Je donne régulièrement des cours dans différentes universités, et j’ai récemment parlé de marketing de l’innovation dans le domaine de la gestion des talents à des étudiants en dernière année de Dauphine.
En abordant les thèmes de l’identification, du développement, de la fidélisation des talents, je donnais des exemples concrets de personnes qui ont été identifiées ou sont devenues des « stars » au sein de leur entreprise grâce aux démarches de ‘Talent management’ mises en œuvre.
Au bout d’un moment, une étudiante s’est exclamée : « Mais c’est saoulant à la fin, pourquoi faudrait-il devenir un star ? On n’a pas forcément tous envie de se faire connaître…. Personnellement, je n’ai pas envie de devenir une star de l’agroalimentaire ».
Les autres étudiants l’ont regardé un peu étonnés, et j’ai de mon côté cherché pendant quelques minutes les raisons de cet agacement en discutant avec elle avant de continuer ma présentation.
Quelle que soit la forme de son intervention, la question reste intéressante : le fait de devenir une « star » au sein de son entreprise est-il un but partagé par tous ? Est-ce nécessaire ? S’agit-il d’une simple quête égotique ou bien cela répond-il à un besoin lié à la compétition du marché du travail ? Et que veut vraiment dire le mot star ? Quel est le rapport avec le talent ?
Voici quelques pistes de réflexion. Une « star » est selon moi quelqu’un qui présente un talent particulier utile à son entreprise à un moment donné. En cela, il se distingue des autres et l’entreprise fait très régulièrement appel à ses services, ce qui valorise fortement la personne.
Cette valorisation, au-delà d’aspects psychologiques tels que le besoin de reconnaissance, est à mon avis nécessaire aujourd’hui sur le marché du travail pour bâtir une carrière. En effet, le marché du travail est fortement compétitif et il y a la plupart du temps plus de candidats que d’opportunités intéressantes dans une entreprise. Savoir valoriser son talent constitue ainsi un bon moyen de mener une carrière intéressante et de rester motivé dans son travail.
La vraie question derrière ça est la suivante : quelle place accorde-t-on à la carrière professionnelle dans la société d’aujourd’hui ? Est-ce toujours prioritaire ou bien cela est-il devenu accessoire ? Et si oui, quelle est l’objectif premier d’une personne ? L’épanouissement personnel est assurément un but partagé par tous, mais à quel point est-il lié à l’épanouissement professionnel ?
Il n’y a pas de bonnes réponses à toutes ces questions, mais j’ai hâte de lire vos avis à ce sujet 😉
Pourquoi toujours faire cette distinction entre vie professionnelle et personnelle comme si il s’agissait de deux mondes parallèles ? Etre soi même, dans son travail comme dans son quotidien, n’est ce pas le premier pas vers plus d’épanouissement ? Un épanouissement personnel peut il exister si il n’existe pas dans le travail et réciproquement ? Je ne pense pas qu’on puisse réellement fractionner ainsi son existence sans contre-parties. Ce peut être un mode de fonctionnement temporaire mais certainement pas épanouissant pour l’individu sur le long terme. Et à chacun de définir pour lui même ce qu’il entend par une vie professionnelle réussie comprendre les motivations profondes.
Terriblement d’accord avec Marion Bolon-Nguyen. Pourquoi se cantonner à une vision, celle qu’on connaît déjà? Du moins je trouve son point de vue intéressant.
Mais je souhaitais intervenir sur l’idée même de devenir une star. Moi ca me renvoie vers la tendance actuelle. Etre connu à tout prix, et j’ai envie de crier comme votre élève « Rien à foutre d’être une star ».
J’en connais des gens qui sont terriblement compétents professionnellement et tellement immatures dans leur approche de la vie que moi j’irai pas les pécher pour leur offrir un poste.
En d’autres mots je trouve ce besoin de se mettre toujours en avant superficiel. Comme notre ère où tout passe par le visuel, et l’être lui même passe au second plan.
Et puis il existe cette catégorie de personnages qui ont du charisme ou sont simplement des grandes gueules, et qui ne sont pas forcément plus compétents que les plus timides. D’ailleurs ne serait-ce pas mieux que de dire que les timides ou moins expansifs sont à guetter dans le sens qu’ils perdent moins leur temps à se dorer l’image qu’à se consacrer véritablement à une passion.
La notion de la star est dangereuse pour l’évolution. D’ailleurs voilà ce que font les stars de la star’ac à la chanson: de la grosse daube.
Mais je suis d’accord avec votre définition de la star, au fait qu’il soit correct de savoir se créer une plus-value.
Merci pour ces retours rapides. L’usage du terme « star » provoque donc bien de vives réactions comme je le pensais ;).
Vos commentaires font très clairement apparaître l’élément suivant : les mots « talent » et « star » ont des significations bien distinctes.
Fondamentalement, je pense qu’il est important de développer son ou ses talents dans un souci d’accomplissement personnel et professionnel, les deux étant effectivement totalement liés.
Le développement de son talent permet de bâtir un projet professionnel intéressant, motivant, qui fasse que l’on soit content d’aller au boulot. Il s’agit donc bien de faire rimer talent et accomplissement.
Le mot star lui se réfère effectivement davantage à une notion de reconnaissance de soi, « d’égo », et répond à une tendance sociétale consistant à se faire connaître par tous les moyens. On peut devenir une star sans nécessairement avoir du talent et inversement. La chance, le « réseautage » ou encore le fait de se trouver au bon endroit au bon moment peut suffire à se faire connaître.
Mais dans la presse, dans la littérature ou bien même dans le jargon de la gestion des talents, le mot « star » peut tout simplement être un terme marketing faisant référence à un talent clé ou à un talent potentiel.
Je dirais donc pour boucler sur vos deux commentaires que le terme de talent fait davantage référence à la notion de valorisation de son potentiel et d’accomplissement, quand celui de star fait plutôt référence à celle de reconnaissance personnelle.
Personnellement, j’opte pour l’accomplissement 😉
J’adhère 🙂