Au lendemain du salon SIRH, voici quelques réflexions à chaud sur le marché du SIRH et son évolution. Un grand merci au passage à Arnaud Gien-Pawlicki et Vincent Berthelot avec qui j’ai animé les ateliers 😉
Le marché se consolide et se tend
Même si les médias nous alertent au fur et à mesure de l’évolution du marché des éditeurs de SIRH et des différentes acquisitions réalisées, cela restait surprenant de constater la diminution importante du nombre d’acteurs ! TalentSoft et Rflex ne font plus qu’un, Successfactors avait une petite borne sur le stand SAP, Jobpartners a disparu au sein de Taleo qui n’était pas encore aux couleurs d’Oracle, Technomedia était absent
On constate également de par les questions posées par les visiteurs (entreprises, consultants, étudiants, journalistes) que le marché est plus mature ! Les questions portent moins sur le domaine du talent management et les processus proposés par l’éditeur que sur la capacité de l’éditeur à s’interfacer avec les réseaux sociaux ou à proposer une appli mobile.
L’un de mes collaborateurs me faisait aussi remarquer de façon pertinente que la consolidation du marché s’accompagne aussi d’une certaine « tension ». En comparaison d’il y a quelques années, les différents éditeurs ont un peu moins tendance à aller papoter sur le stand d’en face. Il est d’ailleurs amusant de constater que cela n’est pas le cas dans l’espace lounge RSE (Réseau Social d’Entreprise), où Lecko invite Next Modernity à prendre l’apéro. Tension du marché rime-t-il toujours avec tension entre acteurs ? 😉
Les gens souhaitent innover dans le recrutement
On est moins là sur une dimension idéologique qu’une dimension économique. Les besoins en recrutement sont toujours là mais les budgets ne sont plus les mêmes.
La question est donc la suivante : comment continuer de pourvoir aux remplacements et aux départs, aux postes en création ou aux talents à attirer sur des postes clés ?
Trois grands axes de réflexion émergent :
Favoriser la mobilité interne
Si certaines entreprises n’ont pas cette année le budget pour recruter à l’externe, elles doivent continuer de fidéliser leurs talents et de les développer en répondant à leurs souhaits d’évolution et les mettre en mobilité. Pour cela, il faut à la fois faire connaître les possibilités d’évolution au sein de l’entreprise, mais aussi conduire le changement pour que les managers parfois « possessifs » acceptent de voir partir les talents de leur équipe en comprenant que d’autres talents pourront les rejoindre. La libre-circulation des talents doit être au coeur des préoccupations RH !!! Et pour répondre à cette préoccupation, il est fondamental de penser le processus de recrutement des candidats et les processus de gestion de la carrière des collaborateurs au sein d’une politique de gestion intégrée des talents.
Marque employeur
En pleine guerre des talents, savoir susciter l’intérêt des candidats potentiels pour une entreprise est crucial ! La marque employeur est à tort assimilée à la présence d’une entreprise sur les médias sociaux. La façon dont une entreprise traite les candidats, la façon dont elle s’adresse aux étudiants sur les forums, la façon dont elle collabore avec ses clients, tout cela parle de marque employeur et n’a rien à voir avec les médias sociaux. En revanche, les médias sociaux fournissent une caisse de résonance sans précédent que les entreprises ne doivent pas ignorer ! Si les L’Oréal, Starbucks ou la Marine nationale ont tant travaillé ces derniers mois pour assurer une présence forte sur les médias sociaux (blog, page Facebook, etc.), c’est précisément pour véhiculer une identité, une culture d’entreprise, des valeurs, faire mieux connaître ses métiers, etc.
Si la marque employeur ne permet pas intrinsèquement, contrairement à ce que peuvent faire des SIRH, gérer le processus de traitement des candidatures, elle permet assurément d’accroître les chances de l’entreprise d’attirer les talents présents sur le marché de l’emploi.
Réseaux sociaux
L’apport des réseaux sociaux sur le processus de recrutement n’est plus un épiphénomène, qu’il s’agisse de réseaux sociaux professionnels comme LinkedIn ou de réseaux sociaux grand public comme Facebook. Les réseaux sociaux permettent notamment de toucher un large public, de favoriser la cooptation sociale, de nouer une relation privilégiée avec les candidats potentiels. Les questions qui se posent sont plutôt les suivantes : quelle organisation mettre en place, y’a-t-il des postes spécifiques à créer, quels réseaux sociaux utiliser, etc.
