Startup contre géants : une relecture moderne de David et Goliath ?

J’ai récemment lu un article du monde.fr expliquant que de nombreux salariés quittaient des entreprises aussi puissantes que Google, Apple ou Facebook pour aller travailler dans des startup en devenir, par définition beaucoup moins prestigieuses et à la pérennité beaucoup plus incertaine.

Ces jeunes pousses permettent notamment à ceux qui les rejoignent d’envisager toucher le jackpot lors d’une éventuelle future introduction en bourse et d’accéder rapidement à des fonctions de direction beaucoup plus longues à atteindre autrement. C’est ainsi que ceux qui ont rejoint Facebook il y a quelques années sont en effet immédiatement devenus millionnaires lors de sa légendaire introduction en bourse.

A noter que l’inverse est aussi vrai puisque ces mêmes mammouths de l’informatique n’hésitent pas à faire leurs courses chez de jeunes entreprises (je le constate tous les jours chez Talentsoft… ;). Pour accélérer un peu le processus et recruter plus rapidement les talents tant convoités, les géants vont jusqu’à racheter ces entreprises, non pas parce qu’ils s’intéressent à leurs produits, mais parce qu’ils s’intéressent à leurs salariés ! Cela porte un nom : l’Acqui-Hire. Ce phénomène est loin d’être nouveau.

Un très bon article décrit en détail ce phénomène en mettant en évidence l’un des problèmes intrinsèques : si ce n’est pas pour le produit qu’une société est rachetée, celui-ci a de forte chance d’être « tué » pas son acheteur… au détriment des clients. Le moins que l’on puisse dire est que cette approche n’est pas très customer-centric. L’article fait néanmoins remarquer que l’Acqui-Hire offre une belle porte de sortie a des startup qui ne pouvaient plus obtenir d’argent supplémentaire de la part des financiers et « agonisaient » quelque peu, tout en pouvant se vanter d’avoir été racheté par un « gros » qui sait forcément ce qu’il fait.

Le phénomène a bénéficié d’un très gros coup de pub lorsqu’en décembre 2012, Marissa Mayer, alors fraichement nommée CEO de Yahoo, a vanté les mérites de cette approche dans un article. Elle met notamment en évidence les atouts suivants :

  • On peut garder l’équipe recrutée intacte plutôt que la démanteler
  • On recrute des innovateurs
  • On recrute également le CEO et sa capacité à diriger l’équipe recrutée
  • Les personnes recrutées ont déjà fait leurs preuves
  • C’est la seule stratégie qui peut vraiment fonctionner quand Google et consors sont perçus comme de trop grosses entreprises par des personnes en soif d’aventure
  • Etc.

Un récent article de Techcrunch mettait néanmoins en évidence que bien souvent, si l’acheteur et le vendeur retrouvaient leurs petits dans l’Acqui-Hire, ce n’était pas le cas de l’investisseur. L’auteur explique que le phénomène ne peut être véritablement durable que si les trois parties s’y retrouvent, sans quoi cela pourrait modifier la logique suivie par les investisseurs qui chercheraient alors à sécuriser davantage leurs investissements et minimiser les risques.

A la lecture de tous ces articles, on ne peut s’empêcher de penser au combat opposant David et Goliath tant les méthodes de recrutement et les moyens associés entre les jeunes poussent qui débauchent chez les géants et les géants qui rachètent les jeunes poussent peuvent différer. Une nouvelle fois, pas sûr que les clients finaux soient les grands gagnants de tout cela, en tout cas lorsque le produit est amené à être brutalement terminated. C’est pourquoi les acheteurs se doivent vis-à-vis des clients de s’interroger sérieusement sur la question de la pérennité du produit.

Mais vous, qu’en pensez-vous ? 😉