L’engagement est un animal bizarre. Tout le monde court après mais personne n’a jamais vraiment réussi à le décrire, et encore moins à l’attraper.
L’engagement n’est pas la motivation. Si l’on peut être motivé par une prime conséquente, sans pour autant croire à l’intérêt de sa mission et adhérer aux valeurs de l’entreprise, cela n’est pas possible pour l’engagement.
L’engagement a trait à une cause à laquelle on croit, une quête que l’on poursuit, parfois même inconsciemment. Si les entreprises rabâchent ce terme à tue-tête, c’est parce que des salariés engagés sont prêts à faire n’importe quoi pour l’entreprise tant qu’ils adhèrent à sa cause :
- Rémunération plus faible que celle du marché
- Horaires de travail intenses
- Missions sortant largement du périmètre défini par le contrat de travail
- Etc.
Mais ce moteur si précieux peut se gripper pour un rien tant sa mécanique est fragile :
- Un choc de vision entre un manager et son collaborateur peut en quelques minutes miner la foi de ce dernier s’il a l’impression que le cap suivi par l’entreprise n’est plus le bon, et qu’un revirement n’est plus possible
- Une politique de rémunération qui ne sait pas reconnaître les efforts, voire l’abnégation, de la personne prête à tant de sacrifices
- Des fondateurs qui ne savent plus prendre le pouls de leur entreprise et ne savent plus incarner le bastion que leurs troupes sont prêtes à défendre ardemment
- Des recrutements qui laissent à penser que quelque chose se trame et que la légende de l’entreprise ne saura plus être transmise
Ce dernier point est précisément l’un des points clés dans la difficile lutte à la préservation de l’engagement des collaborateurs. Les fondateurs, quand ils sont « habités » , incarnent la cause pour lesquelles leurs collaborateurs sont prêts à tant donner. Ils sont les vecteurs de « la légende », tel un Steve Jobs qui incarnait son entreprise à lui tout seul. Lorsque l’entreprise grandit, il faut faire vivre la légende, la transmettre, la prolonger et la poursuive. Le recrutement de ceux qui sauront faire vivre la légende devient donc un levier fondamental de l’engagement.
Encore faut-il que ces mêmes fondateurs, dirigeants et managers ne se laissent jamais en chemin distraire par les sirènes de l’optimisation à tout crin et du profit.
Alors à la veille des revues d’objectifs, entretiens annuels d’évaluation et autres revues de salaires, chers amis chefs d’entreprise, dirigeants et managers, n’oubliez pas que l’engagement de vos collaborateurs est probablement votre « précieux », ce que vous avez de plus cher et que vous devez chérir comme la prunelle de vos yeux. Tel Ulysse, attachez-vous au mât et résistez aux sirènes économiques, organisationnelles et politiques, et rendez au moins aux collaborateurs engagés un modeste fragment de ce qu’ils sont prêts à vous donner 😉