Qui veut vraiment d’une entreprise 2.0 ?

Depuis l’apparition du concept de « Web 2.0 » pour indiquer l’évolution du Web vers plus de simplicité et d’interactivité, l’appellation « 2.0 » est partout ! On parle notamment beaucoup de « RH 2.0 », de « Manager 2.0 », de « Collaborateur 2.0″ ou d' »Entreprise 2.0 ».

Lorsque l’on accole l’étiquette 2.0 à un concept, c’est souvent pour mettre en évidence la dimension sociale et collaborative de ce concept. En schématisant un peu, le RH 2.0 est celui qui intègre de nouveaux outils, plus collaboratifs, dans ses méthodes de travail.

Le manager 2.0 est celui qui travaille davantage en coordonnant qu’en ordonnant et qui renforce la proximité avec ses collaborateurs, notamment par le biais des technologies. Il se transforme ainsi en véritable partenaire de la RH.

Le collaborateur 2.0 quant à lui s’implique davantage dans la gestion de sa propre carrière, en faisant notamment part de ses aspirations et attentes professionnelles au travers de portails collaboratifs personnalisés.

Quid de l’entreprise 2.0 ? Beaucoup d’idées se réfugient derrière ce concept…. Il pointe une entreprise plus collaborative, davantage tournée vers le bien-être d’individus à qui l’on confie plus de responsabilités, une entreprise plus « apprenante », une entreprise dotée des moyens technologiques adaptés à ces nouveaux enjeux.

Mais finalement, quid de la réalité opérationnelle de ce concept ? Et plus fondamentalement, qui veut vraiment d’une telle entreprise ? Cette dernière question m’est apparue alors que je regardais un épisode de la saison 5 d’Entourage, série américaine inspirée de la vie de Mark Wahlberg et suivant les aventures d’une star de cinéma.

Dans l’un des épisodes, la star en question, Vince, s’oppose lors d’un tournage à la vision du réalisateur. Lors de la discussion, ou plutôt de la confrontation, le réalisateur explique que pour Vince, il ne s’agit que d’un film de plus visant à soigner son image et bâtir sa carrière, et que le tournage ne lui prendra que quelques mois.

Au contraire, pour le réalisateur, le film ne s’arrête pas au tournage et lui prendra trois ans de sa vie. Il est donc fondamental que les acteurs se plient à la vision du réalisateur plutôt que de penser à leur propre carrière. Finalement, ils doivent être au service du film et s’oublier !

Vince lui répond qu’il ne s’agit pas que d’un simple film mais d’une véritable étape dans sa carrière. Comprendre le personnage pour mieux l’incarner, le défendre, être capable de s’impliquer à fond dans un rôle sont toutes les raisons pour lesquelles il a choisi ce rôle plutôt qu’un autre. Par conséquent, il ne saurait travailler pour un réalisateur qui refuse de partager sa vision du rôle….

Et en visualisant cette scène, je me suis finalement demandé s’il n’en était pas fondamentalement de même en entreprise ! La direction générale définit une stratégie, sa vision du film. Pour répondre aux enjeux stratégiques ainsi définis, elle a besoin d’employés capables d’occuper les différentes fonctions de l’entreprise et d’exécuter les activités opérationnelles qui permettront d’atteindre ces enjeux, le scénario.

Pour la direction générale parlant d’entreprise 2.0, il ne s’agit alors pas tant de rendre les employés heureux et servir leur carrière que  d’aligner l’activité de chacun avec la stratégie de l’entreprise.

A l’inverse, les collaborateurs n’intègrent pas toujours une entreprise pour défendre ses couleurs, ses valeurs, et s’engager corps et âme dans la quête des enjeux stratégiques de l’entreprise. Il s’agit parfois simplement de gagner sa vie, de la façon la plus plaisante possible évidemment, ou bien encore de saisir une opportunité intéressante en terme de carrière. L’entreprise 2.0 n’est alors qu’un canal supplémentaire pour se faire entendre et répondre à des enjeux individuels, qu’ils soient professionnels ou personnels.

Alors survient la question suivante : le film peut-il être bon si le réalisateur et les acteurs poursuivent des buts différents ? Voire pire, des buts orthogonaux ? N’est-il pas dans l’intérêt des deux parties de s’entendre ?

Et finalement, on en vient à se dire que le principal intérêt du concept d’entreprise 2.0, et de tout ce qui touche au 2.0, est de mettre en évidence qu’un film réussi nécessite forcément de faire converger l’intérêt des acteurs et du réalisateur ! Et le but du 2.0 est précisément d’aider chacun à prendre connaissance des différents enjeux et attentes présents dans l’entreprise et à définir un enjeu minimal commun ! De là découle tout ce qui à trait au domaine de la gestion des talents.

Alors, toujours partant pour le 2.0 ? 😉