Si les réseaux sociaux intéressent tant les recruteurs, c’est finalement parce que cela permet d’accéder aux candidats potentiels présents sur marché de l’emploi en réduisant le nombre d’intermédiaires à solliciter, et donc en réduisant les coûts. Cela doit néanmoins être étudié à la lueur d’une stratégie RH bien définie.
L’espace lounge RSE (pour Réseau Social d’Entreprise) prend de l’ampleur
Une personne allant au salon de Versailles a dit sur son Twitter : « En route pour le salon du RSE ». Ce à quoi un internaute a répondu : « C’est quoi la différence avec le salon du SIRH » ?
Si les éditeurs de SIRH se demandent en ce moment tous quel peut être l’apport des réseaux sociaux d’entreprise, ces deux familles d’application sont bien distinctes. D’un côté il s’agit de supporter et d’optimiser les processus RH de l’entreprise, de l’autre il s’agit de fournir une plateforme collaborative à l’entreprise favorisant les échanges, le partage de connaissances, etc.
Le lien entre ces deux familles d’application continuera d’alimenter de nombreux post à venir ! A suivre donc 😉
Merci Alex pour l’allusion au Lounge RSE. En tout cas partant pour participer au brainstorm RSE + SIRH
Je suis en train de bosser sur ce point en ce moment même dans le cadre de mon bouquin, je te sollicite en fin de semaine si tu es ok 😉
Bonne journée !
Merci pour ce retour sur ton vécu de l’intérieur du Salon SIRH où Talentsoft avait une belle présence (stand, conférences, etc.).
C’est une bonne nouvelle que les entreprises et les responsables RH s’ouvrent sur de nouvelles modalités de recrutement en souhaitant que la réduction des coûts ne soient pas l’unique objectif visé. Ces coûts moindres restent à démontrer dans diverses configurations…
Concernant la convergence du SIRH avec le réseau social d’entreprises, j’entrevois comme pour d’autres processus métiers les apports d’une couche sociale notamment dans le domaine de la formation et du management des compétences, de la mobilité interne, de la cooptation dans le recrutement… Mais il faut d’abord que les entreprises s’approprient davantage par la pratique les modalités collaboratives pour mieux les projeter sur leurs processus
A quand le social SIRH ? ;)) les ressources humaines le valent bien…
Article intéressant au sujet du social vu ce matin via @ThomasChardin !
Les réseaux sociaux d’entreprise, le nouveau Far-West des Ressources Humaines http://ow.ly/9JQaj
Merci Alexandre pour ce retour.
Evidemment je partage de nombreux points de ton billet et suis d’accord avec la majorité de tes constats :
– Les budgets RH se contractent. Les DRH doivent faire de plus en plus avec moins.
– L’impact des réseaux sociaux pour l’activité de recrutement n’est pas un épiphénomène.
– L’espace RSE se développe, dans un esprit collaboratif
– Etc.
Pour alimenter la discussion, je me permets de mettre l’accent sur quelques nuances ou points de différence :
– Je n’ai pas constaté de tensions entre les acteurs présents, peut-être parce que cette année je n’avais pas de stand et n’appartenais à aucune écurie (j’ai eu plaisir à prendre un café sur le stand de Neeva et de develop’Invest, un apéro du sud-ouest sur celui d’Eurecia, une dégustation œnologique sur celui de Novative, des muffins chez ADP, etc.). Les tensions sur le marché sont en revanche bien présentes, avec un optimisme modéré pour certains éditeurs, un attentisme mou pour d’autres, et une morosité certaine pour les derniers (cf. le début de l’article de Silicon http://www.silicon.fr/sirh-etat-des-lieux-72968.html) ;
– Le poids accordé au recrutement ne me semble pas si important. Il pèse que pour 8% des effectifs de la fonction RH et 11% de son coût. Grosso-modo, il se positionne au même niveau que l’activité Hygiène, Sécurité et condition de travail (cf. les études sérieuses de la CEGOS sur la fonction RH http://www.e-rh.org/documents/Dossier_FRH_Cegos.pdf). Peut-on alors parler de tendance ?
– La marque employeur n’est pas, pour moi, la façon dont une entreprise traite les candidats mais ses salariés ! La marque employeur est la gestion interne d’une perception de la part des salariés: « ici, vous êtes bien ». A trop développer l’aspect externe de la marque employeur, la dissonance voire la divergence entre discours et actes n’est pas loin (cf. sur ce thème le dernier Entreprise & Carrières avec l’entretien de Hervé Dumez).
