Il est 4:49 du matin, je suis dans une chambre d’hôtel à Stockholm, et je viens enfin de comprendre un peu mieux le célèbre slogan publicitaire lancé par Apple en 97 : Think different ! Je ferais mieux de dormir me direz-vous ? Pas sûr…
Lundi matin, nous avons soulevé lors d’un comité de direction un certain nombre de questions, dont une question récurrente concernant une évolution produit. Bien que très intéressante, la question est restée de nouveau en suspens. Quelques heures plus tard en fin d’après-midi, je pars en Suède pour travailler avec le patron de notre filiale.
Dans l’avion, je discute avec mon voisin suédois de tout et de rien, notant les célèbres « small things » qui font le sel des cultures voisines. Après avoir pris le Arlanda Express, me faisant croire quelques instants que j’étais dans Total recall, j’arrive à la gare où je redécouvre les joies du Burger King. J’avais déjà dîné dans l’avion, mais la nostalgie a pris le dessus :). Après m’être perdu dans les rues enneigées de Stockholm, j’arrive finalement à mon hôtel vers minuit. Je découvre avec joie une chambre très bien décorée, mais sans fenêtre, qui me rappelle pourquoi Hotels.com propose des prix intéressants.
Et là, en pleine nuit, Eurêka ! La question récurrente trouve sa réponse. Je ne saurai même pas dire si je dormais ou si j’étais vaguement réveillé. Solution tellement évidente, tellement simple, que je mets 5 minutes à me demander pourquoi je n’y ai pas pensé avant, depuis tout ce temps…. J’étudie la solution et la « secoue » un peu pour m’assurer qu’elle résout bien mon problème, et non seulement elle y répond bien, mais constitue probablement une réelle innovation produit. Alors l’autre question qui m’est immédiatement apparue est celle-ci : à quel point ce déplacement et son lot de petites différences ont contribué à faire émerger cette idée ?
L’une des difficultés que nous rencontrons dans nos activités professionnelles, aussi intéressantes soient-elles, est de s’insérer – plus ou moins consciemment – dans une routine, un quotidien. Qu’on le veuille ou non, ce quotidien nous enferme dans un certain nombre de « patterns », de schémas cognitifs, qui limitent le champ des possibles. Sans même nous en rendre compte, nous avons tendance à interpréter chaque situation à la lueur d’anciennes informations, d’anciennes connaissances, d’habitudes, minimisant notre capacité à trouver des solutions neuves aux problèmes qui nous sont posés.
Comme le dit Paul Watzlawick, pour innover, il faut sortir du cadre ! Mais comment sortir du cadre enfermé dans un quotidien ? Le fait de rompre avec ce quotidien, en dînant deux fois par exemple ou se perdant de nuit dans une ville étrangère, libère assurément des forces vives qui sont en nous mais restent inexploitées. Comme si la situation vécue nécessitait que l’on aille chercher de nouvelles données dans notre disque dur plutôt que de se contenter de celles qui sont en mémoires cache (désolé pour cette métaphore réservée aux amateurs d’informatique…). Se faisant, on fait évoluer notre schéma d’interprétation et peut construire une nouvel espace du problème (relire à ce sujet Newell & Simon).
Alors cette semaine, pour nous donner une chance de trouver des solutions neuves à nos anciens problèmes, pourquoi ne pas essayer de rompre avec notre quotidien et voir ce qui arrive ? En commençant pas des choses aussi simples que de modifier son trajet pour aller au travail par exemple. Cela laissera au moins un peu de place à l’inattendu, si ce n’est pas ce que nous redoutons justement 😉 Évitons d’adopter la devise des Shadoks : Il vaut mieux pomper même s’il ne se passe rien que risquer qu’il se passe quelque chose de pire en ne pompant pas. J’attends vos commentaires et retours d’expérience avec impatience.
P.S. : Relire l’article de Julien Plée sur le même sujet : Pensez différemment, soyez passionnés et incarnez le talent !
Bonjour Alexandre,
Beaucoup de plaisir à lire cet article dans le style d’un roman…. tu m’as embarquée dans les rues de Stockholm et dans ton voyage 🙂
Je partage ta conclusion car j’ai moi-même constaté souvent et dans différentes organisations à quel point une rencontre, un déplacement, un environnement et des sujets renouvelés nous inspirent, changent notre prisme et nous rendent plus créatifs… Pour ma part, les arts et notamment la peinture ont ce même effet.
Quand j’étais DRH, j’appréciais particulièrement ces opportunités de décalage et d’oxygénation externes que l’on peut aussi trouver en interne tout simplement en s’intéressant pleinement aux autres activités de l’entreprise : d’autres modes de pensées, d’autres pratiques, d’autres réflexes, etc.qui peuvent nourrir nos réflexions.
Aujourd’hui, dans une autre posture, je trouve toujours autant de plaisir et d’enrichissement à découvrir une trajectoire individuelle, des expériences professionnelles éloignées de mes bases… un secteur d’activités inconnu, ses enjeux, ses modes d’actions, son fonctionnement…
Penser out of the box, un mélange de hasards, d’aptitude à l’ouverture et de volonté d’ouverture ??
Bonjour Alex,
Je t’invite, ainsi que tes heureux lecteurs, à regarder cet extrait de TedxParis 2012.
Tu as vécu ce que Cédric Villani explique et illustre à merveille.
http://www.youtube.com/watch?v=crM1Z-x-o_Q
A bientôt
Jérôme
Bonjour Alex, j’aime tout votre message et particulièrement un joli ‘lapsus’ dans l’avant-dernier paragraphe ou vous écrivez ‘se faisant’ au lieu de ‘ce faisant’. Car l’état de conscience altérée que vous décrivez se prête en effet à l’innovation et, d’une certaine manière, c’est non seulement le CE faisant qui est à l’œuvre lais aussi le SE faisant…votre SOI a été stimulé et vous a trouvé la solution!
Claude
Merci beaucoup pour votre commentaire Claude, quasi mystique non ?
Faites-vous des recherches en neurosciences ? Avez-vous lu le magasine « L’Inexploré » dont le dernier numéro fait état de recherches sur la conscience ?
A bientôt,
Alex
Merci beaucoup pour cette vidéo Jérôme ! De façon générale, j’aime beaucoup les billets de Villani du Monde.
A bientôt,
Alex
Je ne suis pas chercheur scientifique, mais consultant/coach dans le domaine des sciences de la vie (pharma, biotech, technologies médicales, etc.) notamment pour des dirigeants et des personnes en situation de prendre des décisions à propos de l’innovation.
Mon commentaire pouvait effectivement apparaître comme un peu mystique…mais ce que vous décrivez m’a fait penser à ces états de créativité créés par la ‘sortie de routine’ qui réveille des énergies enfouies.
Je m’intéresse en effet aux neurosciences, et notamment en microbiologie cellulaire, avec les lois de la physique quantique qui pourraient trouver des applications sur la compréhension de la conscience, et le rôle des cellules qui pourraient ‘héberger’ la conscience, et pas seulement le cerveau, aussi intelligent soit-il!
Merci pour la référence à l’Inexploré que je connais pas
Cordialement,
Claude