J’ai récemment assisté à un « HR Camp » organisé par Jacques Froissant dans les locaux de Valetch.
Les réseaux sociaux d’entreprise (RSE) étaient au cœur de nombreuses discussions. Un chercheur du CNRS a d’ailleurs fait une intervention très intéressante à ce sujet et a montré les nombreux paradoxes liés à l’usage des RSE.
Il expliquait tout d’abord que les réseaux sociaux fonctionnaient selon une logique d’auto-organisation. Une fois insérés en entreprise, la logique des réseaux sociaux se trouve donc confrontée à la logique hiérarchique présente dans toutes les entreprises.
Quid des réunions du lundi matin, des comités projet, de toutes les instances de supervision et de décision, quand les collaborateurs communiquent directement, de façon continue et non supervisée les uns avec les autres au sein du RSE pour faire avancer leur projet ?
Ensuite, l’utilisation des réseaux sociaux pousse fortement à prendre des initiatives : créer un évènement ou un groupe et inviter d’autres membres du réseau à y participer, partager une vidéo, un lien ou une photo, se mettre à chater avec son N+2, etc. Comment s’assurer que ces initiatives sont conformes, ou au moins cohérentes, avec les processus de l’entreprise ou son règlement intérieur ?
Pas sûr en effet que le N+1 qui s’évertue à filtrer la communication entre ses collaborateurs et son propre manager apprécie beaucoup le chat…. Ou que le service marketing qui dépense 40000 euros par jour pour vendre la marque apprécie beaucoup la vidéo du pot de Jean-Paul au Bar des amis postée hier soir à 4 heures du mat’….
Autre paradoxe de taille : une fois que j’ai obtenu le « score » de 452 amis au sein de mon RSE, suis-je sûr de ne plus manger seul le midi ? Autrement dit, appartenir à un réseau suffit-il pour créer du liant et du social ? Et si ce n’est pas le cas, n’est-ce pas encore plus gênant ?
Un RSE me donne-t-il davantage de liberté en me permettant de communiquer avec n’importe qui n’importe quand et de prendre plein d’initiatives, ou bien réduit-il au contraire encore un peu plus mon espace de liberté ? Avec mon RSE, je peux maintenant être disponible 24h/24h, 7 jours/7 grâce à des alertes qui m’informent en permanence de ce qui se passe dans l’entreprise , amplifiant encore un peu plus le phénomène des emails….
La liste des paradoxes est encore longue, mais loin d’amener à la conclusion qu’une entreprise ne doit pas mettre en place de réseaux sociaux, cet exposé amène plutôt à la conclusion que l’utilisation d’un RSE doit constituer un projet d’entreprise à part entière dont il faut bien définir la finalité, les usages et les contours. Cela fera bien sûr l’objet d’un prochain post 😉
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