Quand être le meilleur ne suffit pas !

Coup de théâtre à Top Chef : Joris a été éliminé en dernière chance !!! Outre le fait que cela fausse mes pronostics, je pense que cela fausse les pronostics de pas mal de monde, à commencer par ceux des candidats encore dans l’aventure. 

Au cours de toutes les épreuves de cette saison 4, Joris – surnommé Cuisinator – a su démontrer qu’il était d’une efficacité étonnante, qu’il maîtrisait les fondamentaux, qu’il était inventif… et un fabuleux compétiteur. En cela, c’était l’un des grands favoris de la saison.

Mais l’émission de lundi dernier a pris son talent à contre-pied :

  • Il s’est tout d’abord retrouvé en dernière chance parce que lors de l’épreuve consistant à dépenser le moins d’argent possible au supermarché avant de cuisiner, il en a dépensé plus que les autres. Il s’est ainsi retrouvé « commis » de Jean-Philippe et n’a pas pu défendre ses propres couleurs… et démontrer une fois de plus tout son talent
  • Il a ensuite fait un « hors sujet » lors de l’épreuve de la dernière chance en ne valorisant pas assez les pâtes dans une épreuve tournant autour de ce seul produit. Là encore, c’est moins son talent qui a été mis en doute que sa compréhension de l’énoncé.

Yoni a fait cette réflexion (qui m’a inspiré ce post) : « Top Chef, ce n’est pas que la technique, c’est aussi la bonne chose au bon moment« . Et c’est bien là toute la délicatesse du talent.

Lors des deux épreuves, il était très confiant en lui, tant sur le fait de savoir économiser que sur la saveur de son plat de dernière chance. Cette – trop grande ? – confiance l’a-t-il empêché d’être suffisamment attentif à son environnement et ce qui lui était demandé ? Un minimum de doute n’est-il pas nécessaire pour être véritablement motivé à révéler tout son talent ?

Étonnant également d’entendre Joris en dernière chance dire qu’il n’allait pas faire comme d’habitude, moins jouer sur la technique mais plus sur le goût, considérant qu’il avait déjà de nombreuses fois démontré sa technique. A-t-il oublié que les chefs jugeaient dans l’instant, sans vraiment tenir compte du passé du candidat ? Ce qui renverrait encore à cette question de confiance.

Cela contredirait l’idée qu’il n’y aurait pas de talent sans confiance (cf. l’article dédié à ce sujet), ou plutôt viendrait la compléter : pas de talent si trop de confiance.

Plus généralement dans Top Chef, j’ai noté que les candidats avaient tendance à sortir de leurs sentiers battus lors de l’épreuve de la dernière chance. Ceci est assez étonnant puisque c’est précisément leur dernière chance…. On pourrait donc croire qu’ils vont au contraire s’appuyer sur leurs forces. Le stress de la dernière chance nuit-elle à leur lucidité ?  

Au finish, l’élimination de Joris donne une nouvelle illustration que le talent est la révélation de ses capacités en situation. Le talent n’a pas une valeur statique et absolue mais au contraire une valeur dynamique et relative. Le supposé « meilleur candidat » peut être éliminé face à des gens qu’il juge comme étant moins talentueux que lui dans une situation donnée.

Ceci se constate tous les jours en entreprise, quand on voit des gens au CV spectaculaire (grandes écoles, une multitude d’expériences, etc.) en situation d’échec dans un environnement donné quand de jeunes autodidactes brillent littéralement dans ce même environnement.

J’aimerais vraiment bien savoir ce que Joris en pense, je vais lui demander 😉