J’ai lu dans le magasine du Monde de ce week-end deux news étonnantes concernant les jeunes talents et l’éducation.
La première concerne les jeunes Britanniques. Plus de 300 collèges et lycées ont adhéré à un programme nommé Vivo Miles visant à récompenser les élèves les plus brillants autrement qu’avec des « bons points » ou des « images ». Il s’agit ici de fournir une carte aux élèves, similaire à une carte bancaire, et de leur permettre d’accumuler des points à chaque fois qu’ils le méritent.
Ces points permettent d’obtenir des lots qui vont de simples stylos ou calculatrices à des montres, casques audio, téléphones portables, iPod ou consoles de jeu.
Bien évidemment, les uns crient au scandale en dénonçant le fait que les élèves sont tout bonnement soudoyés, ce qui symbolise bien l’échec du système éducatif. Les autres arguent que les écoles ont toujours eu un budget dédié aux récompenses et qu’il ne s’agit là que d’une modernisation du dispositif. Les mêmes expliquent que ces points peuvent se transformer en dons pour des œuvres de charité ou encore que les adultes perçoivent bien un bonus lorsqu’ils font du bon travail.
Mais le plus intéressant est finalement la réponse à la question suivante : comment mérite-t-on ses points ? On n’obtient pas des points uniquement à l’aide de bons résultats, comme cela était encore le cas il y a quelques années. On peut également en obtenir en faisant ses devoirs à la maison, en arrivant à l’heure en cours, en s’habillant correctement, en participant à l’oral ou en s’adonnant à des activités sportives.
Les proviseurs ayant adhéré au programme estiment que les résultats sont en hausse et le « chahut » en baisse, 80% d’entre eux ayant par conséquent reconduit leur adhésion. Le même programme va bientôt être lancé pour les écoles primaires.
Que faut-il en penser ? Qu’il est important de motiver les collégiens et lycéens pour que ceux-ci aient un comportement jugé par le passé normal et attendu ? Que les jeunes n’ont plus rien à faire de nos images d’antan, équivalents à la « tape dans le dos » de son manager, et qu’ils préfèrent comme tout le monde tirer un bénéfice concret de leurs bons résultats et bons comportements ? Cela va-t-il dans le sens d’une prise de conscience plus précoce de l’importance sociale de bien agir au sein du collectif ou de l’intérêt économique à le faire ? Finalement, en version positive, cela permet peut-être de comprendre très tôt que le talent n’est pas lié qu’aux bons résultats et à la performance, mais aussi à la façon dont on le mobilise dans le collectif… Je vous laisse le soin d’apporter vos commentaires ;).
La deuxième news, quelques pages plus loin, a également trait à l’éducation des jeunes talents et est tout aussi étonnante. L’Essec, HEC, l’ENA ou Science Po ont passé des partenariats avec l’école militaire de Saint Cyr afin de permettre à leurs élèves d’y effectuer des stages d’une semaine, de quelques mois ou d’un an. Pour la première fois cette rentrée, cinq étudiants de l’Essec passe un an en Bretagne à Coëtquidan, le fief de l’école des chefs.
L’idée force est de « partager les savoir-faire, renforcer le lien armée-nation, former les leaders de demain – du monde civil et du monde militaire – à la prise de décision en situation difficile, à la gestion du stress, au commandement et à la stratégie… ».
S’il est vrai que diriger une équipe ou une entreprise requiert probablement des qualités également mise en valeur par l’armée, telles que la capacité à garder son sang-froid ou à faire preuve d’autorité, cette démarche est peu convergente avec l’émergence de la fameuse Génération Y sur le marché du travail…
On ne cesse de répéter en parlant de cette génération qu’elle est en quête de sens, ce qui provoque chez elle un fort désir de comprendre le pourquoi de ses activités, ce qui peut l’amener à remettre en cause l’autorité des managers, ou tout du moins contraindre ces derniers à convaincre plutôt qu’ordonner. Et dans le même temps, l’élite suit des cours à l’armée pour apprendre le commandement. Pas sûr que les réseaux sociaux, si chers à nos jeunes talents, aient vraiment de l’avenir au sein de l’armée J.
Ces deux articles mettent finalement en évidence que le système éducatif, français ou britannique, au collège ou dans les grandes écoles, est en quête de nouveaux dispositifs et de nouvelles valeurs ! Affaire à suivre… 😉
Le programme d’incentive au UK est intéressant. Je ne sais pas si c’est le même mais j’avais vu plus ou moins la même chose dan les cantines anglaises, pour pousser les jeunes – futurs obèses – à choisir une alimentation plus saine… ou comment utiliser le marketing pour contrer les effets néfastes du marketing !
Intéressant, je ne savais pas.
Avez-vous des retours sur cette approche ?
Il semblerait que nos amis Britanniques ait une approche assez définie sur les dispositifs motivationnels 🙂