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Au moment où Orelsan sort son nouvel album et son très engagé – et excellent – single, L’odeur de l’essence, la série réalisée par son petit-frère, Clément Cotentin, cartonne sur Amazon : Montre jamais ça à personne ! Loin des histoires magnifiées a posteriori et des habituels exercices narcissiques, la série nous plonge dans les années d’errance qui précèdent le succès, et nous met au passage une bonne claque. Morceaux choisis.
De l’importance de trouver son binôme
On le sait, derrières tous les grands succès, il y a toujours ces femmes et ces hommes de l’ombre. Derrière Barack, Michelle. Derrière Steve Jobs, Jonathan Hive. Derrière Jordan, Phil Jackson. En l’occurence, derrière Orelsan, Skread. Si la série montre les aspirations d’Aurélien Cotentin (de son vrai nom) et son incroyable potentiel de punchliner, elle montre également que celui qui apparaît parfois comme un anti-héros n’aurait jamais connu le succès seul.
Orelsan a en effet la chance de croiser la route de Matthieu Le Carpentier, alias Skread, qui deviendra son producteur attitré. Ce dernier étant lui-même accompagné de Abdoulaye Doucouré, alias Ablaye. Skread va littéralement façonner le destin d’Orelsan en le poussant au travail, réalisant ses albums, lui permettant de choisir sa maison de disques, en pariant sur le single Basique, entre bien d’autres choses.
Alors qui que vous soyez, où vous que soyez, scrutez les gens autour de vous, guettez les rencontres, ouvrez-vous au monde, en gardant à l’esprit que votre prochaine rencontre pourrait bien être déterminante pour vous ou votre interlocuteur. Comment le reconnaître ? Si quelqu’un sait ébranler vos convictions et habitudes tout en vous proposant son aide, sincère et bienveillante, alors vous êtes probablement sur la bonne voie ;).
De l’importance de ne pas se renier
Ce qui m’a particulièrement touché dans la série, c’est à quel point Orelsan, au fil des ans et de son succès grandissant, ne tourne jamais le dos à ses racines ! Qu’il s’agisse de ses potes, sa famille, sa ville, ses valeurs. Se faisant, c’est autant de carburant dont il dispose, et la série le montre très bien. La réussite n’est-elle pas la transformation quasi alchimique de toutes ses frustrations, rêves, échecs, envies ?
En particulier, le fait de grandir à Caen a constitué un handicap majeur dans un monde du rap qui était à l’époque largement dominé par des parisiens (et quelques marseillais). Mais cette ville lui a précisément offert un vécu et un poste d’observation sur le monde différents, constituant la source d’inspiration de bon nombre de ses titres, dont le titre de son 1er album (éponyme) Perdu d’avance.
Alors plutôt que de prétendre être un(e) autre et s’inventer une vie qui n’est pas la votre, puisez au contraire dans votre parcours, vos défauts, vos échecs et ces multiples obstacles que vous avez rencontrés, acceptez-les et utilisez-les comme le nécessaire combustible à votre voyage. Le votre, et pas celui d’un(e) autre. D’ailleurs, son dernier titre le dit bien mieux que moi :
On sait pas gérer nos émotions donc on les cache
Sait pas gérer nos relations donc on les gâche
Assume pas c’qu’on est donc on est lâches
De l’importance de n’écouter que soi (parfois)
La série montre également ces nombreuses fois où Skread a montré une détermination, un courage, voire une obstination, sans faille ! Alors qu’Orelsan était encore un total inconnu, il a su refuser l’appel des sirènes de grandes maisons de disque, étant persuadé que leurs plans ne correspondaient pas à ceux qu’il avait bâti avec Orelsan et sa bande.
Au moment où le troisième album sortait, Skread a encore su imposer un single, Basique, dont tout le monde pensait que ce n’était pas un tube. Il s’avérera que c’est précisément ce single qui fera définitivement décoller la carrière d’Orelsan. Seulement voilà, ou est la limite entre le fait d’avoir de l’instinct, savoir ce que l’on veut, se faire confiance, et devenir cette personne obtus n’écoutant personne et se prenant les murs annoncés ? Ce n’est qu’a posteriori, un peu comme quand on décide de ne pas écouter Waze, que l’on sait si l’on avait raison ou non. Sauf que bien souvent, on ne sait même pas, car on ne peut pas tout mesurer en temps de trajet.
Alors face à cet éternel dilemme, reste qu’il vaut mieux se planter en se faisant confiance car, comme le dit le grand philosophe Patrick Bruel, il vaut mieux avoir des remords que des regrets. Et se dire que l’on a été au bout de ses croyances et convictions…. Echouer sur celles d’autrui est toujours plus difficilement supportable.
De l’importance d’être généreux
La dernière chose qui m’a profondément ému en visionnant la série, c’est l’incroyable générosité d’Orelsan, et sa détermination à aider autrui à réaliser ses rêves ! Sa grand-mère adore chanter, et bien soit, il la fera chanter sur l’un de ses titres (J’essaye, j’essaye). Son grand pote, Gringe, qu’il a longtemps considéré comme plus talentueux que lui, ne connaît pas le même succès, et bien soit. Une victoire de la musique en poche, il monte un groupe avec lui, les Casseurs flowters, qui donnera lieu à une tournée, un programme court (Bloqués) et un film (Comment c’est loin). Et permettra finalement à Gringe de sortir son album solo (Enfant lune).
Malgré tout cela, Orelsan ne manque pourtant pas de détracteurs, et ce n’est pas son dernier single qui va arranger la situation. Ces derniers diront que la série n’est qu’un superbe coup marketing orchestrant la sortie de son nouvel album. Mais à l’heure d’Instagram et de la magnification de soi, un récit détaillé, capturé de l’intérieur, montrant les milliers d’heures de travail nécessaires à la réalisation d’un projet personnel, vaut de l’or ! Et comme le conclut la série, ce n’est probablement que le début de son odyssée.