Bonjour, je suis Yann Kahloun, Consultant technique chez Talentsoft. Récemment, nous avions une discussion avec un collègue sur le fait qu’il soit « normal » ou non qu’une nouvelle version logicielle comporte son lot d’anomalies. Plus précisément, nous nous interrogions sur l’industrie logicielle et ses pratiques.
Il est aisément reconnu qu’aucun logiciel n’est livré sans anomalie. Pire encore, il est admis qu’une correction d’anomalie peut entrainer une nouvelle anomalie… Si ce genre de situation est acceptable lors de la production d’un jeu vidéo ou d’un outil de gestion de planning, elle est impensable dans le cadre du développement du tableau de bord d’un Airbus A380…
Alors comment font-ils ? Les mesquins diront que le budget alloué aux tests est significativement différent selon les secteurs d’activité… Et ils n’auront pas tort… Cependant, je vous déconseille de vous présenter fièrement dans le bureau de votre patron avec cette découverte sous le bras.
Quitte à décevoir les plus optimistes, je n’avais pas dans l’idée de vous apporter des solutions prêtes à l’emploi (et si cela arrivait, je déposerais probablement un brevet avant ;)). Cependant, comprendre le pourquoi peut aider à appréhender le comment…
Quels autres facteurs diffèrent entre notre logiciel de planification et un A380 ? Les délais ? Oui ! Mais encore …
Etrangement, ce sont les fonctionnalités les moins complexes qui sont les plus génératrices d’anomalies. On voudra, par exemple, proposer la fonction « partager » à toutes les sauces. Plus il existe de cas d’utilisation, plus on a de chances de perturber le fonctionnement de notre bouton « share ». A contrario, l’indicateur d’altitude de notre avion de ligne n’a été conçu que pour un contexte très restreint.
Mais la fonctionnalité à développer est-elle la seule fautive ? L’expertise de la personne chargée du développement joue forcément. Alors oui, une personne chargée de développer un altimètre est forcément un expert aéronautique, alors que celle à qui l’on a donné le développement d’un des modules de notre gestionnaire de planning peut difficilement être un expert du planning…
Il est même imaginable que le développeur d’altimètre construise des maquettes de Rafales dans son garage, alors que notre développeur web préfère s’occuper du site de l’association des boulistes de Nogent le Rotrou… Le « niveau » de ces deux personnes est-il fondamentalement différent ? Peut-on parler de talents ? Si oui, lequel des deux est un talent ?
Et la motivation, encore elle, ne joue-t-elle pas un rôle clé dans notre réflexion ? Et quid de l’engagement, de la conscience professionnelle ?
Nous l’avons dit et redit, le talent est contextualisé ! C’est pourquoi j’ai la profonde conviction que le sujet de cet article est une erreur. Nous ne devrions pas essayer de comparer les talents 😉
Merci Yann !
La contextualisation des talents est aussi vrai sur un même domaine d’expertise et deux entreprises similaires. En effet, si dans l’une, une confiance sans limite est donnée à ses salariés quand dans l’autre, le flicage est monnaie courante, in fine, nous n’aurons pas les mêmes produits. Les employés de la deuxième entreprise ont-ils moins de talent que la première ? pas sûr…
Merci Benjamin pour ce commentaire !
La notion de « flicage » (appelons ça encadrement) est en effet importante quand il s’agit d’identifier un talent potentiel. Nous connaissons tous le stéréotype du développeur « génie » incapable d’intégrer ses travaux à un ensemble de qualité « moindre ».
Peut-on dire que ce profil est talentueux ? Tout dépend du contexte…
Une entreprise doit impérativement choisir une politique d’encadrement globale afin d’éviter les inégalités. Le revers de la médaille ? Votre collaborateur « coup de génie » se sentira peut-être bridé. A contrario, certains sont demandeurs d’un encadrement renforcé qui permettra de minimiser les efforts inutiles.
Ainsi recruter un talent est plus qu’une liste de compétences. Il existe des stéréotypes… Votre développeur « génie » ne saura pas prendre le recul nécessaire et accepter que ses idées ne soient pas toujours priorisées ? Face à tant d’inconnues, je pense qu’il ne nous reste plus qu’à faire confiance au H de RH 🙂