La « réunionite » à l’heure du 2.0 !

Les mécanismes collaboratifs proposés par les médias sociaux peuvent considérablement faire évoluer notre façon de travailler ensemble. La question du jour est de savoir à quel point cela peut influer sur notre ancestrale habitude de nous réunir ! Qui n’a jamais prononcé le mot « réunionite » dans son cadre professionnel ? Ce mot marque tout d’abord notre crainte de passer notre temps enfermé en salle de réunion. Il désigne également ce réflexe consistant à prononcer la célèbre phrase « on s’fait une réunion là-dessus » dès que quelqu’un pose une question. Il peut également désigner le fait de systématiquement réunir 15 personnes lors de chaque réunion, après avoir envoyé une trentaine d’invitations dans un email. Ce même email que Thierry Breton voulait supprimer il y a plus d’un an déjà pour mieux valoriser les échanges sur les réseaux sociaux.

Se réunir est indispensable en entreprise, et tout le monde le sait. Mais on ne sait pas toujours quand, comment et pourquoi organiser une réunion. La question se pose d’autant plus aujourd’hui que les moyens de communication et de collaboration à notre disposition sont beaucoup plus nombreux qu’avant :

  • On peut poser une question par chat à l’un de ses contacts,
  • Rechercher de l’information sur le Wiki de son entreprise ou le Blog d’un de ses collègues,
  • Echanger au sein d’un groupe sur son RSE ou sur G+,
  • S’envoyer des messages de moins de 140 caractères sur Twitter,
  • Etc.

Dans cet environnement technologique, à quoi servent les réunions ?

Une réunion sert à communiquer

Avant l’avènement des emails, se réunir était nécessaire pour informer en même temps plusieurs personnes d’un élément les concernant, directement ou indirectement. Avec l’arrivée des emails, on a cru pouvoir remplacer ces réunions d’information par de longs emails envoyés à ces mêmes personnes, avant de s’apercevoir que les emails n’étaient pas tant lus que ça ou que ce n’était pas toujours un bon canal de communication. Aujourd’hui, les médias sociaux offrent des alternatives aux emails intéressantes, plus ou moins formelles, plus ou moins structurées : info sur un mur, un Wiki, un Blog, une plateforme de partage, un flux RSS, etc.

La question à se poser avant d’organiser une réunion d’information est donc la suivante : ai-je besoin de réunir ces personnes physiquement pour leur transmettre l’information ou bien puis-je utiliser l’un de ces outils ? La réponse émerge naturellement en se posant cette question annexe : je cherche plutôt à transmettre une information ou faire passer un message ? On passe alors de l’information à la communication ! 

Par exemple, pour informer des gens que les locaux seront fermés le 13 juillet, ce n’est peut-être pas la peine de réunir toute la boîte. En revanche, annoncer un chiffre d’affaires record d’un simple email est probablement une belle occasion manquée de célébrer ensemble la récompense des efforts fournis sur les derniers mois !

Dans un registre moins fun, annoncer une baisse de chiffre d’affaires ne peut pas non plus se faire via un outil, aussi social et ergonomique soit-il…. Une information de ce type nécessite d’être communiquée comme il se doit, et il est important dans ce cas de réunir les gens physiquement.

Une réunion sert à prendre des décisions

Se réunir pour prendre une décision est probablement l’une des raisons d’être premières d’une réunion ! Néanmoins, bon nombre de réunions visant à prendre des décisions tournent à la réunion d’information, par manque de préparation de la réunion. En cela, les médias sociaux peuvent fournir des moyens de préparation de la réunion beaucoup plus nombreux qu’auparavant. Je pense notamment aux bulles de G+, au chat, à tout ce qui existe déjà sur les Wikis et autres outils de partage de l’entreprise, etc.

En fait, il doit y avoir un « owner » de la réunion qui met les autres en position d’arbitrer sur l’objet de la réunion. Si vous avez affaire à quelqu’un pour qui le 2.0 ne signifie rien, vous aurez le droit aux traditionnels envois d’emails massifs, dans le meilleur des cas. Sinon, la personne saura vous guider vers les différents supports et outils qui permettent de se préparer au mieux. Charge ensuite aux participants de prendre le temps nécessaire pour ne pas perdre le leur en réunion, et faire perdre celui des autres….

Une réunion sert à coacher

Le reporting entre un collaborateur et son manager s’effectue souvent en réunion. C’est peut-être sur ce point que le 2.0 peut aider à gagner du temps et minimiser le nombre de réunions nécessaires (cf. le poste précédent sur le reporting 2.0 et les commentaires associés). Un outil comme Asana permet par exemple de suivre l’avancement des tâches de ses collaborateurs au fil de l’eau sans que l’on ait besoin de les réunir.

Je pense en revanche que ces réunions ne doivent pas être supprimées mais transformées en réunions de coaching/développement visant pour le manager à aider au mieux son collaborateur à exécuter les tâches en question avec succès ! C’est une façon très concrète de passer d’un mode manager/superviseur à un mode manager/développeur, même si l’un n’empêche pas forcément l’autre.

Une réunion sert à se réunir 🙂

N’oublions pas que si dans certaines entreprises, une réunion est un moment d’appréhension, dans d’autres c’est un bon moyen pour des personnes qui ne font que se croiser de passer un moment constructif et agréable ensemble. Si l’on qualifie et l’on prépare correctement la réunion, et que l’on évite les traditionnels écueils décrits précédemment, passer du temps avec les personnes les plus calées sur un sujet donné est souvent enrichissant et stimulant ! Et amène une vraie valeur ajoutée à l’entreprise car il s’agit de valoriser l’intelligence collective des forces en présence. On se place alors dans la droite ligne du knowledge management et de son célèbre 1+1=3.

Allez, je vous laisse, j’ai une réunion 😉