Yves-Marie Le Bourdonnec : Le talent d’être boucher !

J’ai mangé samedi soir l’une des meilleures côtes de boeuf de ma vie, constatant une nouvelle fois béat que le talent peut se révéler dans n’importe quel domaine. Y compris dans un domaine aussi peu glamour que la boucherie. Et quand le talent en question éclôt aux yeux du grand public, c’est le domaine tout entier qui devient hype.

Après que Paul Bocuse ait ouvert la voie de la célébrité aux cuisiniers et que Steve Jobs ait transformé les chefs d’entreprise en rock stars, c’est au tour d’Yves-Marie Le Bourdonnec de creuser son sillon. Propriétaire de la boucherie Le couteau d’argent à Asnières, il s’est récemment fait un nom dans le monde de la nuit en fournissant les célèbres Beef Club ou Blend (où l’on peut déguster un merveilleux burger, pour peu que l’on aime attendre deux heures dehors). Il était déjà cité par le New-York Times en 2008 et à vu cette année les articles du Monde et consorts se succéder. Comment une personne peut-elle bouleverser à elle toute seule son secteur d’activité ?

Aimer ce que l’on fait

Quand on entre dans sa boucherie, on sent que Yves-Marie Le Bourdonnec (YMLB) aime ce qu’il fait. Il y a des photos de lui au mur montrant comment il fait vieillir sa viande 60 jours pour lui donner ce goût si caractéristique. Les employés sont souriants et ne sont pas avares de conseil. Ils appellent les clients par leur prénom et cela les met visiblement de bonne humeur. En bref, aller à la boucherie devient presque aussi sympa que d’aller chez Virgin (ok, j’exagère peut-être un peu). On sent bien ici que YMLB  ne fait pas ça que pour gagner sa vie : il a clairement envie de régaler ses clients. En même temps, il avait déjà la vocation à neuf ans ! Quand l’idee de devenir boucher est pour beaucoup une menace, c’était pour lui une ambition.

Ne pas tomber dans la facilité

Tous les bouchers savent préparer un steak haché, mais YMLB a une recette miracle qui lui vaut de fournir de nombreux restaurants et chefs (notamment Yannick Alléno). Il choisit lui-même les bestiaux qui finiront dans sa chambre froide. Il prépare la meilleure viande Wagyu du monde. En clair, il fait la même chose que ses confrères, mais en mieux ! Cela confirme la thèse affirmant que, s’il possède assurément un don en matière culinaire, c’est son travail acharné et l’intérêt qu’il porte à chaque détail qui lui permettent de se distinguer des autres. Il veille à ne jamais tomber dans la facilité. Cela vient assez naturellement quand on aime ce que l’on fait (cf. le point ci-dessus).

Faire vivre un écosystème

Difficile pour un boucher de faire appel aux services de publicitaires pour se faire connaître du grand public. Le plus efficace pour sortir du lot est de faire en sorte que ce soit des personnes ayant déjà pignon sur rue qui fassent votre pub. Yannick Alléno et Alain Ducasse ont fourni deux cautions importantes ! En apposant leur tampon, ils ont en quelque sorte adoubé YMLB. Même chose avec Olivier, Romée et Pierrre-Charles, patrons des  » Bars to Be » parisiens (Expérimental Cocktail Club, Prescription, Curio, …). En tirant profit de leur incroyable percée parisienne et en devenant le fournisseur officiel de l’une de leurs dernières créations (le Beef Club), il a accéléré son essor.

En conclusion, Yves-Marie Le Bourdonnec vient de démontrer qu’il n’y a pas de domaine aux parois trop épaisses pour empêcher les talents de se révéler. Alors quel que soit votre métier ou vos activités, tâchez de les élever au rang d’art pour faire profiter de votre talent au plus grand nombre !