« Creativity is intelligence having fun »
Albert Einstein
Cette première journée à l’Université de la Singularité était comme je l’espérais très inspirante ! La promotion réunit 98 personnes venant du monde entier, 36 nationalités étant représentées. Avec une majorité d’entrepreneurs. C’était davantage un teaser qu’autre chose puisqu’il s’agissait avant tout de nous mettre dans les bonnes conditions afin de profiter pleinement de ce que l’on va vivre toute la semaine. D’ouvrir nos chakras en quelque sorte. Toutes les conférences de la journée tournait autour du développement de notre capacité à faire face à l’incertitude. Voici les 2-3 éléments que j’ai trouvé particulièrement intéressant.
Comment prédire le futur ?
La première leçon concernant la prédiction du futur est que l’on ne peut prédire le futur ! 😃 On peut tout au plus faire des paris. Paul Saffo, professeur à Stanford, se présente d’ailleurs comme un forecaster plus que comme un futurologist.
Il commence son intervention en expliquant que l’avantage avec les paris, c’est que quand ils « déraillent », cela arrive très vite ! Parce qu’en général un pari erroné s’appuie sur un biais cognitif. C’est ainsi que Kodak, alors que la société avait grâce à Steve Sasson l’appareil photo numérique entre les mains depuis 1975, a raté son virage parce qu’elle trouvait que la résolution du numérique n’était pas assez satisfaisante pour être exploitée. Ce qui a constitué l’un des facteurs clés du succès de la société, à savoir proposer des photographies de haute qualité, s’est transformé en biais à partir du moment où cette quête a masqué le tournant qui était en train de s’opérer.
Et Paul Saffo de rappeler que celui qui triomphe n’est pas celui qui a trouvé une bonne idée le premier, c’est au contraire le dernier qui a exploité cette bonne idée au bon moment. Rappelant que Nokia avait inventé l’écran tactile et les apps avant Apple, mais de toute évidence un chouïa trop tôt.
Le plus grand intérêt d’essayer de prédire le futur est que cela oblige à voir loin. Et développer un raisonnement à long-terme permet souvent de comprendre ce qui va se passer dans le présent !
Evitez les « Yes but » et optez pour les « Yes and »
Dan Klein, professeur d’improvisation à Stanford, nous a ensuite entraîné – à l’aide d’exercices simples et originaux – à créer en équipe. Soyons honnêtes : nous avons plutôt tendance à tuer la créativité de nos interlocuteurs avec nos phrases commençant pas « non » ou par « oui mais ». Ce sont ce qu’il appelle des bloqueurs. « Oui mais » peut s’avérer utile lorsqu’une idée a déjà émergé et commencé à murir, et qu’il est temps de la peaufiner incrémentalement. Mais lorsqu’il s’agit de faire émerger de nouvelles idées, ça n’est ni pertinent ni efficace.
L’une des clés consiste à ne pas chercher à être brillant en permanence, mais au contraire à donner suffisamment confiance à ses interlocuteurs pour qu’ils puissent donner le meilleur d’eux-mêmes. Mais nous n’avons pas l’habitude d’aider les autres à briller, car rien dans notre environnement – qu’il s’agisse de l’école ou de l’entreprise – n’incite qui que ce soit à s’effacer au profit du collectif.
Pour aider les autres à donner le meilleur d’eux-mêmes et laisser les idées émerger, il faut remplacer nos traditionnelles objections par des « oui et ». L’enjeu est d’abonder dans le sens du raisonnement qui nous est proposé et de voir où cela nous mène. En se souvenant que la diversité des approches au sein d’une équipe conduit dans la durée à de bien meilleures équipes que celles qui s’accordent immédiatement parce que tous leurs membres pensent de la même manière.
La cohésion d’équipe se forge à l’aide de succès… mais aussi d’échecs
Dan Klein nous a ensuite, grâce à une série de petits exercices, entrainé à nous tromper rapidement. Il a commencé, lors de travaux en groupes de deux ou trois personnes, à renforcer les liens entre les membres de chaque groupe en réussissant l’exercice proposé. Puis il a corsé les exercices pour s’assurer que l’on se planterait. Et nous montrer que les échecs pouvaient encore renforcer davantage l’esprit d’équipe. Pour peu que l’on sache les aborder correctement.
C’est ainsi qu’il nous a demandé, lors de chaque échec, de le célébrer à l’aide d’un geste de victoire et d’un cri de guerre approprié. La célébration doit valoriser nos échecs, mais aussi ceux de nos interlocuteurs, afin de les départir de toute culpabilité éventuelle et ainsi affirmer notre solidarité.
C’était incroyable comme l’atmosphère dans la salle était de plus en plus légère au fur et à mesure que l’on se plantait de plus en plus magistralement, mais en rigolant de plus en plus. L’enjeu est de désapprendre les réactions que l’on a développé avec le temps face à l’échec, à l’erreur. Et considérer au contraire qu’il s’agit d’une opportunité d’apprendre et de se développer. Là encore de toute évidence, quelques ajustements sont probablement à prévoir dans l’Education Nationale.
Alors prédisez le futur, plantez-vous, rigolez-en, mais faites le en équipe et encouragez chacun à poursuivre son raisonnement. Cela vous mènera assurément dans des contrées inconnues. N’est-ce pas le but de l’innovation ? Et si vous n’aboutissez pas au résultat escompté, nul doute que vous ferez bien une découverte en chemin. Alors en route et à demain 😉