Aujourd’hui je partage une article vu sur www.lefigaro.fr de Yann Le Galès publié le 21/10/2013. Cet article met en évidence que l’usage des médias sociaux par les entreprises n’est plus un épiphénomène. Les centaines de personnes présentes lors de la dernière RMSConf, dont le Groupe La Poste, Dailymotion, Total, …, ne font que confirmer cela.
Si l’article pose la (légitime) question de l’évolution du droit du travail pour accompagner les nouvelles pratiques associées au 2.0, je me pose une toute autre question (un brin provocatrice certes) : comment est-on passer de la révolution sociale à la révolution numérique ?
Derrière la multitude d’articles, de conférences et d’interventions associées il y a quelques années à la montée en puissance des médias sociaux et réseaux sociaux était tapi l’idée d’une véritable révolution du travail, touchant à la fois l’organisation de l’entreprise, sa culture, ses processus, et oui, les usages développés autour des nouvelles technologies.
Et ce parce que derrière l’usage de ces nouvelles technologies résidait de nouveaux comportements, de nouvelles attentes… que les entreprises tentent aujourd’hui de cadrer avec les « chartes d’utilisation du 2.0 » que les collaborateurs doivent signer. Mais ces chartes ne symbolisent-elles pas l’incompréhension du 2.0 par certaines entreprises ? L’idée n’était-elle pas d’accompagner le changement plutôt que de légiférer ?
N’avons-nous pas quelque peu appauvri l’ambition initiale de faire évoluer le fonctionnement de l’entreprise vers plus de collaboration, d’autonomie, de prises de responsabilité, et moins de frontières, en se félicitant de l’actuelle crédibilité du Recrutement 2.0 et du phénomène BYOD (Bring Your Own Device) ? N’y a-t-il pas aujourd’hui un écart entre le domaine du Recrutement 2.0 et de l’Entreprise 2.0 ? Et finalement, la révolution portée par les DRH évoquée dans l’article est-elle la bonne ?
Autant de questions qui mériteront assurément de nombreux billets dans les mois à venir. En attendant, bonne lecture 😉
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Les réseaux sociaux, les tablettes, Twitter, Facebook bouleversent les manières de travailler. Les entreprises s’adaptent à la révolution des écrans pour devenir plus agiles.
Le Crédit Agricole recrute sur Facebook. ING Direct a ouvert un compte Twitter ressources humaines. Les entreprises multiplient les initiatives pour s’adapter aux défis du numérique. Car l’explosion des réseaux sociaux, la multiplication des téléphones mobiles, des tablettes, des ordinateurs portables et des smartphones bouleversent les comportements et la manière de travailler de tous les collaborateurs des entreprises.
Des stagiaires aux dirigeants en passant par les cadres et managers en charge d’une équipe. « Le numérique peut faire peur, mais il faut y aller et saisir les opportunités qu’il apporte », explique Sylvie Joseph, directrice de la transformation interne à la direction du numérique du groupe La Poste qui a participé mardi dernier avec 120 responsables des ressources humaines à la journée « Digital RH » organisée par le Club DeciDRH présidé par Christophe Leparq.
Bonjour Alexandre, pour faire suite à ton tweet 😉
L’article du Figaro met l’accent sur les technologies et les outils, comme souvent, moins effectivement sur les besoins et les attentes des directions d’entreprises et des salariés, et les réponses qu’elles peuvent y apporter ou pas.
Le « social » n’est pas le numérique, au risque de transformer le numérique en gadget sans aucune innovation à valeur ajoutée.
Les entreprises me semblent aujourd’hui davantage subir les nouvelles technologies et les usages développés en dehors de leur sphère.
Elles devraient davantage se les approprier pour les orienter vers leurs enjeux (commerciaux, sociaux, productivité, qualité, fonctionnement, etc.) ce qui les conduirait au final à revoir effectivement en profondeur leur organisation, et son fonctionnement plus collaboratif et plus fluide…. pour mieux saisir les opportunités (croissance, compétitivité…)
En matière RH et sociale, d’anciens besoins et attentes non comblés depuis le tournant des années 90 se mélangent aux nouveaux, ce qui complexifie l’analyse et les choix, d’autant plus, lorsque ces choix constituent un changement radical de politique.
Comme pour le recrutement, la GRH n’a pas (encore) adressé ses vrais besoins en s’appuyant sur les technologies. Le changement (culturel et opérationnel) est globalement tellement important qu’il est peut-être nécessaire de passer par ce type d’étapes (y compris la formation en interne) à condition de ne pas perdre de vue l’objectif final et son sens… A nous aussi de les accompagner…
Comme je l’avais écrit dans un article du blog Canden, il manque encore souvent aux DRH : l’orientation, l’articulation et le leadership pour être des acteurs de la transformation « sociale ».
Bonne journée
« Il faut que tout change pour que rien ne change ». Limiter le numérique à de la communication 2.0 permettra à beaucoup de DRH de s’attacher l’étiquette « numérique » sans pour autant s’engager dans des transformations plus profondes et plus risquées. Paradoxalement, la posture « numérique » est l’un des principaux freins de développement des usages numériques 😀
Merci pour ton commentaire Damien, j’aime bien ta citation malheureusement assez pertinente. La vraie question est celle de l’évolution des états d’esprit plus que des technologies…
A suivre 😉
Merci pour ce commentaire très complet Marie-Pierre.
A bientôt
Alex, je partage l’avis de Damien, on fait de la peinture au lieu de s’attaquer au gros oeuvre. De plus, quand on regarde la notion de digital telle qu’elle est de plus en plus définie par le MIT ou autre, cela inclue aussi l’organisation, le management, le business model. En France c’est la simple traduction de numérique, mais ça fait plus classe de dire digital.
Donc oui on est loin du bout et ça prouve qu’une fois de plus, malheureusement la RH est très loin de la réalité quotidienne
Bon, bah je suggère que l’on crée le « cercle des poètes disparus » de l’entreprise collaborative. Je suis sur que Damien sera aussi partant 😉
Bon j’arrive un peu après la bataille mais comme souvent je rejoins l’avis d’Alexandre et d’Anthony. J’ai lu une paire de papiers dernièrement sur la love story entre RH et digital…et au final on reste dans la communication et la « coolitude » de façade.
Je m’attends à chaque fois à ce qu’on parle des transformations internes nécessaires au digital working. Nada. A part, reconnaissons le, un discours très intéressant de Xavier Terrasse de BNP sur le sujet avec des questions d’empowerment, de culture, de privacy, de responsabilisation vs controle etc… on croirait que la seule préoccupation des RH est l’appartement témoin et la marque employeur. Important, mais ça n’est pas tout.