Vacances rimant avec détente, je me suis adonné à l’un de mes passe-temps favoris : la lecture de 5 majeur ! Ce magazine traitant exclusivement de basket américain a pourtant soulevé un point très important de la sphère RH : le salaire d’un individu est-il proportionnel à son talent ? Cela n’est jamais très bien vu de parler d’argent en France, mais soyons fous 🙂
Le magazine faisait remarquer que Lebron James, qui est assurément perçu comme le joueur en activité le plus talentueux de sa génération, est loin d’être le mieux payé (même s’il n’est pas à plaindre bien sûr…). Il n’est pas le mieux payé de la ligue, mais il n’est pas le mieux payé de son équipe non plus…. Comment les dirigeants de son équipe en arrivent-ils à payer de façon équivalente Lebron James et Chris Bosch (pivot largement surestimé pour des raisons marketing), qui ne met que quelques points par match et n’a jamais à lui seul fait basculé le cours d’un match ?
Il en va de même en entreprise, les collaborateurs les plus impactant – que ce soit par leur performance, leur influence, leur capacité d’innovation, … – ne sont pas toujours les mieux payés de l’entreprise. Cela, à l’instar de Lebron, s’explique de plusieurs façons.
Lors de votre première embauche, quelle entreprise et quelle fonction avez-vous choisi ?
Ne nous mentons pas, ce point va être déterminant pour l’ensemble de votre carrière. La première entreprise qui accepte de vous embaucher fixe en quelque sorte votre « valeur marché ». Certes, cela ne vaut qu’à un instant t, mais il est quand même bien rare que l’employeur suivant ne demande pas à combien vous émarger ou vous propose de faire un bond de 35%. C’est ce qui est arrivé à Lebron James en rejoignant Cleveland il y a un peu moins de 10 ans. Il aurait rejoint une grosse écurie comme les New-York Knicks ou les Los Angeles Lakers, il y a fort à parier qu’il aurait touché davantage lors de son arrivée en NBA.
Indépendamment de l’entreprise, le choix de votre fonction a bien sûr une incidence majeure sur votre rémunération. Un commercial, quel que soit son talent et sa réussite, gagnera en moyenne plus qu’un chef de projet ou un comptable. Il convient par conséquent de bien choisir ses priorités quant à la quarantaine d’années de travail à venir : plutôt l’intérêt que l’on porte à un job donné (plus exactement à son contenu) ou la rémunération associée à un job qui nous intéresse potentiellement moins ? Il faut garder cette priorité en tête afin par la suite de ne pas avoir de regrets ou ne pas ressentir une quelconque aigreur à l’égard de ceux qui touchent plus que nous.
En résumé, votre premier job – beaucoup plus fortement que la teneur de vos études – va déterminer votre trajectoire, à la fois métier et financière. Alors, si vous avez la chance d’avoir le choix, faites le bon 😉
Quand avez-vous rejoint cette entreprise ?
Un précédent billet s’intitulait « Timing is everything », et c’est encore le cas ici. Si vous rejoignez le PSG déficitaire de 2004 (65 millions de déficits) ou le PSG qatari de 2014, vous ne toucherez assurément pas la même chose, indépendamment de votre talent. C’est ce qui explique que dans une même entreprise, des personnes ayant suivi les mêmes études, ayant le même âge et la même fonction, n’ont pas le même salaire ! Soyons clairs, cela semble toujours injuste. Mais clairement, le cours du talent évolue au gré du contexte de l’entreprise, de ses résultats, de son environnement et du marché… Autant dire que le talent n’a pas grand-chose à voir là-dedans.
Étiez-vous lors de votre entrée identifié comme une « star » ou comme un « potentiel » ?
Amis talentueux rassurez-vous : oui le talent peut bien avoir un impact sur votre rémunération. Toute entreprise normalement constituée préfère s’entourer de ceux qui pourront la rendre performante et innovante. Si vous êtes l’un de ceux-là, elle sera prête à débourser plus d’argent pour vous avoir dans son équipe. Encore faut-il que votre talent soit déjà reconnu lors de la négociation de votre salaire.
Si vous n’êtes perçu que comme un talent potentiel, elle vous versera un salaire témoignant de son intérêt, mais elle « paiera pour voir » et ne fera certainement pas un chèque en blanc. C’est pourquoi Eddy Murphy – encore inconnu – gagnait 10 fois moins que Nick Nolte lors du premier 48 heures, et 10 fois plus lors du deuxième opus (après avoir tourné notamment Le flic de Beverly Hill’s). Désolé pour mes références 80’s…. 🙂
Qu’attend-on de vous ?
Indépendamment de votre potentiel apport, si vous rejoignez une équipe faite de stars qui n’a pas foncièrement besoin de vous ou que vous êtes attendu comme le messie, il est probable que vous ne perceviez pas le même salaire (critère à combiner avec l’argent dont dispose l’équipe, cf. point 2). Mais être attendu comme le messie signifie probablement que l’entreprise n’est pas au mieux et ne dispose donc pas d’un budget pantagruélique. Chaque situation a en fait ses avantages et ses inconvénients.
Vous pourrez théoriquement progresser plus rapidement en vous frottant aux meilleurs, et donc faire croitre votre valeur marché, mais aurez du mal à vous faire une place. A l’inverse, vous pourrez vous montrer autant que vous voulez et prendre tous les risques dans une équipe de bas de classement, mais que vaudrez-vous dans une équipe qui ne gagne pas ?
On en revient ainsi à la notion de perception. Ce ne sont pas toujours les meilleurs qui sont les mieux payés mais ceux qui ont su se trouver au bon endroit au bon moment, et ont surtout su raconter une belle histoire. Ce qui nous amène au point suivant.
Savez-vous négocier ?
Dernier point mais non des moindres, il y a des « losers magnifiques » qui gagnent une fortune et des « étoiles incomprises » qui ne gagnent pas autant qu’elles le devraient. Simplement parce que les uns ont mieux su se vendre que les autres ! En se faisant plus beaux qu’ils ne sont, en « séduisant » le gérant du coffre-fort, en racontant une belle histoire, en s’appropriant de faits d’arme qui ne sont pas les leurs, et bien sûr en menaçant de partir. Voir un loser magnifique partir n’est pas si grave que ça, mais il est des fois où le marché de l’emploi est trop tendu ou l’entreprise trop en mal de ressources pour assumer une chaise vide….
En fait lorsqu’on se ramène à l’argent, à part pour quelques rares talents, tout est affaire de contexte, de timing et de perception ! Le talent n’est qu’un élément parmi d’autres…. Certains passent leur carrière à parfaire un CV en quête de dollars, quand d’autres poursuivent leur quête de perfection, à l’instar d’un artisan ou d’un expert passionné, sans se soucier de l’impact financier associé. Et parfois, l’argent rencontre le talent. Mais une fois de plus, il faut un peu de chance 😉