don dépend du contexte dans lequel on se trouve. En entreprise, la capacité à exprimer son talent dépend de la culture de l’entreprise, de son organisation, des personnes avec lesquelles on travaille, des produits, etc. Sans compter tous les facteurs qui n’ont rien à voir avec le boulot et qui peuvent largement influer sur notre activités professionnelles.
N’oublions pas que le talent d’un jour peut devenir le quidam de demain, et qu’il est de la responsabilité de chaque manager et de chaque RH de fournir à chacun les conditions qui lui permettent de révéler ses possibilités. Cela se joue dès le recrutement. Un CV c’est bien, mais imaginer le candidat évoluer dans l’entreprise c’est mieux !
Alors chers amis ouvreurs de coco, allez trouver votre jungle 😉
Que mes proches se rassurent, l’histoire a été quelque peu romancée 😉
++
Alex
romancé ou non, c’est une tres belle histoire qui mérite un tonnerre d’applaudissement … bienvenue dans la jungle des reseaux sociaux … où il y a plein de noix de coco de la connaissance à savoir ouvrir … bonne journée à vous … et bon lundi …
A-t-on le droit de rire ? J’avoue de francs éclats de rire pour ma part. Mais qu’est-ce que j’ai été déçue par le premier message…
Dans le talent, je distingue le fond et la forme… sur la forme c’est une noix de coco, sur le fond ton ami est plein de ressources ou logique ou persévérant ou tout à la fois… Autant de qualités transférables à Paris ! Sur le contexte je suis entièrement d’accord : tous les environnements ne conviennent pas à tous les types de personnalités, voire certains sont toxiques et vont nous épuiser. Je renvoie vers la Process Com pour ceux que ça intéresse.
Merci 🙂
Je suis définitivement fan de ce blog.
Cet article illustre parfaitement les théories de Pierre Mirallès et Bourdieu:
Tout individu hérite de dons qui lui octroieront certaines dispositions pour un Talent. Ce dernier éclora lorsqu’il sera confronté à une situation donnée, nécessitant une compétence bien précise.
Bien que les outils 2.0 adoptés par les entreprises – SIRH « 2.0 », RSE et autres progiciels collaboratifs – peuvent mettre en avant des potentiels auparavant virtuels et non mobilisés, ne faut-il pas en nuancer ces effets ?
Si la noix de coco est un réseau social d’entreprise, la maîtrise de son utilisation (savoir ouvrir la noix de coco) apportera pertinence, visibilité et, in fine, une meilleure détection (pulpe de la noix de coco). Or la limite de notre affaire – environnement/contexte collaboratif et participatif – n’est-elle pas de favoriser les champions du talentueusement 2.0 ?
Convaincu de l’efficacité des technologies sociales pour la gestion des talents, même si difficilement mesurable (?), je suis néanmoins perplexe quant à la précocité des attentes du monde entreprise vis à vis des comportements du monde utilisateur.
J’aime mon mémoire de recherche.
Bonne journée électorale à tous.
Merci Maxime !
Bonne journée à vous aussi,
Alex
🙂