Le choix de ne pas construire un plan de carrière

A l’heure du bouleversement massif dans le monde du travail, où en est la question : « qu’est-ce que tu veux faire plus tard ? » Chanteuse, médecin, avocate ou astronaute ? « Choisis bien, car ce métier te suivra toute ta vie », nous disaient nos parents !

Mais en 2016, sommes-nous encore réellement cantonnés à occuper la même profession tout au long de notre vie ? Peut-on encore penser que les nouvelles générations feront des carrières linéaires, au même poste (ou presque) et dans la même entreprise ? L’heure n’est-elle pas à la diversification des expériences si l’on souhaite vraiment s’adapter à ce monde en constante évolution ? Certains d’entre nous, ont la chance de pouvoir faire un travail qui nous plait réellement, de créer notre métier, de l’adapter à sa vie, à ses aspirations, de réaliser son œuvre. Je ne crois plus au modèle de travail archaïque « un diplôme = un métier = une carrière ». De plus, nos envies évoluent constamment et nous amènent à faire des choix différents en conséquence. La preuve en est :

  • A 13 ans, je découvre un documentaire à la télévision, c’était décidé je serai journaliste.
  • A 15 ans, je me passionne pour les différentes ethnies et je me dis que ça pourrait être cool d’être anthropologue.
  • A 17 ans, j’écris, tourne et monte mon premier court-métrage : plus tard je serai réalisatrice.
  • A 18 ans, je ne veux pas me spécialiser tout de suite, je suis curieuse, je choisis une formation en économie.
  • A 20 ans, je pars continuer mes études à l’étranger, je ne veux plus en repartir. Enfin surtout ne pas revenir et poursuivre ma découverte du monde.
  • A 21 ans, je dois quand même rentrer mais avec un besoin de changer. Je me lance dans l’événementiel. Je me vois bien organiser le Solidays ou le Tour de France.
  • A 22 ans, je rencontre Maud. Elle me fait confiance, croit en moi et me permet d’intégrer le monde des médias. Nouvelle révélation, je serais Chargée de production.
  • A 26 ans, je veux récupérer la vie que m’a volé la télévision et je deviens Assistante de direction Produit chez un éditeur de logiciel de gestion RH.

Quelle logique dans tout ça allez-vous me demander ? Aucune ! Si ce n’est que j’ai simplement suivi mes envies et intuitions, au gré de quelques rencontres et opportunités.

A 27 ans, j’ai enfin compris qu’il n’y a pas de parcours parfait, que l’illogique sens que j’ai donné à ma carrière et le libre choix que j’ai laissé à mes envies, ne s’arrêteront pas. La spécialisation à un domaine, à un métier, ne me correspond pas. De nature curieuse et touche à tout, je ne me suis jamais mise aucun frein dans mes expériences. Cette diversité est pour moi une fierté et j’aimerais pouvoir arrêter de la justifier à chaque entretien d’embauche ! Il faut, en effet, sans cesse se battre, se vendre, et se défendre, d’avoir choisi un parcours jugé « brouillon ». Alors que le but ultime est en fait une recherche d’expériences nouvelles. Cependant, nous vivons encore dans un monde de spécialistes, où être promu est preuve de réussite sociale, au détriment des pensées horizontales comme les miennes.

Nous pouvons dès lors nous poser la question suivante : Est-ce que les employeurs et recruteurs vont parvenir à privilégier l’expérience, la personnalité et les valeurs d’un candidat, plutôt que le parcours, et les diplômes ? Les mentalités évoluent et le recrutement n’est-il pas censé suivre le pas ? Les recruteurs n’ont plus affaire aux mêmes candidats que dans le passé : ils sont plus mobiles, s’adaptent plus facilement dans un nouvel environnement, ont soif de découvertes et de nouveaux challenges…
Il est important de ne plus se limiter au simple CV, mais prendre le temps de découvrir celui ou celle qui l’a rédigé. Chacun est unique, ce qui fera la différence c’est la personnalité. Les compétences s’acquièrent, pas le caractère. Ne faut-il pas rappeler que l’on recrute quotidiennement sur la base de diplômes et compétences, et que nous licencions à cause de problèmes comportementaux ou d’adaptation à la culture de l’entreprise / l’environnement de travail ?

Cela peut parfaitement s’intégrer dans une logique dite d’entreprise libérée : enlever ces barrières de contrôle (diplômes, plan de carrière, expériences de travail significatives…) lors du recrutement, et faire confiance à la personnalité que l’on a en face de nous. L’accroche générée par un potentiel ressenti, en adéquation avec des valeurs et des émotions, peut alors permettre d’avancer plus loin sur le profil du candidat.
Ce type de raisonnement inversé favorise alors l’intégration de profils atypiques ainsi que l’émergence de potentiels qui ne se seraient jamais révélés en suivant les parcours standardisés.

Alors pour tous ceux qui, comme moi, se sont posés ou se posent encore la question « qu’est-ce que je vais faire plus tard ?», n’ayez pas d’inquiétude car tout est encore possible : votre personnalité et vos émotions vous ouvrirons de nouveaux chemins !

« Pour ce qui est de l’avenir, il ne s’agit pas de le prévoir, mais de le rendre possible » Saint-Exupéry.

Chloé Roche