Il y avait bien 3 salons dans le même pavillon : Le salon des outils et services RH, Le salon des réseaux sociaux d’entreprises et… Le salon de la formation à distance et en ligne (élément pourtant essentiel au développement des talents).
Ces trois salons espacés par de grandes allées ne devraient-ils pas faire qu’un ?
L’avenir n’est-il pas à un SIRH intégré et ouvert.
> INTÉGRÉ à toutes les activités de la fonction RH et de la gestion des ressources humaines : Recrutement, Formation, Evaluation, Rémunération, Décisionnel, Administration, Paie, Relations sociales, etc.
> OUVERT à l’ensemble des acteurs de l’entreprise (Salariés, Managers, Dirigeants, Experts RH, Partenaires Sociaux) et hors de l’entreprise (Prestataires, ancien salariés, candidats, organismes publiques, banques, etc.) dans une logique d’éco-système RH et pour être plus dans l’esprit d’un Système d’Interrelations des Richesses Humaines ?
A suivre, donc….
Salut Thomas.
Je partage pas mal de tes remarques ! Tout d’abord, je pense que l’organisation de l’espace est toujours symbolique ! Aujourd’hui, les 3 espaces assez séparés montrent bien que l’intégration ne s’est pas encore réalisée. En revanche, le fait qu’ils soient dans le même pavillon montrent que la volonté est là, sous-jacente.
Je suis certain que SIRH et RSE font se mixer un peu plus l’année prochaine, en tout cas en ce qui me concerne, j’y travaille (bouquin en préparation ;).
Concernant l’importance du recrutement aux yeux des RH, je ne me focalise personnellement que sur la partie Carrière (incluant le recrutement), mais il est vrai que tous les sujets que tu mentionnes concernent tout autant, voir parfois plus, les RH !
Concernant la marque employeur, c’est effectivement un tout ! La marque employeur c’est autant la fierté d’appartenance à une entreprise, d’appropriation des valeurs par les collaborateurs, que l’intérêt et la curiosité suscitées pour les candidats. Le sujet est tellement vaste que je l’avais abordé cette fois à la lueur du recrutement.
Comme dirait l’autre, « this is just the beginning » 😉
Merci encore et à bientôt !
Bonjour à tous,
En premier lieu, bravo pour le blog que je découvre à cette occasion !
Fan du site RHinfo.com, je retrouve ici un contenu different mais intéressant donc merci !
Sur le salon SRH, je n ai pas senti de tension car j’ai pu discuter avec des amis de SAP, de nombreux autres acteurs mais il fallait aussi bosser un peu …
Il est vrai que réapparaissent les faux étudiants ou les anciens d’entreprise missionnés par des confrères mai c’est amusant.
Le marché évolue et tant mieux.
La non présence de certains éditeurs n est pas un « signe », c’est à mon humble avis une stratégie car Jobpartners signait des beaux deals sans présence à salon et Technomedia se porte bien. Ces derniers font de beaux projets talent et LCMS. J’ai hâte de me retrouver en face d’eux sur le LCMS car ils sont bons et je les respectent beaucoup.
Certains acteurs sont tendus sans doute mais il y a de place pour tout le monde même pour ceux qui ne le méritent pas vraiment. Heureusement ils sont rares et pour éviter tout malentendu j ai beaucoup de respect pour TalentSoft.
Cordialement
Jonas
Salut Jonas.
Merci pour ton commentaire.
Tu es la preuve incarnée que l’on peut être concurrent et se respecter mutuellement, j’apprécie vraiment ! Ce qui prouve effectivement que ce n’est peut-être pas tant le marché qui se tend que certaines personnes qui se sentent en danger sur ce marché.
Je suis d’accord sur le fait que la présence de l’un ou l’absence de l’autre ne doit pas être sur-interprétée, mais je pense vraiment que le marché se consolide et que les positions se cristallisent.
Dans l’intérêt du client, chaque éditeur doit à présent clairement affirmer ses croyances et ses convictions, afin d’aider chaque décideur à faire le choix qui sera le plus en adéquation avec ses besoins, sa culture, son organisation, ses attentes…. C’est une étape intéressante du développement du marché !
A bientôt pour de futurs échanges donc, et bonjour à Eric de ma part 😉
++
Alex