J’ai passé la semaine en Ardèche où j’ai pu pratiquer des activités tout a fait inédites pour moi : canoë, Via corda et canyoning. Qu’on se l’avoue ou non, marcher sur un fil le long de parois rocheuses à 40 mètres de hauteur, descendre des rapides ou plonger de 8 mètres de haut dans de l’eau à 9 degrés est anxiogène ! La question qui peut immédiatement venir à l’esprit est : pourquoi se faire peur en vacances ? Simplement parce que ces différentes activités procurent un plaisir et des sensations incroyables ! Elles exigent néanmoins de rester humble et de considérer la peur comme un modeste tribu à payer.
Une certaine dose de peur est salvatrice puisque cela incite à être concentré et attentif à ce que l’on fait. Il faut simplement éviter que la dose ne soit trop grande et devienne alors paralysante. Les moniteurs nous ont d’ailleurs expliqué que les accidents survenaient quasiment systématiquement lorsque les personnes commençaient à prendre confiance, au point de penser « dominer » la situation. Ce qui est évidemment idiot….
Ramer à contre-courant ne ralentira pas un rapide, cela épuisera simplement le rameur. Descendre des rapides nécessite au contraire d’accepter de prendre de la vitesse et de ne veiller qu’à une chose : ne pas se mettre en travers du courant. Marcher le long de parois rocheuses à 40 mètres de haut nécessite une bonne lecture de la situation, des aspérités des parois, des arbres ou éléments environnants auxquels se raccrocher, etc. Plutôt que de regarder en bas et d’être pris de vertige, il s’agit de regarder devant et essayer d’identifier le prochain pas à exécuter. Même chose avec le canyoning, où il s’agit de sécuriser chaque pas afin de ne pas glisser sur un rocher ou se coincer le pied entre deux pierres sous une cascade.
Il en est de même en entreprise. Accepter une mobilité, une nouvelle fonction, de nouvelles responsabilités est anxiogène. Il est normal d’avoir peur de ne pas être à la hauteur, de ne pas être en mesure de relever les nouveaux défis qui se présenteront, d’avoir des difficultés à s’adapter à son nouvel environnement. Mais comme pour les activités décrites précédemment, si l’on estime que le jeu en vaut la chandelle, il faut foncer et tenter de surmonter ses peurs !
L’enjeu est alors de rester humble, d’être très à l’écoute, d’absorber toutes les informations que l’on nous fournira, de demander autour de soi comment cela fonctionne, et d’accepter les situations telles qu’elle se présentent en se demandant à chaque fois : qu’est-ce que cette situation exige de moi ? Rien ne sert de braver ou de vouloir brûler les étapes pour mieux ignorer son appréhension.
Dans tous les cas, avoir près de soi quelqu’un – tel un moniteur sportif – qui « connaît le chemin », qui est déjà passé par ce que l’on s’apprête à vivre, qui saura nous aider à anticiper les situations à venir et à les décrypter, nous conseiller, nous rassurer, est essentiel. C’est le rôle du mentor. A 40 mètres de hauteur, le simple fait de voir le moniteur près de soi nous donne l’impression d’être en sécurité, même si cela est purement psychologique. Avoir un manager ou un collaborateur bienveillant près de soi alors que l’on s’apprête à faire une présentation devant une salle comble de 200 personnes procure le même effet.
Mais savons-nous toujours rester à l’écoute ? Nous entourer des bonnes personnes ? Leur faire confiance ? Accepter la peur comme un élément constitutif du challenge ? Finalement, même si cela peut sembler paradoxal à certains, surmonter ses peurs nécessite au moins autant d’humilité que de bravoure 😉